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Le : 27/11/2022 10:09
Hubert Zakine
·
Extrait de MES SOUVENIRS D'EN FACE de Hubert Zakine.
Allez laissons de côté cette histoire de tétés pour redevenir un déconneur de quatorze ans qui s’amuse de tout et de rien ! Qui joue au foot dans la rue, à cinq-vingt-cinq, style le casino du pauvre, au ping-foot, au flipper et à plein de jeux de mon âge mais que je garde précieusement dans ma caboche. C’est normal, non ! J’vais pas devenir m’chenaf à cause d’une fille même si elle me plait. (m’chenaf, ça veut dire triste, mais triste, rien que tu dis le mot que déjà les larmes elles coulent)
J’ai toute la vie devant moi et tu crois que déjà, j’vais me faire du mauvais sang pour une fille ? Ne dit-on pas (chof, le parler francaoui) une de perdue, dix de retrouvées. Comme j’suis modeste, trois ça me suffit ! Pourquoi dix et pas deux cents ?
J’adore ces après-midi quand on a rien d’autre à faire qu’à se réunir au jardin et participer au brouhaha si particulier de l’esplanade. Ah, oui, vous savez pas où commence l’esplanade et où ça finit. Disons simplement que c’est chez moi.
Petite histoire de ce quadrilatère où j’ai ouvert les yeux (chof, l’érudition ).
Adossé à la mer, il part du lycée Bugeaud et bute sur le boulevard Guillemin. On y reçoit les embruns moutonneux du large et les odeurs acres de la casbah. On y parle un pataouète plus châtié – comme il a dit l’autre- où le marché Nelson résonne moins fort que les outrances du marché de Bab El Oued. On y aime l’amitié de l’enfance et les études secondaires –BUGEAUD, LAZERGES ET GUILLEMIN- On y trouve l’un des plus grands cinémas d’Europe -MAJESTIC- le plus grand glacier -GROSOLI – La plage de Bab El Oued – PADOVANI – et une piscine olympique où Heda Frost, Alain Gotvallès, Jean Pascal Curtillet battirent nombre de records mondiaux.
*****
Ça fait du bien de parler un chouïa culture même si c’est de la culture pataouète. Oh, ya pas que des r’mars chez les pieds noirs, ya aussi des z’intelligents de la tête. Qu’est-ce vous croyez ? Mais attention, on se rend pas malades, hein ! C’est pas bon pour la santé. Et puis la vérité, le soleil, la mer, les amis, la famille, c’est pas suffisant pour être heureux !
On est aussi des malades du football. Quand il arrive le match de tous les dangers. ASSE-GALLIA, on dégoupille le mauvais sang et la mauvaise foi! Le match de tous les amours également. Parce que nous, on est pas des supporters comme tout le monde. On est amoureux de notre équipe. Alors, peut-être on est des malades mais on est comme ça. Des supporters à la puissance 200. C’est un journaliste parisien du journal l’Equipe qui avait ainsi qualifié notre enthousiasme (Chof, je parle encore frangaoui). Seulement, ce parote de journaliste, mesquin comme un pathos, y s’est contenté d’écrire qu’on était des supporters à la puissance 10. Qué 10 ! 200 parce que nous on aime d’amour et de chauvinisme nos couleurs et nos joueurs. Si y perdent, c’est obligatoirement de la faute de ce pourri d’arbitre qu’il a été acheté par l’équipe adverse. C’est jamais parce que les autres sont plus forts ! Et puis où il a vu l’arbitre qu’y avait penalty ?
Surtout qu’à l’aller, c’est le Gallia qui a gagné. Alors, personne il a envie de perdre la figure deux fois et de raser les murs pour éviter les sarcasmes des vainqueurs si jamais, ce qu’à Dieu ne plaise, (putain, je parle comme Victor Hugo !), le Gallia y gagnait.
Purée, ces matches, dé ! L’ambiance joyeuse et bon enfant qu’elle accompagne les spectateurs en route pour le stade de Saint-Eugène le long de l’avenue Malakoff, un véritable régal. Quand on a pas d’argent, on attrape la main de l’homme qui avance vers ceux qui déchirent les billets pour entrer à ouf. Souvent à la stupéfaction des hommes en question qui se retrouvent avec un ou plusieurs fils qui tombent du ciel. Des chitanes, quoi ! On court rejoindre notre place (on veut toujours la même place comme si elle est à nous) pour regarder les équipes réserves (c’est comme ça qu’on appelle les joueurs qui font banquette) Et quand, les joueurs de l’équipe première y sortent s’échauffer derrière les buts, plus personne y regarde le match des réservistes. Le c½ur battant (j’vous dis, on l’aime notre équipe- on admire nos joueurs et même si on attrape la colique de voir nos adversaires entrer sur le terrain, on est les plus forts.
