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Le : 02/10/2021 08:59
Après les cafés de Bab el Oued d'hubert, une réflexion que vous trouverez dans mon dernier ouvrage : " QUAND LES PEUPLES D'ALGERIE ETAIENT FRERES ",
La tradition de la kémia : une invention née à Bab el Oued
Dès les années 1872, une tradition voyait le jour pour assoiffer un peu plus la clientèle : les patrons de bar avaient trouvé une idée géniale permettant en même temps de rassasier l’appétit des consommateurs tout en remplissant leur tiroir-caisse ; ils proposaient à volonté et gracieusement des assiettées d’amuse-gueules salés et pimentés. L’idée fut excellente et le chiffre d’affaires s’en ressentit immédiatement. Il fallait boire et reboire pour étancher la soif et adoucir les ardeurs épicées.
Des préparations culinaires très riches en saveurs, pimentées et poivrées, destinées à titiller les papilles et à provoquer la soif et une petite faim, s’alignaient sur les comptoirs et ne laissaient la gourmandise de personne indifférente. Difficile de résister à un choix aussi appétissant. L’abondance sur les comptoirs régalait tous les palais et perdait sa notion de péché de gourmandise devant l’Éternel… Des raviers remplis à ras bord déclenchaient une fringale collective insatiable à l’heure de l’apéro. Ils étaient composés de tramous (lupins), d’olives cassées pimentées, de variantes, de petits oignons et de poivrons au vinaigre, de cacahuètes salées, de pommes de terre épicées en salade, de salade de poulpe, de moules et de sardines en escabèche, de pois chiches grillés (blibli), de fèves au cumin, de branches de fenouil, de courgettes en beignet, de cocas à la soubressade ou à la tchoutchouka, de beignets de sardines et de calamar (calmar ou encornet), de fritures de petits rougets ou de « mange-tout », de sépia au noir (seiche dans son encre) ou d’escargots en sauce piquante. Chaque soir, la mise en appétit gargouillait de plaisir dans les estomacs et déversait la cascade de « Bérard » dans les gorges desséchées. Il ne serait venu à l’idée de personne au retour du travail, de rentrer à la maison directement sans faire une halte dans un estaminet et retrouver les amis du quartier.
Dans tous les bars de Bab el Oued, la « kémia », un mot arabe traduisant l’abondance et la quantité devint une tradition. L'apéritif entre amis ne pouvait se concevoir sans grignoter la kémia du patron.
Pour oublier la fatigue de la journée de travail dans les carrières, les ouvriers se retrouvaient en fraternité en soirée autour de quelques tournées d'anisette pour partager un moment de convivialité. La coutume se perpétuait de génération en génération. Ces moments festifs se déroulaient souvent dans une ambiance musicale collective survoltée et pleine d’émotion.
Emportés par les chants traditionnels de leur Espagne repris en ch½ur, ces forcenés du boulot ne pouvaient trouver meilleure manière pour entretenir la nostalgie du pays. La clientèle, subjuguée par les accords d’une guitare, accompagnait la rengaine d’un flamenco en claquant le creux de leurs mains. Lorsque la salle reprenait en c½ur « Si vas à Calatayud », nombreux, pris par l’émotion, cadençaient le rythme de ce paso doble en tambourinant le dos de deux cuillères, à la manière d’une paire de castagnettes.
L’ambiance musicale retrouvée en soirée dans la cantina au retour du travail restait le moment privilégié le plus attendu avant de rentrer à la maison.
Ces exilés avaient compris que le vivre ensemble dans la joie et la bonne humeur pouvait atténuer les épreuves les plus difficiles et donner le baume au c½ur nécessaire pour poursuivre l’aventure. Peu importait la misère du moment et l’importance de la mouscaille dans laquelle le destin les avait embrigadés ; le passé misérable vécu dans leur Espagne les avait habitués.
La tradition de la kémia : une invention née à Bab el Oued
Dès les années 1872, une tradition voyait le jour pour assoiffer un peu plus la clientèle : les patrons de bar avaient trouvé une idée géniale permettant en même temps de rassasier l’appétit des consommateurs tout en remplissant leur tiroir-caisse ; ils proposaient à volonté et gracieusement des assiettées d’amuse-gueules salés et pimentés. L’idée fut excellente et le chiffre d’affaires s’en ressentit immédiatement. Il fallait boire et reboire pour étancher la soif et adoucir les ardeurs épicées.
Des préparations culinaires très riches en saveurs, pimentées et poivrées, destinées à titiller les papilles et à provoquer la soif et une petite faim, s’alignaient sur les comptoirs et ne laissaient la gourmandise de personne indifférente. Difficile de résister à un choix aussi appétissant. L’abondance sur les comptoirs régalait tous les palais et perdait sa notion de péché de gourmandise devant l’Éternel… Des raviers remplis à ras bord déclenchaient une fringale collective insatiable à l’heure de l’apéro. Ils étaient composés de tramous (lupins), d’olives cassées pimentées, de variantes, de petits oignons et de poivrons au vinaigre, de cacahuètes salées, de pommes de terre épicées en salade, de salade de poulpe, de moules et de sardines en escabèche, de pois chiches grillés (blibli), de fèves au cumin, de branches de fenouil, de courgettes en beignet, de cocas à la soubressade ou à la tchoutchouka, de beignets de sardines et de calamar (calmar ou encornet), de fritures de petits rougets ou de « mange-tout », de sépia au noir (seiche dans son encre) ou d’escargots en sauce piquante. Chaque soir, la mise en appétit gargouillait de plaisir dans les estomacs et déversait la cascade de « Bérard » dans les gorges desséchées. Il ne serait venu à l’idée de personne au retour du travail, de rentrer à la maison directement sans faire une halte dans un estaminet et retrouver les amis du quartier.
Dans tous les bars de Bab el Oued, la « kémia », un mot arabe traduisant l’abondance et la quantité devint une tradition. L'apéritif entre amis ne pouvait se concevoir sans grignoter la kémia du patron.
Pour oublier la fatigue de la journée de travail dans les carrières, les ouvriers se retrouvaient en fraternité en soirée autour de quelques tournées d'anisette pour partager un moment de convivialité. La coutume se perpétuait de génération en génération. Ces moments festifs se déroulaient souvent dans une ambiance musicale collective survoltée et pleine d’émotion.
Emportés par les chants traditionnels de leur Espagne repris en ch½ur, ces forcenés du boulot ne pouvaient trouver meilleure manière pour entretenir la nostalgie du pays. La clientèle, subjuguée par les accords d’une guitare, accompagnait la rengaine d’un flamenco en claquant le creux de leurs mains. Lorsque la salle reprenait en c½ur « Si vas à Calatayud », nombreux, pris par l’émotion, cadençaient le rythme de ce paso doble en tambourinant le dos de deux cuillères, à la manière d’une paire de castagnettes.
L’ambiance musicale retrouvée en soirée dans la cantina au retour du travail restait le moment privilégié le plus attendu avant de rentrer à la maison.
Ces exilés avaient compris que le vivre ensemble dans la joie et la bonne humeur pouvait atténuer les épreuves les plus difficiles et donner le baume au c½ur nécessaire pour poursuivre l’aventure. Peu importait la misère du moment et l’importance de la mouscaille dans laquelle le destin les avait embrigadés ; le passé misérable vécu dans leur Espagne les avait habitués.
Le : 28/09/2021 18:22
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extrait de "IL ETAIT UNE FOIS BAB EL OUED" de Hubert Zakine.
LES CAFÉS
Le café de Bab El Oued ne possède pas pour vertu première d’étancher la soif de ses clients mais de servir de lieu de rassemblement aux hommes du faubourg, de prolonger l’amitié de l’enfance par la permanence des rencontres.
On y revit sa jeunesse radotée par d’anciens « chitanes » qui se sont écorché les genoux dans les mêmes rues avoisinantes. Mus par un besoin de reconnaissance, nul ne s’aventure à franchir le seuil d’un établissement qui ne parle pas à ses jeunes années. Quel intérêt peut bien exciter la curiosité d’un futur adulte en mal de repères dans un lieu où rien ni personne n’invite à « taper » la belote, la ronda ou la manille ? Où la grande claque dans le dos en guise de bonjour demeure lettre morte, où le regard-girophare ne croise que des visages entraperçus au cours d’un paséo ou d’un match de football inter-quartiers. En effet, la fréquentation d’un café ne dépend que de l’amitié partagée avec autrui, camarade de classe, de jeunesse, de travail ou bien de sport. La boisson ne tire son épingle du jeu que par ricochet car ici, on n’entre pas dans un café en adepte de la « tchitchepoune-mania 1» mais en habitué d’un cercle d’amitié, l’homme de Bab El Oued s’oxygénant chaque jour le c½ur et l’âme à la fontaine de jouvence choisie selon des critères bien définis.
Le soir, après le travail ou le dimanche matin, sitôt le petit déjeuner avalé, l’homme du quartier retrouve les gestes naturels d’antan auprès d’anciens camarades de jeux, coéquipiers sportifs, élèves d’une même classe ou les trois à la fois. C’est un besoin viscéral qui le prend par la main pour guider sa mémoire dans les allées de sa jeunesse à peine évanouie. Une farouche envie de perpétuer une amitié que l’Orient teinte d’éternité.
Quoi de plus envoûtant, de plus sensuel que de tremper ses doigts dans une khémia d’anchois ou d’olives, de petite friture ou de tramousses en évoquant des souvenirs partagés par la complicité des culottes courtes? Quoi de plus enrichissant que de « taper une belote » à l’ombre d’une amitié d’enfance aperçue au travers d’un papier rose bonbon, quand le visage poupin transparaît sous la barbe naissante et que défilent les années éblouissantes, les genoux écorchés et les bagarres pour « de faux ». Avec cette certitude inébranlable de vivre ce bonheur simple aux côtés de gens simples, simplement, sans raison que cela s’arrête un jour ou l’autre, bercé par le chant du voisinage, de la famille et de l’amitié.
Contrairement aux brasseries de la ville, Tantonville, Milk Bar et autres Otomatic, les cafés de Bab El Oued n’offrent pas de terrasses aménagées pour le plaisir des yeux, les fameux « conso-mateurs » de jolies promeneuses. L’élément mâle du faubourg ne tient pas en place et il lui semblerait incongru de rester des heures, assis à la même place sans cartes dans les mains. Pour draguer à mort , il préfère s’adosser à la devanture dans une attitude empruntée à Clark GABLE, Marlon BRANDO, James DEAN ou Elvis PRESLEY, éventuellement faire quelques pas avec la jolie petite qui d’un sourire timide l’encourage à pousser plus avant ses investigations.
