pied noir

Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

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De : marie-joseeEnvoyer un mail

Le : 08/10/2010 22:07

marie-jeanne ma parole tu es devenue une star et je suis contente car tu m'as tellement manque et maintenant reste avec nous car tu me remontes le moral gros bisous a tous beo

 

De : michel suchEnvoyer un mail

Le : 08/10/2010 19:27

Marie Jeanne, merci de redonner vie au site à Christian. Bravo pour votre style et votre imaginaire qui nous permettent de prendre le bateau dans le sens inverse. Voilà 24 ans aujourd'hui que mon père mange la terre du cimetière de Béziers. Combien je donnerais pour l'entendre me traiter de falumpo? Me dire que même à la mer je trouve pas d'eau? Ou, tu cherches le bourricot, t'y es d'ssus? L'entendre me chanter "dé Polop sone, dé Polop son" et me chanter l'histoire de cette vieille qui fit son riz sans oignon... Combien je donnerais pour tout cela? Rien, cela n'a pas de prix. C'est dans ma mémoire que vous réveillez par vos récits.

 

De : MantécaoEnvoyer un mail

Le : 08/10/2010 18:20

- La langue de chez nous- Albert Camus

Alors Coco y s'avance et y lui dit : "Arrête un peu, arrête".
L'autre y dit : "Qu'est-ce qu'y a ?".
Alors Coco y lui dit : "Je vas te donner des coups".
"A moi tu vas donner des coups ?
Alors y met la main derrière, mais c'était scousa...
Alors Coco y lui dit : "Mets pas la main derrière, parce qu'aprés j'te choppe le 6,35 et t'y mangeras des coups quand même".
L'autre il a pas mis la main. Et Coco, rien qu'un, i l'ia donné, pas deux, un... L'autre il était par terre. "Oua, oua", qu'y faisait.
Alors le monde il est venu. La bagarre elle a commencé.
Y'en a un qui s'est avancé à Coco: deux, trois. Mais j'y ai dit : "Dis tu vas toucher à mon frère ?"
"Qui ton frère ?"
"Si c'est pas mon frère, c'est comme mon frère."
Alors j'y ai donné un taquet. Coco y tapait, moi j'tapais, Lucien y tapait.
Moi, j'en avais un dans un coin et avec la tête : "Bom, bom".
Alors les agents y sont venus. Y nous ont mis les chaines, dis.
La honte à la figure, j'avais de traverser tout Bab el Oued. Devant le Genteleman's bar, y avait des copains et des p'tites, dis. La honte à la figure...
Mais aprés, le père à Lucien, y nous a dit : "Vous avez raison".

Note extraite d' "Essais" d'Albert Camus, collection "La Pléiade"

 

De : MathildeEnvoyer un mail

Le : 08/10/2010 17:32

Merçi ANDRE TRIVES pour ce beau reçit sur l'histoire du "pataouete",du
nôtre,car il n'appartient à personne d'autre qu'à nous,c'est notre
patrimoine.Et une bonne fois pour toute,pour celle(s)mal intentionnée(s),
fichez la paix à MARIE JEANNE,et dites vous qu'après nous plus personne
ne le parlera ce pataouete.Bien que, lorsque l'on pose la question à ma
petite fille en lui disant "qu'est ce qu'elle dit mamie" elle répond
PUREEEEEEEEEEEE.Allez amicalement à tous et toutes.

 

De : André TRIVESEnvoyer un mail

Le : 08/10/2010 17:31

Correction:
parler = parlé
différents cultures= différentes cultures

 

De : guy pons de la rue taineEnvoyer un mail

Le : 08/10/2010 17:29

Oui Marie-Jeanne
si on pouvait te lire en fermant les yeux , on pourrait se croire dans notre quartier de Bab El Oued qui nous est si cher
Beaucoup de lecteurs et lectrices , sur ce site , comprennent très bien tout ce que tu ecris , sans aucune difficulté , c ' est un parlé coloré
amitiés a vous tous et toutes
Guy de la rue Taine

 

De : ducoS LOPEZ HENRIETTE Envoyer un mail

Le : 08/10/2010 14:30

Merci André pour ce beau résumé très intéressant ,il ne faut pas oublier ce langage chers à nos Aîeuls qu'ils ont inventés afin de pouvoir se comprendre eux qui était de différents horizons ,tant que nous sommes debout rendons leur cet hommage en l'utilisant car nous l'emporterons avec nous ,certes il y a quelques livres mais qui s'en intéressera ? .Marie Jeanne ce serait une joie de te voir en mai à Rognes penses y !!! Bises à vous tous mes compatriotes

 

De : marie-jeanneEnvoyer un mail

Le : 08/10/2010 12:49

Merci Pierrette, grâce à vous tous j'vé péter la forme !
Merci André pour tes explications, toi tu d'vé ête le number one à l'école vu ton vocabulaire. Bon moi, j'fezé plutôt la oiture balé, eh ben comme ça j'risqué pas d' fére dépasser !
encore merci et continuons de critiquer, ça anime le site de Christian que je remercie au passage!