Allez j’arrête de divaguer et je me replonge dans mon adolescence qu’elle m’énerve à me faire hésiter entre elle et mon enfance!
Mes voisines, rien qu’elles parlent de moi à ma mère en s’extasiant (C’est normal, beau je suis !) Total, elles passent la pommade pour que je leur fasse les commissions. A l’½il ! Passe pour ma mère mais, pour avoir mes services, y va leur falloir mettre la main à la poche. Et alors, j’suis en vacances, moi ! Tout se paie dans la vie, cette phrase, j’l’ai entendu dans un film avec Fernandel. Donc, j’ai le droit de la reprendre à mon compte. Ya pas de petit profit comme y dit mon oncle pour qui un sou, c’est un sou. C’est que les sous ça pousse pas sous les sabots d’un cheval. Bon je vais arrêter là les maximes du jour et je retourne à mon adolescence.
Mes frères, quand y me voient jouer au foot dans la rue avec les petits chitanes, y se moquent de moi.
--Tu vas jouer dans les rues jusqu’à quel âge ?
Et si j’ai envie de prolonger mon enfance, je fais du mal à qui ? Si je joue aux noyaux, à la toupie ou au taouète, qui je gêne ? Ça m’empêche pas de redevenir un adolescent qui aime les tétés (moins que Roland tout de même). Y sont marrants les grands avec leur besoin de mettre les habits du dimanche tous les jours et d’oublier le temps des premiers émois. Zarmah parce qu’ils sont devenus plus grands, leurs c½urs y battent pas au même rythme que quand y jouaient aux cow-boys et aux indiens. Tu montes, tu descends, tu restes le même. Tu es toujours le chitane qui se roulait parterre, qui plongeait pour empêcher un tir d’entrer dans le but, qui descendait à tombeau ouvert sur une carriole faite de bric et de broc. Je suis toujours le même et si, un jour, je deviens un autre, je m’jette au kassour. Houlà !
Je veux graver mes souvenirs dans le bronze pour que, jamais au grand jamais (ça c’est ma mère qui parle pour signifier que Azrine y vient, elle en démord pas !) j’oublie mon enfance. Une enfance sans argent certes -j’adore quand je fais l’intellectuel- mais avec des amis et des copains en pagaille. Que toujours on est une chiée plus quinze pour taper un match de quartier, qu’on se débrouille comme on peut pour se payer un cinéma et même qu’on fait pas une maladie si on a les poches vides. Quelle belle enfance que j’ai eue ! C’est la raison pour laquelle (de temps en temps ça me reprend de parler français) je veux la prolonger le plus longtemps possible. D’accord, à quarante ans, je promets de devenir grand ! Mais pas avant et tant pis si les cravatés qui croient être des intelligents, y me gonflent de temps en temps, je resterai toujours au fond de moi, un éternel enfant. C’est pas Henri Salvador qui a dit : je me suis arrêté de grandir à 12 ans ? Alors, qui c’est qui a raison. Je préfère ressembler à un enfant toute ma vie que partir à la recherche du temps perdu. WAOUH, cette phrase ! A mon avis c’est quelqu’un de balaise qui a écrit çà ! Je joue bien l’incrédule, hein ? Zarmah, je fais çuilà qui sait pas. Total, je connais que lui depuis que mon prof de français y nous a bassiné pour lire Marcel Proust. J’suis honnête, hein ! J’aurais pu me la jouer inspiré mais même si j’suis intelligent, jamais, au grand jamais (dix-it ma mère). j’aurais pu faire croire que cette phrase, elle est sortie de ma tête de brèle.
Le : 22/11/2022 11:14
En lisant(avec l'accent) le texte de Hubert,j'ai pris un coup de jeune.
Ma parole,je me suis vu,60 ans en arrière, sur l'avenue de le Bouzareah,a faire
comme il dit:l'andar et vinir.
Ceux qui comprennent pas le pataouète,tant pis pour eux,nous autres, on adore,
c'est notre langue maternelle.
Merci encore pour ce bain de jouvence(zarma,moi aussi,je peux parler français.
Amitiées à tous...
Ma parole,je me suis vu,60 ans en arrière, sur l'avenue de le Bouzareah,a faire
comme il dit:l'andar et vinir.
Ceux qui comprennent pas le pataouète,tant pis pour eux,nous autres, on adore,
c'est notre langue maternelle.
Merci encore pour ce bain de jouvence(zarma,moi aussi,je peux parler français.
Amitiées à tous...
Le : 22/11/2022 09:50
Extrait de MES SOUVENIRS D'EN FACE tome 2- " L'été de mes quinze ans "de hubert zakine.
Avec Roland, on se balade avenue de la Bouzaréah, on tape l’andar et venir comme on dit à Bab El Oued. Rien qu’y parle et moi, rien que j’l’écoute pas.