A l’intérieur du café, les tablées de belote au pays de CAMUS paraissent plus animées que celles de RAIMU. Pour qui ignore la force de la mauvaise foi, véritable institution en ces lieux dits de convivialité, la bagarre générale dans le « saloon » semble imminente alors que fusent moqueries et que crépitent rires de complicité et « tape-cinq » de connivence.
Il faut dire que Bab El Oued réinvente une nouvelle race de cafetiers, toujours aux petits soins avec une clientèle avide de khémia et de bonne humeur. Chaque établissement conserve ses habitués par la variété et la diversité de son comptoir. La sépia au noir, les petits piments rouges, les tramousses, la petite friture, les allumettes aux anchois, les « zitounes », on ne dit pas olives dans le langage pataouête, les parts de calentita, les cacahuètes avec ou sans leurs coques craquantes, les blis-blis, les escargots sauce piquante et mille et unes recettes les plus inventives les unes que les autres, attirent la foule des « goulaffres » , « morfals » et autres « crève-la-faim » du faubourg connus comme des loups blancs pour avaler tout ce qui se présente. Aussi, les patrons de ces auberges du bonheur planquent leur khémia dès qu’ils franchissent le pas de leur porte. Il faut dire que la tentation est forte de goûter à toutes ces fantaisies culinaires très pimentées et salées dont la fonction première est d’assécher le palais. Ainsi se déroule le cycle infernal et divin d’étancher sa soif après « avoir la bouche en feu » et bis répétita. Beaucoup de « tchitchepounes » et autres « kilos », ivrognes en langage pataouête, durent leur état d’ébriété à l’excellence de la khémia avalée qui exigeait d’éteindre le feu de leur bouche par quelques verres d’anisette. Les épouses ne furent jamais dupes et se consolèrent par « l’empressement » de leurs maris au sortir de ces tournées des « pots- pôtes ».
La clientèle sélectionne également son établissement par sa fréquentation et la spécialité de ses services. Au-delà de la khémia qui régale le palais, le sport, le communautarisme, les jeux de cartes, le jacquet, le billard, le ping-foot, ici on ne dit pas Baby-foot, le ping-pong et la musique déterminent le choix des amateurs de cafés.
Affirmer que Bab El Oued manque de ces fontaines de jouvence où l’on chuchote avec un haut-parleur serait pure extravagance. Songez que dès 1837, plus de quatre cents débits de boissons dont plus de cinquante au c½ur du faubourg, accueillent civils et militaires qui combattent la chaleur à leur manière. On y boit jusqu’à plus soif et même au-delà, de la bière, de l’absinthe et une liqueur forte, le « trois-six » bientôt supplantées par un breuvage alcoolisé, anisé et rafraîchissant qui deviendra boisson nationale: l’anisette.
C’est la mode des cafés-concerts à Alger mais Bab El Oued conserve à ses bars et ses buvettes son identité italo-espagnole avec des réminiscences de « machisme ». Une femme de bonne éducation s’interdit de franchir le seuil de ces antres enfumés, « lieux de perdition et de débauche » où sévissent aventuriers et spéculateurs. Malgré la modernisation des esprits, le café conservera cette étiquette de lieu de rassemblement des hommes et même dans les années soixante, les jeunes filles, à l’instar de leurs mères, adopteront le comportement des femmes en pays méditerranéen où
seul, l’homme jouit de certaines prérogatives. En un mot comme en cent, une femme dans un café, c’était « une moins que rien! ».
La nostalgie du pays originel marque de son empreinte la musique échappée des cafés qui tournent résolument le dos au modernisme en diffusant paso dobles ibériques, ritournelles napolitaines ou mélopées judéo-arabes alors que d’autres établissements, apôtres de la jeunesse, s’américanisent aux échos assourdissants d’un juke-box rutilant.
Tout au long des avenues, sur les places, autour des marchés, fleurissent ces débits de boissons où la franche rigolade tient lieu de respiration et les jeux de cartes de sport national. " LE FAISAN D’OR " de Monsieur DENIS,
, le " CAFE VERT " de SCOTTO et ses ping-foot, " MANOLO " et sa khémia réputée dans tout Bab El Oued, le " SELECT " et ses panneaux de résultats sportifs, " L’OLYMPIQUE " et ses supporters de l’A.S.S.E, le "PALACE " de MORAGUES amateur de boxe, la "BRASSERIE MAJESTIC " du réputé COUKA, le " BAR NELSON " de SOLER ex-joueur de l’E.B.O, le " BAR ROYAL " du maltais BUSUTIL, terrible chasseur d’Afrique, le " BAR DE L’ORPHEON " de Félix CARRIO, le " BAR DES MOULINS" d’Antoine PRULON, rendez-vous de tous les " fanfaristes ", le " BAR DE L’AURORE " d’un CERDAN parmi tant d’autres, le " BAR MONDIAL " d’Alexandre POCCESCHI, le " BAR CENDRILLON " de MIRABELLO, le " BAR DES NOBLES ARTS " de RIPOLL, le " CAFE ROBERT ", la " BRASERIE DES AVENUES " tenu par François VICENTE, " LE TRIOLET " de MERCADAL, le " CAFE RICHE " de Sauveur MARCO, supporter enfammé de l’O.H.D, son juke-box et son affichage des photos des rencontres de football de la semaine précédente, rendez-vous des habitués du Majestic, le " JOEL BAR " de la rue Eugène ROBE où s’entassaient les amateurs du cinéma " les VARIETES " lors d’entractes interminables, " chez LOLLO " café qui partageait la clientèle de Guillemin avec la " LA GRANDE BRASSERIE " de " Pépete " SOLIVERES , ses billards français et son fameux " SCOPITONE », le " MADRIGAL " , son juke-box et son flipper, le " CAFE DE LA BUTTE », rendez-vous obligé des gens de la Basseta. , le « JANIL’S », ses escargots sauce piquante et son sous-sol réservé en semaine au ping-pong et le week-end aux surprises-parties, concurrencées par les « boums » de "PROSPER" rue Lestienne et "CARRIO" Place Lelièvre. Et tant d’autres qui évoquent une si grande nostalgie.
Jusqu’aux derniers instants de la présence française, les cafés demeurent le forum par lequel transitent les idées, les espoirs et les peurs. Ils prolongent les débats politiques entamés la veille au soir sur les balcons, les rencontres de football du dimanche précédent, les défis lancés à l’adversaire d’une partie de belote, de ronda, de schkobe, de manille ou de poker ; théâtres de concours de billards, de ping-foot, de flipper où la tricherie et la mauvaise foi jouent des coudes pour s’affirmer le meilleur ; refuges contre la solitude et soutien contre l’adversité, ils font un pied de nez à la morosité et au découragement ; la bonne humeur et l’entrain s’y invitent sans façon, sans ambiguïté, simplement, avec la recherche de l’amitié pour seul alibi.
En résumé, on n’entre pas dans un café pour le plaisir de boire mais pour retrouver une famille de c½ur adoptée par l’enfance. A la vie, à la mort !
Bab El Oued aimait tant ces lieux de convivialité qu’ils parlent encore aujourd’hui à la mémoire de ses enfants, orphelins, loin de la terre natale, de ces enclaves de bonheur à jamais disparues.
extrait de "IL ETAIT UNE FOIS BAB EL OUED" de Hubert Zakine.
LES CAFÉS
Le café de Bab El Oued ne possède pas pour vertu première d’étancher la soif de ses clients mais de servir de lieu de rassemblement aux hommes du faubourg, de prolonger l’amitié de l’enfance par la permanence des rencontres.
On y revit sa jeunesse radotée par d’anciens « chitanes » qui se sont écorché les genoux dans les mêmes rues avoisinantes. Mus par un besoin de reconnaissance, nul ne s’aventure à franchir le seuil d’un établissement qui ne parle pas à ses jeunes années. Quel intérêt peut bien exciter la curiosité d’un futur adulte en mal de repères dans un lieu où rien ni personne n’invite à « taper » la belote, la ronda ou la manille ? Où la grande claque dans le dos en guise de bonjour demeure lettre morte, où le regard-girophare ne croise que des visages entraperçus au cours d’un paséo ou d’un match de football inter-quartiers. En effet, la fréquentation d’un café ne dépend que de l’amitié partagée avec autrui, camarade de classe, de jeunesse, de travail ou bien de sport. La boisson ne tire son épingle du jeu que par ricochet car ici, on n’entre pas dans un café en adepte de la « tchitchepoune-mania 1» mais en habitué d’un cercle d’amitié, l’homme de Bab El Oued s’oxygénant chaque jour le c½ur et l’âme à la fontaine de jouvence choisie selon des critères bien définis.
Le soir, après le travail ou le dimanche matin, sitôt le petit déjeuner avalé, l’homme du quartier retrouve les gestes naturels d’antan auprès d’anciens camarades de jeux, coéquipiers sportifs, élèves d’une même classe ou les trois à la fois. C’est un besoin viscéral qui le prend par la main pour guider sa mémoire dans les allées de sa jeunesse à peine évanouie. Une farouche envie de perpétuer une amitié que l’Orient teinte d’éternité.
Quoi de plus envoûtant, de plus sensuel que de tremper ses doigts dans une khémia d’anchois ou d’olives, de petite friture ou de tramousses en évoquant des souvenirs partagés par la complicité des culottes courtes? Quoi de plus enrichissant que de « taper une belote » à l’ombre d’une amitié d’enfance aperçue au travers d’un papier rose bonbon, quand le visage poupin transparaît sous la barbe naissante et que défilent les années éblouissantes, les genoux écorchés et les bagarres pour « de faux ». Avec cette certitude inébranlable de vivre ce bonheur simple aux côtés de gens simples, simplement, sans raison que cela s’arrête un jour ou l’autre, bercé par le chant du voisinage, de la famille et de l’amitié.
Contrairement aux brasseries de la ville, Tantonville, Milk Bar et autres Otomatic, les cafés de Bab El Oued n’offrent pas de terrasses aménagées pour le plaisir des yeux, les fameux « conso-mateurs » de jolies promeneuses. L’élément mâle du faubourg ne tient pas en place et il lui semblerait incongru de rester des heures, assis à la même place sans cartes dans les mains. Pour draguer à mort , il préfère s’adosser à la devanture dans une attitude empruntée à Clark GABLE, Marlon BRANDO, James DEAN ou Elvis PRESLEY, éventuellement faire quelques pas avec la jolie petite qui d’un sourire timide l’encourage à pousser plus avant ses investigations.