 

De : pierretteEnvoyer un mail

Le : 08/10/2010 12:03

Coucou Marie Jeanne, continue à me faire réver j'ai vraiment
ll'impression d'etre encore chez nous, quel bonheur. Biz à tous Pierrette Legrand de la rue Léon Roches.

 

De : André TRIVESEnvoyer un mail

Le : 08/10/2010 10:39

UN TRESOR PERDU: la langue de chez nous.
Existait-il un parler rassembleur qui prenait en compte les langues des diverses communautés vivant en Algérie ? La réponse est OUI.
Ce parler est né dans les années 1850 et s'en est retourné dans l'oubli en 1962. Son lieu d'invention: le faubourg populaire de Bab el Oued à l'ouest d'Alger.Suivant les communautés, on parlait le français
( langue officielle et fédératrice), l'arabe, l'italien,le berbère, l'espagnol, l'hébreu ou le maltais; c'était aussi une bonne manière d'apprendre les langues étrangères à l'école de la rue, mais il fallait impérativement se comprendre. D'où le travail des anciens avec leur sagesse légendaire et l'aide de la vox populi qui ont trituré, malaxé et remodelé dans le creuset de notre quartier populaire les mots incompris pour leur donner une signification qui n'oubliait personne. Ainsi, le "sabir" et le "pataouète" sont nés pour que la vie se déclame en couleurs méditerranéennes pleine de soleil où l'étranger n'apparaissait pas comme un être étrange, mais plutôt comme un être faisant parti du tout. C'était avant tout une considération respectueuse à l'égard des autres que de prendre en compte les racines de chacun. Utiliser un langage commun contenant des tournures spécifiques aux différents cultures, démontrait que l'autre était notre semblable. Trouver ce qui réunissait les valeurs éparses de la diversité, tel était la langue de ches nous.
Auguste ROBINET dit "Musette", grand écrivain qui avait son buste sur la place du Tertre à la Bassetta nous a enchantés avec les célèbres amours de Cagayous. Edmond BRUA dans la célèbre parodie du Cid, plus tard "La famille Hernandez" et récemment Roland BACRI, ont donné leurs lettres de noblesse à notre richesse linguistique perdue. Le parler et l'accent du petit peuple de Bab el Oued étaient un patrimoine commun hérité des générations précédentes et avaient l'avantage de nous faire appartenir à une même et belle famille.
Cette langue singulière avait été façonnée avec l'emploi du geste pour communiquer l'image vivante de la pensée. Sans l'agitation des mains, la phrase perdait tout crédit. La manière était précurseur de la technique du camescope et probablement l'ancêtre de la vidéo actuelle. A l'école, nos maîtres gesticulaient leurs cours pour nous tracer dans un espace virtuel l'abcisse et l'ordonnée, le plus et le moins, sans oublier la place occupée dans la phrase par le sujet, le verbe et le complément. Pour se faire comprendre, il était indispensable de convaincre; alors, souvent, une conversation sur un trottoir laissait penser qu'elle était conduite par un chef d'orchestre symphonique.
A Bab el Oued, les communautés avaient inventé, bien avant l'Espéranto (1887), une langue universelle comprise de tous. Elle était une sorte de tramway de la pensée, comme dans nos anciens trams des T.A.à Alger: bourrés de Français, d'Arabes, d'Italiens, d'Espagnols, Juifs,Musulmans,Chrétiens ou pas. Un mélange extraordinaire échangeant des néologismes, des tournures, des constructions de phrases typiques, un langage parlé et gestuel des plus expressif comme le "bras d'honneur", des vocables télégraphistes ( téléphone arabe) et des syntaxes exubérantes chauffées à blanc par le soleil de méditerranée.
La langue de la tour de BABEL, OUED évidemment.

 

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