A l’intérieur du café, les tablées de belote au pays de CAMUS paraissent plus animées que celles de RAIMU. Pour qui ignore la force de la mauvaise foi, véritable institution en ces lieux dits de convivialité, la bagarre générale dans le « saloon » semble imminente alors que fusent moqueries et que crépitent rires de complicité et « tape-cinq » de connivence.
Il faut dire que Bab El Oued réinvente une nouvelle race de cafetiers, toujours aux petits soins avec une clientèle avide de khémia et de bonne humeur. Chaque établissement conserve ses habitués par la variété et la diversité de son comptoir. La sépia au noir, les petits piments rouges, les tramousses, la petite friture, les allumettes aux anchois, les « zitounes », on ne dit pas olives dans le langage pataouête, les parts de calentita, les cacahuètes avec ou sans leurs coques craquantes, les blis-blis, les escargots sauce piquante et mille et unes recettes les plus inventives les unes que les autres, attirent la foule des « goulaffres » , « morfals » et autres « crève-la-faim » du faubourg connus comme des loups blancs pour avaler tout ce qui se présente. Aussi, les patrons de ces auberges du bonheur planquent leur khémia dès qu’ils franchissent le pas de leur porte. Il faut dire que la tentation est forte de goûter à toutes ces fantaisies culinaires très pimentées et salées dont la fonction première est d’assécher le palais. Ainsi se déroule le cycle infernal et divin d’étancher sa soif après « avoir la bouche en feu » et bis répétita. Beaucoup de « tchitchepounes » et autres « kilos », ivrognes en langage pataouête, durent leur état d’ébriété à l’excellence de la khémia avalée qui exigeait d’éteindre le feu de leur bouche par quelques verres d’anisette. Les épouses ne furent jamais dupes et se consolèrent par « l’empressement » de leurs maris au sortir de ces tournées des « pots- pôtes ».
La clientèle sélectionne également son établissement par sa fréquentation et la spécialité de ses services. Au-delà de la khémia qui régale le palais, le sport, le communautarisme, les jeux de cartes, le jacquet, le billard, le ping-foot, ici on ne dit pas Baby-foot, le ping-pong et la musique déterminent le choix des amateurs de cafés.
Affirmer que Bab El Oued manque de ces fontaines de jouvence où l’on chuchote avec un haut-parleur serait pure extravagance. Songez que dès 1837, plus de quatre cents débits de boissons dont plus de cinquante au c½ur du faubourg, accueillent civils et militaires qui combattent la chaleur à leur manière. On y boit jusqu’à plus soif et même au-delà, de la bière, de l’absinthe et une liqueur forte, le « trois-six » bientôt supplantées par un breuvage alcoolisé, anisé et rafraîchissant qui deviendra boisson nationale: l’anisette.
C’est la mode des cafés-concerts à Alger mais Bab El Oued conserve à ses bars et ses buvettes son identité italo-espagnole avec des réminiscences de « machisme ». Une femme de bonne éducation s’interdit de franchir le seuil de ces antres enfumés, « lieux de perdition et de débauche » où sévissent aventuriers et spéculateurs. Malgré la modernisation des esprits, le café conservera cette étiquette de lieu de rassemblement des hommes et même dans les années soixante, les jeunes filles, à l’instar de leurs mères, adopteront le comportement des femmes en pays méditerranéen où
seul, l’homme jouit de certaines prérogatives. En un mot comme en cent, une femme dans un café, c’était « une moins que rien! ».
La nostalgie du pays originel marque de son empreinte la musique échappée des cafés qui tournent résolument le dos au modernisme en diffusant paso dobles ibériques, ritournelles napolitaines ou mélopées judéo-arabes alors que d’autres établissements, apôtres de la jeunesse, s’américanisent aux échos assourdissants d’un juke-box rutilant.
Tout au long des avenues, sur les places, autour des marchés, fleurissent ces débits de boissons où la franche rigolade tient lieu de respiration et les jeux de cartes de sport national. " LE FAISAN D’OR " de Monsieur DENIS,
, le " CAFE VERT " de SCOTTO et ses ping-foot, " MANOLO " et sa khémia réputée dans tout Bab El Oued, le " SELECT " et ses panneaux de résultats sportifs, " L’OLYMPIQUE " et ses supporters de l’A.S.S.E, le "PALACE " de MORAGUES amateur de boxe, la "BRASSERIE MAJESTIC " du réputé COUKA, le " BAR NELSON " de SOLER ex-joueur de l’E.B.O, le " BAR ROYAL " du maltais BUSUTIL, terrible chasseur d’Afrique, le " BAR DE L’ORPHEON " de Félix CARRIO, le " BAR DES MOULINS" d’Antoine PRULON, rendez-vous de tous les " fanfaristes ", le " BAR DE L’AURORE " d’un CERDAN parmi tant d’autres, le " BAR MONDIAL " d’Alexandre POCCESCHI, le " BAR CENDRILLON " de MIRABELLO, le " BAR DES NOBLES ARTS " de RIPOLL, le " CAFE ROBERT ", la " BRASERIE DES AVENUES " tenu par François VICENTE, " LE TRIOLET " de MERCADAL, le " CAFE RICHE " de Sauveur MARCO, supporter enfammé de l’O.H.D, son juke-box et son affichage des photos des rencontres de football de la semaine précédente, rendez-vous des habitués du Majestic, le " JOEL BAR " de la rue Eugène ROBE où s’entassaient les amateurs du cinéma " les VARIETES " lors d’entractes interminables, " chez LOLLO " café qui partageait la clientèle de Guillemin avec la " LA GRANDE BRASSERIE " de " Pépete " SOLIVERES , ses billards français et son fameux " SCOPITONE », le " MADRIGAL " , son juke-box et son flipper, le " CAFE DE LA BUTTE », rendez-vous obligé des gens de la Basseta. , le « JANIL’S », ses escargots sauce piquante et son sous-sol réservé en semaine au ping-pong et le week-end aux surprises-parties, concurrencées par les « boums » de "PROSPER" rue Lestienne et "CARRIO" Place Lelièvre. Et tant d’autres qui évoquent une si grande nostalgie.
Jusqu’aux derniers instants de la présence française, les cafés demeurent le forum par lequel transitent les idées, les espoirs et les peurs. Ils prolongent les débats politiques entamés la veille au soir sur les balcons, les rencontres de football du dimanche précédent, les défis lancés à l’adversaire d’une partie de belote, de ronda, de schkobe, de manille ou de poker ; théâtres de concours de billards, de ping-foot, de flipper où la tricherie et la mauvaise foi jouent des coudes pour s’affirmer le meilleur ; refuges contre la solitude et soutien contre l’adversité, ils font un pied de nez à la morosité et au découragement ; la bonne humeur et l’entrain s’y invitent sans façon, sans ambiguïté, simplement, avec la recherche de l’amitié pour seul alibi.
En résumé, on n’entre pas dans un café pour le plaisir de boire mais pour retrouver une famille de c½ur adoptée par l’enfance. A la vie, à la mort !
Bab El Oued aimait tant ces lieux de convivialité qu’ils parlent encore aujourd’hui à la mémoire de ses enfants, orphelins, loin de la terre natale, de ces enclaves de bonheur à jamais disparues.
Le : 27/09/2021 10:33
SLIMANE ET OMAR
L'enfance ce sont des moments de vie insouciants rangés méticuleusement dans la bibliothèque de sa mémoire. Il suffit d'une photo en noir et blanc délavée, d'un son, d'une odeur ou la lecture d'un mot pour qu'elle revienne vous transpercer d'émotion. Par hasard, je suis tombé sur une photo ancienne prise en 1954 où l'on voyait notre voisin charbonnier Omar... Mon regard s'embua immédiatement à la vue de son visage souriant ; il ravivait mon enfance à Bab el Oued.
Omar et son frère Slimane DOUDOU tenaient un commerce de charbon face au magasin de vins et liqueurs de mes parents au 4 de la rue des Moulins. Originaires de Bounoura près de Ghardaïa (Mzab), ils m'avaient vu naître en 1941. Entre mes parents et les Doudou, il y avait bien plus que de l'amitié. Pendant les années 39/40 où mon père fut mobilisé sur le front en France, Slimane rendit de nombreux services à ma mère qui gérait seule le magasin avec la charge d'élever mon frère aîné âgé de 3 ans. Slimane intervenait quotidiennement pour placer les lourds tonneaux de vin sur le chantier ; sans son aide, ma mère n'aurait pas pu assurer la marche du commerce.
La droguerie d'Omar et Slimane, couverte d'une poussière noire de charbon du sol au plafond, donnait l'impression de descendre dans une mine souterraine. Dans ce commerce, les produits de lessive et d'entretien vendus au détail et à l'air libre vous piquaient les yeux et la gorge. A la droite de l'entrée se trouvait une barrique contenant de la sciure de bois et au dessus une balance romaine pesait le charbon, seule énergie à alimenter le kanoun. Dans la pièce du fond était stocké jusqu'au plafond un monticule instable de charbon. Inévitablement, souvent, la montagne de charbon dégringolait brutalement, semant la panique dans le magasin où un immense nuage de poussière noire se répendait comme l'encre d'une sépia. Les femmes en haïk blanc sortaient précipitamment sur le trottoir pour respirer ; elles étaient toutes noires de la tête au pied. Et Slimane comme un capitaine de navire en train de sombrer, sortait le dernier enveloppé de poussier noir en train de se dissiper lentement. Son sourire gêné à la "Afric-film" ressortait le blanc lumineux de ses yeux et de sa dentition, alors, il se confondait en excuses auprès de la clientèle et des voisins, et l'incident était clos.
Dès l'entrée dans le magasin, on était saisi par une ambiance sinistre où l'ampoule électrique recouverte de poudre fine distillait une lumière tamisée comme dans une catacombe romaine. Deux calendriers côte à côte étaient fixés au mur : le traditionnel des postes françaises et celui de l'Hégire écrit en arabe où une main de Fatma sertie de paillettes conjurait le mauvais sort. Un petit comptoir servait de caisse et croulait sous la paperasserie : les factures et le traditionnel carnet de crédit fait aux clients n'échappaient pas à la poussière de charbon qui s'insinuait de partout. Sur les rayonnages il en était de même ; là s'entassaient des produits les plus hétéroclites : kanoun, lampe à pétrole, veilleuses, fourneau à pétrole, déboucheurs de fourneaux, mèche à lampe, bougies, cristeaux de soude, boules de naphtaline, pinceaux à chaux en alfa, lavette en filasse, éventail et soufflet pour kanoun, alcool à brûler et pétrole tirés avec une pompe d'un tonneau métallique, lessiveuses, savon de Marseille en paillettes, blanc d'Espagne, brillantine Roja, le "ça sent bon" (banita), paquets de lessives Bonux, pompes à flytox, poudres à teintures, henné, encens(jaoui) et pour les superstitieux : graines pour kanoun(fassour) et tarentes séchées (téta). A chaque vente, il époussetait le produit en soufflant énergiquement d'une expiration profonde comme un trompettiste de jazz afin de retrouver l'étiquette et percevoir le prix. Je me revois âgé de 5 ou 6 ans dans le calme d'un après midi d'été, Slimane me juchait en amazone sur le cadre de son vélo et me faisait faire le tour de l'immeuble par la rue de Chateaudun et la rue du Roussillon. L'air chaud caressait mon visage et me donnait une sensation de rafraîchissement. Chaque midi, son magasin dégageait des odeurs de cuisine ; Slimane préparait son repas. Je le revois activant par saccade la pompe du fourneau à pétrole comme une pompe à bicyclette et me disant poliment : " André, tu manges avec moi ?" Slimane et Omar, travailleurs immigrés dans leur propre pays, travaillaient à Bab el Oued loin de leur famille qu'ils allaient retrouver à tour de rôle une fois tous les 2 ou 3 ans. A cette occasion ils s'habillaient avec fierté dans le traditionnel costume des gens du Mzab tout de blanc vêtu ; enfin ils allaient retrouver femme et enfants qu'ils avaient regardés durant tous ces longs mois de labeur sur de minuscules photos toutes délavées. C'était çà leur vie à Bab el Oued ; remplie de scènes pittoresques, une époque totalement révolue que nous partagions parce qu'elles faisaient partie de notre destin commun. Dans le quartier nous nous connaissions de père en fils depuis des générations. Les fils prenaient la suite des parents et cela semblait éternel. Les charbonniers Slimane et Omar rendaient des services à tout le quartier et tout le quartier les considérait comme de la famille
L'enfance ce sont des moments de vie insouciants rangés méticuleusement dans la bibliothèque de sa mémoire. Il suffit d'une photo en noir et blanc délavée, d'un son, d'une odeur ou la lecture d'un mot pour qu'elle revienne vous transpercer d'émotion. Par hasard, je suis tombé sur une photo ancienne prise en 1954 où l'on voyait notre voisin charbonnier Omar... Mon regard s'embua immédiatement à la vue de son visage souriant ; il ravivait mon enfance à Bab el Oued.
Omar et son frère Slimane DOUDOU tenaient un commerce de charbon face au magasin de vins et liqueurs de mes parents au 4 de la rue des Moulins. Originaires de Bounoura près de Ghardaïa (Mzab), ils m'avaient vu naître en 1941. Entre mes parents et les Doudou, il y avait bien plus que de l'amitié. Pendant les années 39/40 où mon père fut mobilisé sur le front en France, Slimane rendit de nombreux services à ma mère qui gérait seule le magasin avec la charge d'élever mon frère aîné âgé de 3 ans. Slimane intervenait quotidiennement pour placer les lourds tonneaux de vin sur le chantier ; sans son aide, ma mère n'aurait pas pu assurer la marche du commerce.
La droguerie d'Omar et Slimane, couverte d'une poussière noire de charbon du sol au plafond, donnait l'impression de descendre dans une mine souterraine. Dans ce commerce, les produits de lessive et d'entretien vendus au détail et à l'air libre vous piquaient les yeux et la gorge. A la droite de l'entrée se trouvait une barrique contenant de la sciure de bois et au dessus une balance romaine pesait le charbon, seule énergie à alimenter le kanoun. Dans la pièce du fond était stocké jusqu'au plafond un monticule instable de charbon. Inévitablement, souvent, la montagne de charbon dégringolait brutalement, semant la panique dans le magasin où un immense nuage de poussière noire se répendait comme l'encre d'une sépia. Les femmes en haïk blanc sortaient précipitamment sur le trottoir pour respirer ; elles étaient toutes noires de la tête au pied. Et Slimane comme un capitaine de navire en train de sombrer, sortait le dernier enveloppé de poussier noir en train de se dissiper lentement. Son sourire gêné à la "Afric-film" ressortait le blanc lumineux de ses yeux et de sa dentition, alors, il se confondait en excuses auprès de la clientèle et des voisins, et l'incident était clos.
Dès l'entrée dans le magasin, on était saisi par une ambiance sinistre où l'ampoule électrique recouverte de poudre fine distillait une lumière tamisée comme dans une catacombe romaine. Deux calendriers côte à côte étaient fixés au mur : le traditionnel des postes françaises et celui de l'Hégire écrit en arabe où une main de Fatma sertie de paillettes conjurait le mauvais sort. Un petit comptoir servait de caisse et croulait sous la paperasserie : les factures et le traditionnel carnet de crédit fait aux clients n'échappaient pas à la poussière de charbon qui s'insinuait de partout. Sur les rayonnages il en était de même ; là s'entassaient des produits les plus hétéroclites : kanoun, lampe à pétrole, veilleuses, fourneau à pétrole, déboucheurs de fourneaux, mèche à lampe, bougies, cristeaux de soude, boules de naphtaline, pinceaux à chaux en alfa, lavette en filasse, éventail et soufflet pour kanoun, alcool à brûler et pétrole tirés avec une pompe d'un tonneau métallique, lessiveuses, savon de Marseille en paillettes, blanc d'Espagne, brillantine Roja, le "ça sent bon" (banita), paquets de lessives Bonux, pompes à flytox, poudres à teintures, henné, encens(jaoui) et pour les superstitieux : graines pour kanoun(fassour) et tarentes séchées (téta). A chaque vente, il époussetait le produit en soufflant énergiquement d'une expiration profonde comme un trompettiste de jazz afin de retrouver l'étiquette et percevoir le prix. Je me revois âgé de 5 ou 6 ans dans le calme d'un après midi d'été, Slimane me juchait en amazone sur le cadre de son vélo et me faisait faire le tour de l'immeuble par la rue de Chateaudun et la rue du Roussillon. L'air chaud caressait mon visage et me donnait une sensation de rafraîchissement. Chaque midi, son magasin dégageait des odeurs de cuisine ; Slimane préparait son repas. Je le revois activant par saccade la pompe du fourneau à pétrole comme une pompe à bicyclette et me disant poliment : " André, tu manges avec moi ?" Slimane et Omar, travailleurs immigrés dans leur propre pays, travaillaient à Bab el Oued loin de leur famille qu'ils allaient retrouver à tour de rôle une fois tous les 2 ou 3 ans. A cette occasion ils s'habillaient avec fierté dans le traditionnel costume des gens du Mzab tout de blanc vêtu ; enfin ils allaient retrouver femme et enfants qu'ils avaient regardés durant tous ces longs mois de labeur sur de minuscules photos toutes délavées. C'était çà leur vie à Bab el Oued ; remplie de scènes pittoresques, une époque totalement révolue que nous partagions parce qu'elles faisaient partie de notre destin commun. Dans le quartier nous nous connaissions de père en fils depuis des générations. Les fils prenaient la suite des parents et cela semblait éternel. Les charbonniers Slimane et Omar rendaient des services à tout le quartier et tout le quartier les considérait comme de la famille
Le : 26/09/2021 16:25
Bonjour ,
Ma mère MME LANDI PIERRETTE veuve ALESSANDRI Jean , agée de 91 ans , recherche sa filleule TOSCANO MARIE.ANNA épouse MICHAUX sans nouvelle d'elle depuis plus de 20 ans .
Or j ai trouvé un message de sa part sur ce site en 2008 .
avez vous de votre part de ces nouvelles car il semblerait qu ' elle soit partie en THAILANDE .
merci d avance pour votre réponse .
Cordialement,
MR ALESSANDRI DIDIER
Ma mère MME LANDI PIERRETTE veuve ALESSANDRI Jean , agée de 91 ans , recherche sa filleule TOSCANO MARIE.ANNA épouse MICHAUX sans nouvelle d'elle depuis plus de 20 ans .
Or j ai trouvé un message de sa part sur ce site en 2008 .
avez vous de votre part de ces nouvelles car il semblerait qu ' elle soit partie en THAILANDE .
merci d avance pour votre réponse .
Cordialement,
MR ALESSANDRI DIDIER
Le : 21/09/2021 14:22
Bonjour Monsieur,
Sur les conseils de M. Gérard Charpentier, dont vous connaissez apparemment la soeur, je me permets de vous écrire, de ma part et de celle d'Éléonore Hergot : nous écrivons en effet tous les deux un scénario se déroulant à Alger en 1956-1957 dans un lycée similaire au lycée Bugeaud où vous étiez élève. Dans ce cadre, nous cherchons à contacter d'anciens élèves pour nous faire une meilleure idée de la vie dans cet établissement et dans l'Alger de ces années-là. Seriez-vous d'accord pour répondre à quelques questions, par mail, par téléphone ou directement, selon ce qui vous conviendra le mieux ?
Voici les principales questions que nous aurions à vous poser :
1. Quel est le lien de votre famille à l’Algérie ?
2. Pouvez-vous nous raconter une journée type d’un élève au lycée Bugeaud, tel que vous l’avez connu, depuis le moment où vous vous réveillez jusqu’au soir ?
3. Quels sont les changements qu’il y a eu au sein du lycée pendant l’année 1956-1957, avec la bataille d’Alger ?
4. Y a-t-il un souvenir de cette période que vous voudriez partager avec nous ?
En vous souhaitant une très belle journée et en restant, bien sûr, à votre disposition.
Bien cordialement,
Antoine Paris
Sur les conseils de M. Gérard Charpentier, dont vous connaissez apparemment la soeur, je me permets de vous écrire, de ma part et de celle d'Éléonore Hergot : nous écrivons en effet tous les deux un scénario se déroulant à Alger en 1956-1957 dans un lycée similaire au lycée Bugeaud où vous étiez élève. Dans ce cadre, nous cherchons à contacter d'anciens élèves pour nous faire une meilleure idée de la vie dans cet établissement et dans l'Alger de ces années-là. Seriez-vous d'accord pour répondre à quelques questions, par mail, par téléphone ou directement, selon ce qui vous conviendra le mieux ?
Voici les principales questions que nous aurions à vous poser :
1. Quel est le lien de votre famille à l’Algérie ?
2. Pouvez-vous nous raconter une journée type d’un élève au lycée Bugeaud, tel que vous l’avez connu, depuis le moment où vous vous réveillez jusqu’au soir ?
3. Quels sont les changements qu’il y a eu au sein du lycée pendant l’année 1956-1957, avec la bataille d’Alger ?
4. Y a-t-il un souvenir de cette période que vous voudriez partager avec nous ?
En vous souhaitant une très belle journée et en restant, bien sûr, à votre disposition.
Bien cordialement,
Antoine Paris
Le : 20/09/2021 12:19
bonjour a tous !
"Tiassardo"
j'ai entendu ce mot toute mon enfance, ma mère l'employait souvent, mais je connais plus sa signification, quelqu'un peut me répondre ?
Amitiés PN
"Tiassardo"
j'ai entendu ce mot toute mon enfance, ma mère l'employait souvent, mais je connais plus sa signification, quelqu'un peut me répondre ?
Amitiés PN
Le : 19/09/2021 13:30
A Hubert Zakine.
Lire " Chroniques algériennes 1939-1958 " D'Albert Camus.
Si Hubert pouvait me contacter par le biais de l'enveloppe jaune.
Lire " Chroniques algériennes 1939-1958 " D'Albert Camus.
Si Hubert pouvait me contacter par le biais de l'enveloppe jaune.
Le : 14/09/2021 17:09
Pour Hubert Zakine
Je ne change même pas une virgule de ce texte....
" on a eu la plus belle des enfances "..tout est dit
merci Hubert
Je ne change même pas une virgule de ce texte....
" on a eu la plus belle des enfances "..tout est dit
merci Hubert
Le : 13/09/2021 18:32
Chers amis,
C'est tellement émouvant que je ne résiste pas à l'envie irrépressible de partager avec vous toutes et tous sur ce site si bien nommé : néababeloued
Si quelqu'un devait m'en faire grief, demander à Christian de le supprimer
et si, au contraire, vous l'appréciez, n'hésitez pas à le faire savoir pour continuer à revivre notre quartier....
Hubert Zakine
SOUVENIRS DE LA-BAS de Hubert Zakine.
En face, c’est l’Algérie. Mon Algérie.
Qui, un jour, a cessé d’être mienne parce qu’Indépendante.
Elle est devenue algérienne, la pauvre !
Depuis, elle n’a cessé d’être tourmentée, balayée par le Sirocco de l’indépendance.
Quand c’est fini, l’indépendance ?
Jamais !
Vous avez voulu être libres et indépendants ?
Vous l’êtes !
Vous bénéficiez du droit des peuples à disposer d’eux- mêmes.
Et de faire selon votre bon vouloir.
La chance que vous avez !
Et le pétrole, et le gaz, Hassi r’mell, Hassi Messaoud, assis Messaoud…..
Remerciez le ciel et La Grande Zohra.
Miroir aux alouettes.
Quoi, vous n’êtes pas contents ?
Vous voulez venir en France ?
Et puis quoi encore !
Il faut savoir ce que vous voulez.
La France ne faisait-elle pas suer le burnous ?
Alors, tout ça, c’était des mensonges. Des tchalefs.
Vous enviez même les rapatriés?
Mais le temps des rapatriés, c’est fini. R’lass !
Aujourd’hui est venu le temps de la repentance.
La France, zarmah….il faut qu’elle paye d’avoir transformé un pays où poussaient des figues de Barbarie en un eldorado où pousse le pétrole!
Salauds de Français ! Tiassardo Francia !
Cheval de Troie et djellabah.
Le ventre des femmes pour envahir la France.
Et tout ça, ça fera d’excellents français…….de papier.
Papier de médias complices.
Et le politiquement correct qui s’en mêle pour s’emmêler les crayons.
Attention comment tu parles.
Ah, cette politique………..de l’autruche.
Politique quand tu nous tiens, tu nous tiens bien.
Tu ne peux pas nous lâcher un peu la grappe ?
Aouah ! Samote et compagnie.
Où est passée ma France grande, belle et généreuse!
Chez Azrine ! Chez Dache !
Cette France qui part en barigoule veut nous emmener en bateau.
Ce n’est pas De Gaulle qui disait "nous renverrons chez eux les Algériens vivant en France qui cesseraient d'être Français"? »
Mais les paroles s’envolent, les écrits restent………..comme des témoins gênants!
Je ne suis plus qu’un français non pratiquant !
Alors que dire et que faire ?
Ecrire pour raconter l’histoire des gens d’en face que nous étions…………..
Avec nostalgie et sans haine!
Puiser dans le grenier aux souvenirs…..
Avant que le dernier d’entre nous jette un dernier coup d’½il sur le pays d’en face.
Trace de mémoires éreintées
Rire pour ne pas pleurer……………………
*****
L’Algérie française, c’est mort et enterré.
Et alors, et voilà !
Les larmes ont eu le temps de sécher.
Pas les regrets.
Ni la nostalgie qui nous a pris par la main pour nous emmener à l’autre bout de la terre.
Israël, Espagne, Etats-Unis pour replanter nos racines.
En exil, les souvenirs d’enfance remontent à la surface.
Cafard et nostalgie font bon ménage.
Le convoi funèbre des vieux déracinés passe et trépasse.
Bientôt sera venu le temps du dernier mohican.
Tout est de la faute des pieds noirs.
Les mensonges et la trahison ont la dent dure.
Mais qui avait le pouvoir en Algérie ?
Qui prenait les décisions et qui dirigeait ?
Les pieds noirs ou la France ?
La politique n’était pas faite pour les gens simples…..de Bab El Oued ou de Tataouine.
Espoir d’un sort meilleur pour les enfants pour seule ambition…….
Ni plus, ni moins.
Pourtant on nous avait dit, moi vivant, jamais le drapeau FLN ne flottera en Algérie !
Putain de menteur !
Et nous, on a cru être compris.
Tissardo De Gaulle!
Des vessies pour des lanternes, et rien de plus !
La naïveté et le patriotisme furent les deux mamelles des pieds noirs.
Marque dommage !
Tant pis pour nous, même si c’est pêché !
Y en a qui mettent ça sur le compte de la destinée.
Le compte de sa mère, ouais !
Qué la destinée ! Elle a bon dos, la destinée !
Repenser au pays.
Les bons moments comme les mauvais.
Notre pays que nous emporterons avec nous au soir de notre vie.
132 ans pour bâtir un pays qui n’existait pas avant le 14 octobre 1839 quand le Général SCHNEIDER, Ministre de la guerre déclara. "Le pays occupé par les Français dans le Nord de l'Afrique sera, à l'avenir, désigné sous le nom d'ALGERIE
Il fut un temps où les généraux français avaient des glaouis.
Aujourd’hui, les cacahuètes ont remplacé les glaouis.
On fait des salamalecs à des sales mecs et on s’excuse !
Nos anciens doivent se retourner dans leurs tombes. Ma France n’est plus ce qu’elle était.
Ma France, celle de nos pères et du 13 mai 58 !
La Marseillaise qui envahit le ciel algérois.
Ceux qui n’ont pas vécu l’assaut du forum ne peuvent pas comprendre.
La bamboula au son de Sambre et Meuse.
Mais tout ça, c’est parti en barigoule.
A présent, la France c’est chéchïa et gandourah.
Alors, au crépuscule de ma vie, je préfère penser à reculons.
Revoir les images qui ont parfumé mon enfance.
Les amis du quartier et le cimetière marin
Le rire à gorge déployée et la calentita.
Les beignets italiens de Pasquale du jardin Guillemin……
Et puis, et puis, et puis…commençons la revue du rire et des larmes…….
*****
Ah, l’ambiance de nos quartiers……..
Bab El Oued, notre paradis perdu !
Je me souviens de tout.
L’andar et venir sur notre Sunset Boulevard.
Les filles au balcon et les garçons, le nez en l’air.
La tête dans les étoiles et l’amour au fond des yeux Avenue de la Bouzaréah.
Trois Horloges-Square Guillemin et retour.
Le jardin Guillemin, théâtre de la comedia dell’arte.
La mama dispute son chitane de fils.
C’est ça, pourris-toi bien !
Arrête de courir, tu es en nage !
Regarde le garde, il te regarde.
Chof, chof, oublie les zoublis.
La mère qui donne la tétée sans façon
Les gobieux qui matent un maximum.
Un journal sur la tête pour se protéger du soleil
L’impératrice Eugénie sous l’ombrelle à Alger.
Coup de soleil et coup de crayon de Napoléon III pour dessiner les boulevards Laferrière et Guillemin.
Scandale à la cour.
L’ambiance de chez nous, le tcherklala, le voisinage…
Le manège pour le plaisir des petits et la colère des footballeurs en herbe.
Avec en face, Padovani qui tape la pancha
La plage des chevaux en toile de fond.
Souvenirs, souvenirs…
Et les nymphettes qui tournent la tête des Don Juan en herbe.
Vacances des humbles gens à la bonne franquette.
Viens taper une anisette et quelques zitounes.
Et pendant ce temps, la France elle se prépare à nous taper une olive.
Et nous, comme des babaos, on appelle Sainte Anne.
Comme des laouères, rien, on voit venir.
On est trop heureux ou trop naïfs.
La famille, les amis, la mer, le voisinage et le soleil.
Qu’est-ce tu veux de plus ?
Un peu de flouze, mais seulement un chouïa pour taper le cinéma.
Aouah, la loterie nationale, c’est pas pour nous !
On se contente de la loterie de la maison Jacques.
Fête foraine et radio-crochet.
Filets garnis ou trousseau bon marché.
Le bal des gens biens sous les flonflons de l’été.
Le bonheur est à nos portes.
Cinq dans tes yeux !
Laïsrana et là, y se red’resse.
*****
Les rues de mon quartier, elles appartiennent aux enfants.
Aux chitanes comme aux fils à pep’s.
Les entrées de maison pour se dobzer ou pour se mettre à l’abri quand il pleut.
Mais l’amitié de chez nous, c’est pas du chiqué……….
A la vie, à la mort, ma parole !
L’enfance…….l’école……la rue…..les copains.
Les saisons se suivent et se ressemblent.
La rentrée au mois d’Octobre.
Le rire en bandoulière en guise de cartable.
Le maitre et la maîtresse, respect et tradition.
Les garçons d’un côté, les filles de l’autre.
Chacun chez soi pour éviter les histoires de famille.
La blouse grise du maître pour seule autorité.
Souvenirs indélébiles de l’enfance scolaire.
On a eu la plus belle des enfances.
Elle fut pauvre mais belle.
Au bout du compte, je me félicite d’être né pauvre.
Et d’avoir eu des parents qui savaient ce que compter voulait dire.
Sûr qu’on ne mangeait pas des ortolans mais la cuisine de nos mères, j’ te dis pas !
Avec trois fois rien, elles nous confectionnaient des plats qui chantent à notre mémoire.
Et si on n’avait pas d’argent, un café au lait ….et au lit……..sans croissant.
Demain le bon dieu, il sera grand.
Quand une porte se ferme, une autre s’entrouvre.
Et puis, on n’est pas des manchots.
Les adultes au travail et les jeunes à l’école…….ou en train de taper manqua oura.
Le jeudi matin, on imitait les porteurs contre une place de cinéma.
Et on embarquait pour Cythère en Cinémascope et en couleurs.
Si on avait les poches trouées, on tapait le match du siècle ou on jouait à fava vinga.
Les filles à la marelle ou à la corde et les garçons aux noyaux, aux tchappes, à la toupie ou à la carriole.
Et au football avec une balle en caoutchouc, une boite de chique et même en papier.
Les rois de la rue, tu montes, tu descends, c’était nous autres.
Du moment que les copains nous tendaient la main.
Plus heureux que nous, impossible.
On tapait cinq toutes les cinq minutes.
Cinq de la complicité.
Rien à voir avec le cinq dans tes yeux.
La main de fatmah en avant.
Protection contre schkoumoune et médisance.
Superstition des gens heureux.
*****
C’est vrai qu’on était des gens heureux !
Et pas compliqués pour un sou.
Du pain et des olives, du beurre et des anchois
Pour un goûter de gala.
Une tomate, de l’huile et de l’ail sur du pain
Un véritable délice !
Pas de jouet pour noël, qu’à cela ne tienne.
Une carriole, des noyaux, des oublis,
Et le roi n’était pas notre cousin.
Pas d’argent mais du bonheur à revendre.
La richesse du c½ur pour seul leitmotiv.
Et l’amitié au bout des doigts.
L’arroseur des rues pour rafraîchir le quartier
Les cris des chitanes en fond sonore.
Le soleil qui transforme le quartier en étuve.
Chaise longue pour une sieste prolongée.
Avant que vienne l’heure de l’andar et venir
Tout le monde dehors.
La fiesta bohémienne au jardin Guillemin
Et la drague en catimini.
Regards en dessous, timidité oblige.
Attention ta mère !
Aouah, on avait tout pour être heureux.
Chez nous, la solitude n’existait pas.
Portes ouvertes au courant d’air de l’amitié.
Balcons du soir, passerelles du voisinage.
Terrasses du bout du monde pour voyager en restant chez soi.
On déjeunait chez soi et chez les autres.
Balcon derrière le rideau de soleil.
Drapeau tricolore et fête nationale.
Oriflamme et fierté française
Marseillaise à plein poumon
Algérie française etc…..etc….
On l’a eu dans le baba !
Tiassardo De Gaulle.
Tiassardo Francia.
Mais heureux d’être né à Bab El Oued.
Casbah judéo-arabe d’où ma famille est issue.
Rue Marengo. Place Randon. Rue des getules
Synagogue de la casbah.
Fier d’être juif
Fier d’être pied noir
Moins fier d’être français.
Pourtant on aimait le drapeau tricolore.
La marseillaise comme chant d’amour.
On la chantait si fort, on la chantait si bien…
Certains en sont morts pour rien !
Quand je pense à De Gaulle, ça me donne de l’urticaire
Et ces médias qui lui tressent des couronnes.
Tiassardo Francia !
Allez mieux, je pense à reculons.
Quand nous jouions à la marelle,
Boisis, Gozlan et Abergel
Aux tchappes, aux noyaux et à la carriole,
Même si on préférait le football….
Chansons d’autrefois, André Claveau….
Luis Mariano et Jean Marco…..
Cerisiers roses et pommiers blancs.
Mick Michell et Yvette Giraud
Pour une T.S.F de Nostalgie.
Je me souviens de nos cinémas de Bab El Oued.
Palace, Bijou et Mon Ciné pour les chitanes.
Les Variétés et ses spectatrices en larmes.
L’Amérique au Majestic du maltais Seiberras
Les Platters et Paul Anka à Alger.
Combats de boxe et toit ouvrant
Albert Yvel, champion du quartier
Devenu champion d’Europe.
Lynx, Plaza, Suffren et la Perle
Le Trianon sacrifié au Monoprix.
Les beaux dimanches au cabanon
On prenait l’autobus pour taper le plongeon,
Après la ventrée de khémias
Au cinéma plein air chez Valenza,
Bing Crosby nous tapait la sérénade
Avant de finir la soirée à pointe pescade.
C’était l’Eden de notre enfance
De notre jeunesse, de notre adolescence.
Allez va de là !
J’en connais qui regrettent Alger d’autrefois
Alger et les pieds noirs, du reste !
Tiens demandez a Ait Ahmed.
Zarmah, l’un des chefs historiques
Ca lui va de parler d’erreur colossale.
Le pied noir il était indispensable.
Sans lui, l’Algérie, elle partirait en bli-bli.
Lui aussi, il avait rien compris.
Qu’est-ce qu’il croyait, le bougre
Que l’indépendance elle allait transformer
Un bourricot de la montagne
En souverain d’Espagne.
Nous autres, on peut pas pardonner
La trahison, l’abandon et la lâcheté
De la France d’hier et d’aujourd’hui
Qui a cessé d’être un grand pays.
De Gaulle, y voulait renvoyer les algériens chez eux !
PIM PAM POUM alias Giscard, Chirac et Mitterand
Ils ont ouvert les bras et les frontières.
Toi, paris tu m’as pris dans tes bras.
Bou, qu’est-ce que j’ai fait de venir en France.
Zarmah, je suis un rapatrié.
Qué, rapatrié, j’ai plus de patrie.
Que des regrets et de la rancune.
Adieu la France !
Elle a vendu son âme au diable, à d’autres dieux.
Avant il y avait les chrétiens, les juifs et les musulmans.
A présent, les barbares y sont descendus dans la rue.
Et la France recule, la peur au ventre.
L’autre il a dit : vous êtes ici chez vous !
Ta maison c’est ma maison ?
Quand même, y faut pas exagérer.
C’est pas Defferre qui ordonnait aux pieds noirs d’aller se faire voir chez les grecs ?
Tiassardo, francia !
Le pays y s’en va en bli-bli.
Alors que les politiques y s’en mettent plein les poches
Les restos du c½ur y sont assaillis
Par des crève-la-faim et surtout par des pleure-misère.
Mieux je mange du pain et du sucre que perdre la figure.
Ma mère elle nous a élevé dans la dignité
Késako la dignité pour une France qui se fait empapaouter par tout le monde.
Est-ce que les politiques ont des enfants ?
Pensent-ils à ce que deviendra leur descendance dans la France de demain ?
Pourquoi n’ont-ils pas anticipé le cataclysme.
Gouverner c’est prévoir, il a dit l’autre.
Zarmah, ceux qui nous gouvernent y sont intelligents !
Même Boumedienne, il avait compris
C’est dire la connerie de PIM PAM POUM.
La France elle ressemble à un bateau ivre.
Si ça continue, le mal de mer y nous guette.
Comme pendant la traversée de l’exil
Quand on tapait l’Exodus à l’envers.
Pour une croisière inhumaine
Des souvenirs j’en ai à la pelle
Appel du 18 juin, tu parles !
Et les français y continuent à voter
Recevoir des baffes, ça leur suffit pas.
A force de baisser le pantalon
Y vont attraper des bébètes !
Allez va, mieux je retourne chez moi
Au moins par la pensée.
Que sont mes amis, devenus ?
Beaucoup sont partis au pays du bon dieu
Taper cinq autour d’une bonne anisette
A savoir, chez Lollo, Sauveur ou pépète Solivérès.
Où est passée ma jeunesse il a dit l’autre.
Certains y sont devenus des mérates
Qui mettent des chaussures vernies et la cravate.
Moi, ma jeunesse c’est ma meilleure amie.
Au temps des culottes courtes et des savates
Que là-bas on les appelait spardégna.....
ETC.....ETC....A SUIVRE
C'est tellement émouvant que je ne résiste pas à l'envie irrépressible de partager avec vous toutes et tous sur ce site si bien nommé : néababeloued
Si quelqu'un devait m'en faire grief, demander à Christian de le supprimer
et si, au contraire, vous l'appréciez, n'hésitez pas à le faire savoir pour continuer à revivre notre quartier....
Hubert Zakine
SOUVENIRS DE LA-BAS de Hubert Zakine.
En face, c’est l’Algérie. Mon Algérie.
Qui, un jour, a cessé d’être mienne parce qu’Indépendante.
Elle est devenue algérienne, la pauvre !
Depuis, elle n’a cessé d’être tourmentée, balayée par le Sirocco de l’indépendance.
Quand c’est fini, l’indépendance ?
Jamais !
Vous avez voulu être libres et indépendants ?
Vous l’êtes !
Vous bénéficiez du droit des peuples à disposer d’eux- mêmes.
Et de faire selon votre bon vouloir.
La chance que vous avez !
Et le pétrole, et le gaz, Hassi r’mell, Hassi Messaoud, assis Messaoud…..
Remerciez le ciel et La Grande Zohra.
Miroir aux alouettes.
Quoi, vous n’êtes pas contents ?
Vous voulez venir en France ?
Et puis quoi encore !
Il faut savoir ce que vous voulez.
La France ne faisait-elle pas suer le burnous ?
Alors, tout ça, c’était des mensonges. Des tchalefs.
Vous enviez même les rapatriés?
Mais le temps des rapatriés, c’est fini. R’lass !
Aujourd’hui est venu le temps de la repentance.
La France, zarmah….il faut qu’elle paye d’avoir transformé un pays où poussaient des figues de Barbarie en un eldorado où pousse le pétrole!
Salauds de Français ! Tiassardo Francia !
Cheval de Troie et djellabah.
Le ventre des femmes pour envahir la France.
Et tout ça, ça fera d’excellents français…….de papier.
Papier de médias complices.
Et le politiquement correct qui s’en mêle pour s’emmêler les crayons.
Attention comment tu parles.
Ah, cette politique………..de l’autruche.
Politique quand tu nous tiens, tu nous tiens bien.
Tu ne peux pas nous lâcher un peu la grappe ?
Aouah ! Samote et compagnie.
Où est passée ma France grande, belle et généreuse!
Chez Azrine ! Chez Dache !
Cette France qui part en barigoule veut nous emmener en bateau.
Ce n’est pas De Gaulle qui disait "nous renverrons chez eux les Algériens vivant en France qui cesseraient d'être Français"? »
Mais les paroles s’envolent, les écrits restent………..comme des témoins gênants!
Je ne suis plus qu’un français non pratiquant !
Alors que dire et que faire ?
Ecrire pour raconter l’histoire des gens d’en face que nous étions…………..
Avec nostalgie et sans haine!
Puiser dans le grenier aux souvenirs…..
Avant que le dernier d’entre nous jette un dernier coup d’½il sur le pays d’en face.
Trace de mémoires éreintées
Rire pour ne pas pleurer……………………
*****
L’Algérie française, c’est mort et enterré.
Et alors, et voilà !
Les larmes ont eu le temps de sécher.
Pas les regrets.
Ni la nostalgie qui nous a pris par la main pour nous emmener à l’autre bout de la terre.
Israël, Espagne, Etats-Unis pour replanter nos racines.
En exil, les souvenirs d’enfance remontent à la surface.
Cafard et nostalgie font bon ménage.
Le convoi funèbre des vieux déracinés passe et trépasse.
Bientôt sera venu le temps du dernier mohican.
Tout est de la faute des pieds noirs.
Les mensonges et la trahison ont la dent dure.
Mais qui avait le pouvoir en Algérie ?
Qui prenait les décisions et qui dirigeait ?
Les pieds noirs ou la France ?
La politique n’était pas faite pour les gens simples…..de Bab El Oued ou de Tataouine.
Espoir d’un sort meilleur pour les enfants pour seule ambition…….
Ni plus, ni moins.
Pourtant on nous avait dit, moi vivant, jamais le drapeau FLN ne flottera en Algérie !
Putain de menteur !
Et nous, on a cru être compris.
Tissardo De Gaulle!
Des vessies pour des lanternes, et rien de plus !
La naïveté et le patriotisme furent les deux mamelles des pieds noirs.
Marque dommage !
Tant pis pour nous, même si c’est pêché !
Y en a qui mettent ça sur le compte de la destinée.
Le compte de sa mère, ouais !
Qué la destinée ! Elle a bon dos, la destinée !
Repenser au pays.
Les bons moments comme les mauvais.
Notre pays que nous emporterons avec nous au soir de notre vie.
132 ans pour bâtir un pays qui n’existait pas avant le 14 octobre 1839 quand le Général SCHNEIDER, Ministre de la guerre déclara. "Le pays occupé par les Français dans le Nord de l'Afrique sera, à l'avenir, désigné sous le nom d'ALGERIE
Il fut un temps où les généraux français avaient des glaouis.
Aujourd’hui, les cacahuètes ont remplacé les glaouis.
On fait des salamalecs à des sales mecs et on s’excuse !
Nos anciens doivent se retourner dans leurs tombes. Ma France n’est plus ce qu’elle était.
Ma France, celle de nos pères et du 13 mai 58 !
La Marseillaise qui envahit le ciel algérois.
Ceux qui n’ont pas vécu l’assaut du forum ne peuvent pas comprendre.
La bamboula au son de Sambre et Meuse.
Mais tout ça, c’est parti en barigoule.
A présent, la France c’est chéchïa et gandourah.
Alors, au crépuscule de ma vie, je préfère penser à reculons.
Revoir les images qui ont parfumé mon enfance.
Les amis du quartier et le cimetière marin
Le rire à gorge déployée et la calentita.
Les beignets italiens de Pasquale du jardin Guillemin……
Et puis, et puis, et puis…commençons la revue du rire et des larmes…….
*****
Ah, l’ambiance de nos quartiers……..
Bab El Oued, notre paradis perdu !
Je me souviens de tout.
L’andar et venir sur notre Sunset Boulevard.
Les filles au balcon et les garçons, le nez en l’air.
La tête dans les étoiles et l’amour au fond des yeux Avenue de la Bouzaréah.
Trois Horloges-Square Guillemin et retour.
Le jardin Guillemin, théâtre de la comedia dell’arte.
La mama dispute son chitane de fils.
C’est ça, pourris-toi bien !
Arrête de courir, tu es en nage !
Regarde le garde, il te regarde.
Chof, chof, oublie les zoublis.
La mère qui donne la tétée sans façon
Les gobieux qui matent un maximum.
Un journal sur la tête pour se protéger du soleil
L’impératrice Eugénie sous l’ombrelle à Alger.
Coup de soleil et coup de crayon de Napoléon III pour dessiner les boulevards Laferrière et Guillemin.
Scandale à la cour.
L’ambiance de chez nous, le tcherklala, le voisinage…
Le manège pour le plaisir des petits et la colère des footballeurs en herbe.
Avec en face, Padovani qui tape la pancha
La plage des chevaux en toile de fond.
Souvenirs, souvenirs…
Et les nymphettes qui tournent la tête des Don Juan en herbe.
Vacances des humbles gens à la bonne franquette.
Viens taper une anisette et quelques zitounes.
Et pendant ce temps, la France elle se prépare à nous taper une olive.
Et nous, comme des babaos, on appelle Sainte Anne.
Comme des laouères, rien, on voit venir.
On est trop heureux ou trop naïfs.
La famille, les amis, la mer, le voisinage et le soleil.
Qu’est-ce tu veux de plus ?
Un peu de flouze, mais seulement un chouïa pour taper le cinéma.
Aouah, la loterie nationale, c’est pas pour nous !
On se contente de la loterie de la maison Jacques.
Fête foraine et radio-crochet.
Filets garnis ou trousseau bon marché.
Le bal des gens biens sous les flonflons de l’été.
Le bonheur est à nos portes.
Cinq dans tes yeux !
Laïsrana et là, y se red’resse.
*****
Les rues de mon quartier, elles appartiennent aux enfants.
Aux chitanes comme aux fils à pep’s.
Les entrées de maison pour se dobzer ou pour se mettre à l’abri quand il pleut.
Mais l’amitié de chez nous, c’est pas du chiqué……….
A la vie, à la mort, ma parole !
L’enfance…….l’école……la rue…..les copains.
Les saisons se suivent et se ressemblent.
La rentrée au mois d’Octobre.
Le rire en bandoulière en guise de cartable.
Le maitre et la maîtresse, respect et tradition.
Les garçons d’un côté, les filles de l’autre.
Chacun chez soi pour éviter les histoires de famille.
La blouse grise du maître pour seule autorité.
Souvenirs indélébiles de l’enfance scolaire.
On a eu la plus belle des enfances.
Elle fut pauvre mais belle.
Au bout du compte, je me félicite d’être né pauvre.
Et d’avoir eu des parents qui savaient ce que compter voulait dire.
Sûr qu’on ne mangeait pas des ortolans mais la cuisine de nos mères, j’ te dis pas !
Avec trois fois rien, elles nous confectionnaient des plats qui chantent à notre mémoire.
Et si on n’avait pas d’argent, un café au lait ….et au lit……..sans croissant.
Demain le bon dieu, il sera grand.
Quand une porte se ferme, une autre s’entrouvre.
Et puis, on n’est pas des manchots.
Les adultes au travail et les jeunes à l’école…….ou en train de taper manqua oura.
Le jeudi matin, on imitait les porteurs contre une place de cinéma.
Et on embarquait pour Cythère en Cinémascope et en couleurs.
Si on avait les poches trouées, on tapait le match du siècle ou on jouait à fava vinga.
Les filles à la marelle ou à la corde et les garçons aux noyaux, aux tchappes, à la toupie ou à la carriole.
Et au football avec une balle en caoutchouc, une boite de chique et même en papier.
Les rois de la rue, tu montes, tu descends, c’était nous autres.
Du moment que les copains nous tendaient la main.
Plus heureux que nous, impossible.
On tapait cinq toutes les cinq minutes.
Cinq de la complicité.
Rien à voir avec le cinq dans tes yeux.
La main de fatmah en avant.
Protection contre schkoumoune et médisance.
Superstition des gens heureux.
*****
C’est vrai qu’on était des gens heureux !
Et pas compliqués pour un sou.
Du pain et des olives, du beurre et des anchois
Pour un goûter de gala.
Une tomate, de l’huile et de l’ail sur du pain
Un véritable délice !
Pas de jouet pour noël, qu’à cela ne tienne.
Une carriole, des noyaux, des oublis,
Et le roi n’était pas notre cousin.
Pas d’argent mais du bonheur à revendre.
La richesse du c½ur pour seul leitmotiv.
Et l’amitié au bout des doigts.
L’arroseur des rues pour rafraîchir le quartier
Les cris des chitanes en fond sonore.
Le soleil qui transforme le quartier en étuve.
Chaise longue pour une sieste prolongée.
Avant que vienne l’heure de l’andar et venir
Tout le monde dehors.
La fiesta bohémienne au jardin Guillemin
Et la drague en catimini.
Regards en dessous, timidité oblige.
Attention ta mère !
Aouah, on avait tout pour être heureux.
Chez nous, la solitude n’existait pas.
Portes ouvertes au courant d’air de l’amitié.
Balcons du soir, passerelles du voisinage.
Terrasses du bout du monde pour voyager en restant chez soi.
On déjeunait chez soi et chez les autres.
Balcon derrière le rideau de soleil.
Drapeau tricolore et fête nationale.
Oriflamme et fierté française
Marseillaise à plein poumon
Algérie française etc…..etc….
On l’a eu dans le baba !
Tiassardo De Gaulle.
Tiassardo Francia.
Mais heureux d’être né à Bab El Oued.
Casbah judéo-arabe d’où ma famille est issue.
Rue Marengo. Place Randon. Rue des getules
Synagogue de la casbah.
Fier d’être juif
Fier d’être pied noir
Moins fier d’être français.
Pourtant on aimait le drapeau tricolore.
La marseillaise comme chant d’amour.
On la chantait si fort, on la chantait si bien…
Certains en sont morts pour rien !
Quand je pense à De Gaulle, ça me donne de l’urticaire
Et ces médias qui lui tressent des couronnes.
Tiassardo Francia !
Allez mieux, je pense à reculons.
Quand nous jouions à la marelle,
Boisis, Gozlan et Abergel
Aux tchappes, aux noyaux et à la carriole,
Même si on préférait le football….
Chansons d’autrefois, André Claveau….
Luis Mariano et Jean Marco…..
Cerisiers roses et pommiers blancs.
Mick Michell et Yvette Giraud
Pour une T.S.F de Nostalgie.
Je me souviens de nos cinémas de Bab El Oued.
Palace, Bijou et Mon Ciné pour les chitanes.
Les Variétés et ses spectatrices en larmes.
L’Amérique au Majestic du maltais Seiberras
Les Platters et Paul Anka à Alger.
Combats de boxe et toit ouvrant
Albert Yvel, champion du quartier
Devenu champion d’Europe.
Lynx, Plaza, Suffren et la Perle
Le Trianon sacrifié au Monoprix.
Les beaux dimanches au cabanon
On prenait l’autobus pour taper le plongeon,
Après la ventrée de khémias
Au cinéma plein air chez Valenza,
Bing Crosby nous tapait la sérénade
Avant de finir la soirée à pointe pescade.
C’était l’Eden de notre enfance
De notre jeunesse, de notre adolescence.
Allez va de là !
J’en connais qui regrettent Alger d’autrefois
Alger et les pieds noirs, du reste !
Tiens demandez a Ait Ahmed.
Zarmah, l’un des chefs historiques
Ca lui va de parler d’erreur colossale.
Le pied noir il était indispensable.
Sans lui, l’Algérie, elle partirait en bli-bli.
Lui aussi, il avait rien compris.
Qu’est-ce qu’il croyait, le bougre
Que l’indépendance elle allait transformer
Un bourricot de la montagne
En souverain d’Espagne.
Nous autres, on peut pas pardonner
La trahison, l’abandon et la lâcheté
De la France d’hier et d’aujourd’hui
Qui a cessé d’être un grand pays.
De Gaulle, y voulait renvoyer les algériens chez eux !
PIM PAM POUM alias Giscard, Chirac et Mitterand
Ils ont ouvert les bras et les frontières.
Toi, paris tu m’as pris dans tes bras.
Bou, qu’est-ce que j’ai fait de venir en France.
Zarmah, je suis un rapatrié.
Qué, rapatrié, j’ai plus de patrie.
Que des regrets et de la rancune.
Adieu la France !
Elle a vendu son âme au diable, à d’autres dieux.
Avant il y avait les chrétiens, les juifs et les musulmans.
A présent, les barbares y sont descendus dans la rue.
Et la France recule, la peur au ventre.
L’autre il a dit : vous êtes ici chez vous !
Ta maison c’est ma maison ?
Quand même, y faut pas exagérer.
C’est pas Defferre qui ordonnait aux pieds noirs d’aller se faire voir chez les grecs ?
Tiassardo, francia !
Le pays y s’en va en bli-bli.
Alors que les politiques y s’en mettent plein les poches
Les restos du c½ur y sont assaillis
Par des crève-la-faim et surtout par des pleure-misère.
Mieux je mange du pain et du sucre que perdre la figure.
Ma mère elle nous a élevé dans la dignité
Késako la dignité pour une France qui se fait empapaouter par tout le monde.
Est-ce que les politiques ont des enfants ?
Pensent-ils à ce que deviendra leur descendance dans la France de demain ?
Pourquoi n’ont-ils pas anticipé le cataclysme.
Gouverner c’est prévoir, il a dit l’autre.
Zarmah, ceux qui nous gouvernent y sont intelligents !
Même Boumedienne, il avait compris
C’est dire la connerie de PIM PAM POUM.
La France elle ressemble à un bateau ivre.
Si ça continue, le mal de mer y nous guette.
Comme pendant la traversée de l’exil
Quand on tapait l’Exodus à l’envers.
Pour une croisière inhumaine
Des souvenirs j’en ai à la pelle
Appel du 18 juin, tu parles !
Et les français y continuent à voter
Recevoir des baffes, ça leur suffit pas.
A force de baisser le pantalon
Y vont attraper des bébètes !
Allez va, mieux je retourne chez moi
Au moins par la pensée.
Que sont mes amis, devenus ?
Beaucoup sont partis au pays du bon dieu
Taper cinq autour d’une bonne anisette
A savoir, chez Lollo, Sauveur ou pépète Solivérès.
Où est passée ma jeunesse il a dit l’autre.
Certains y sont devenus des mérates
Qui mettent des chaussures vernies et la cravate.
Moi, ma jeunesse c’est ma meilleure amie.
Au temps des culottes courtes et des savates
Que là-bas on les appelait spardégna.....
ETC.....ETC....A SUIVRE
Le : 13/09/2021 14:15
De André Trivès
Le drame du tunnel de Bab el Oued en 1943
Un tunnel ferroviaire souterrain reliait l'ancienne gare de Bab el Oued à l'Amirauté. Il partait de l'avenue Malakoff, proche de Padovani, pour sortir sur le port d'Alger. Ce tunnel désaffecté servait à l'accueil des familles de Bab el Oued venues se réfugier à l'annonce d'un raid aérien allemand sur Alger. Ce soir là, vers 21 heures, les sirènes des Messageries avaient rameuté les habitants à quitter leur domicile pour se mettre à l'abri des bombardements. L'opération s'était effectuée dans une ambiance débonnaire ; pour les enfants c'était l'occasion de prolonger les divertissements de la journée. Les familles alignées en rang d'oignons suivaient attentivement les ordres de la protection civile. Les porte-voix recommandaient à la foule : '' Dépêchez-vous, avancez fissa, serrez-vous dans le fond du tunnel, il y a de la place pour tout le monde.'' Les premiers suivaient attentivement les consignes et s'engouffraient en toute confiance dans le tunnel sans lumière sous le halo des lampes électriques.
Au même instant, la défense passive du port d'Alger entreprenait comme à chaque alerte de faire disparaître les installations portuaires et les navires à quai sous un épais nuage de fumigènes, tandis que la DCA du Fort l'Empereur illuminait le ciel de balles traçantes pour empêcher le largage des bombes des « Heinkel » et des « Messerschmidt » de la Luftwaffe.
Malheureusement ce soir là, le vent ne soufflait pas dans la direction habituelle. Une aspiration d'air imprévisible se fit sentir dans le souterrain noir de monde, côté Amirauté, ramenant la fumée irrespirable dans le tunnel transformé en couloir de la mort. Une panique indescriptible s'en suivit. Les personnes affolées par les fumigènes irritantes contribuèrent à une gigantesque bousculade. Dans la poussée pour survivre, elles chutaient et s'écrasaient les unes sur les autres, créant un entassement horrible de corps asphyxiés. L'épouvante et les cris d'horreurs durèrent trente longues minutes, puis plus rien. Horrifiés, les plus chanceux retrouvèrent l'air frais du dehors et s'étonnèrent d'avoir échappé à l'affreux drame. A la lueur des briquets, les sauveteurs découvrirent des scènes abominables. La mort s'était invitée dans cet abri destiné à les protéger. La presse fit état d'une trentaine de cadavres et des centaines de blessés. Le tunnel fut fermé et condamné à jamais. Plus aucune alerte n'attira le peuple de Bab el Oued dans ce piège criminel. Désormais, les Bab el Ouediens suivaient les balles traçantes des combats aériens au-dessus du quartier par la persienne entrouverte de leur chambre.
Le drame du tunnel de Bab el Oued en 1943
Un tunnel ferroviaire souterrain reliait l'ancienne gare de Bab el Oued à l'Amirauté. Il partait de l'avenue Malakoff, proche de Padovani, pour sortir sur le port d'Alger. Ce tunnel désaffecté servait à l'accueil des familles de Bab el Oued venues se réfugier à l'annonce d'un raid aérien allemand sur Alger. Ce soir là, vers 21 heures, les sirènes des Messageries avaient rameuté les habitants à quitter leur domicile pour se mettre à l'abri des bombardements. L'opération s'était effectuée dans une ambiance débonnaire ; pour les enfants c'était l'occasion de prolonger les divertissements de la journée. Les familles alignées en rang d'oignons suivaient attentivement les ordres de la protection civile. Les porte-voix recommandaient à la foule : '' Dépêchez-vous, avancez fissa, serrez-vous dans le fond du tunnel, il y a de la place pour tout le monde.'' Les premiers suivaient attentivement les consignes et s'engouffraient en toute confiance dans le tunnel sans lumière sous le halo des lampes électriques.
Au même instant, la défense passive du port d'Alger entreprenait comme à chaque alerte de faire disparaître les installations portuaires et les navires à quai sous un épais nuage de fumigènes, tandis que la DCA du Fort l'Empereur illuminait le ciel de balles traçantes pour empêcher le largage des bombes des « Heinkel » et des « Messerschmidt » de la Luftwaffe.
Malheureusement ce soir là, le vent ne soufflait pas dans la direction habituelle. Une aspiration d'air imprévisible se fit sentir dans le souterrain noir de monde, côté Amirauté, ramenant la fumée irrespirable dans le tunnel transformé en couloir de la mort. Une panique indescriptible s'en suivit. Les personnes affolées par les fumigènes irritantes contribuèrent à une gigantesque bousculade. Dans la poussée pour survivre, elles chutaient et s'écrasaient les unes sur les autres, créant un entassement horrible de corps asphyxiés. L'épouvante et les cris d'horreurs durèrent trente longues minutes, puis plus rien. Horrifiés, les plus chanceux retrouvèrent l'air frais du dehors et s'étonnèrent d'avoir échappé à l'affreux drame. A la lueur des briquets, les sauveteurs découvrirent des scènes abominables. La mort s'était invitée dans cet abri destiné à les protéger. La presse fit état d'une trentaine de cadavres et des centaines de blessés. Le tunnel fut fermé et condamné à jamais. Plus aucune alerte n'attira le peuple de Bab el Oued dans ce piège criminel. Désormais, les Bab el Ouediens suivaient les balles traçantes des combats aériens au-dessus du quartier par la persienne entrouverte de leur chambre.