Je continue de rêver. Putain, peut-être j’suis amoureux ? Ça rend si babao que ça, l’amour ? Purée, alors tous les gens qui se marient, c’est des babaos ? Aouah, c’est pas possible ! Y a un bin’s que je comprends pas. Je peux pas en parler à Roland, y va se moquer de moi. En plus, y va se bidonner et il aura raison. Aussi, j’ai besoin de penser déjà aux filles ? C’est que ça me travaille, hein ! A savoir si mes frères y sont amoureux, les pauvres !
Allez, j’arrête de penser à ça ! D’abord parce que Roland y parle dans le vide et aussi parce qu’il évoque le match qui se profile à l’horizon : ASSE-GALLIA. Autant dire Moïse contre Ramsès, les indiens contre les cow-boys, David contre Goliath, Docteur Jekyll contre Mister Hyde. Ça m’en toucherait une sans faire bouger l’autre si Roland il était pas du Gallia et moi de l’ASSE.
Alors, imaginez le dilemme ! Si on n’étaient pas intelligents, rien qu’on se battrait comme des chiffonniers. Les supporters des rouge et blanc y se régalent d’avance de la tannée que vont prendre les coqs algérois qui disent rien mais que total ils en pensent pas moins. Bien faire et laissez dire, c’est leur devise.
Ça leur sert à rien de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Si jamais, le Gallia y l’emporte, les saint-eugénois y vont avoir les oreilles qui sifflent pendant des semaines alors mieux je reste sur une prudente réserve. Et comme Roland, il a oublié d’être r’mar, lui aussi, y préfère rester mon ami et pas m’énerver.
Aussi, il avait besoin d’être du Gallia, ce parote? Tu sais ces gallistes, hein ! Enfin, ça fait rien, c’est mon ami même s’il supporte le Gallia. Total, j’t’en prie, comme son cousin il était supporteur du Gallia, alors lui, comme un badjej, il est du Gallia. Si son cousin, il avait été de l’équipe de Tataouine, il l’aurait suivi. J’lui dis pas à Roland ou sinon, la guerre de cent ans, elle reprend illico..
Depuis la maternelle, nous deux, on est Sécotine et compagnie. Tout ça parce que nos mères elles étaient copines depuis l’école de filles de la rue Marengo.
A cette époque, y se prenait pour Hopalong Cassidy. Tout ça parce que son père, il lui avait acheté une panoplie de cow-boy avec chapeau, étoile de shérif, ceinture pistolets et tutti quanti. Mon Roland, du jour au lendemain, il était passé du petit enfant sage à la terreur du Far West. C’est qu’en plus, il était pas content quand je préférais taper dans une balle que tuer les indiens ! Vers six, sept ans, il a rangé son lasso et ses révolvers pour s’intéresser aux écolières de la rue Rochambeau mais comme y rougissait quand sa voisine elle lui parlait, y préférait raser les murs quand il était seul. Il devenait normal à partir du moment où on était deux…..ou douze……ou vingt-quatre –je pourrais aller jusqu’à deux mille, remplir des pages et des pages si j’étais samote-.
Il a arrêté de rougir devant la petite Camille-les –gros-tétés. Tellement qu’il avait envie de les regarder de près, qu’il a laissé tomber sa timidité.
--On dirait qu’elle a deux ballons de foot à la place des tétés!
--Tu sais une fille, c’est pas seulement deux tétés, hein !
--Qué j’m’en fous du reste !
Yaré Roland ! J’en connais qui passent toute l’après-midi à suivre les filles dans la rue pour mater. Des obsédés, j’vous dis ! Bouh, j’espère que Roland y va pas devenir comme eux ou sinon on va me prendre pour un vicieux. C’est vrai, on dit pas qui se ressemble s’assemblent. Ouais, je sais si j’avais envie de faire du genre, je dirais : ne dit-on pas qui se ressemble, s’assemblent. Zarmah, je sais pas. Zarmah, je suis un illettré ; oh, je suis pas né de la dernière pluie, moi ! J’ai usé mes culottes sur les bancs de l’école Rochambeau, tout ça pour dire que je suis pas la moitié d’un plouc ! Regarde les, ces lecteurs qui comprennent pas que j’écris en pataouète de la rue, qu’on parlait avec une syntaxe qu’elle s’en foutait du tiers comme du quart du français grammatical. Si j’ai envie d’écrire dans la langue de Cagayous plutôt que celle de Lamartine, j’ai le droit, non !
Purée, qu’est-ce que j’ai à m’énerver tout seul alors que personne, il a protesté. Même pas, j’ai reçu une lettre anonyme pour m’invectiver (quand j’suis énervé, je parle français !), même pas une lectrice, elle m’a fait le moindre reproche, je me perds en conjectures (chof, comme j’écris quand je veux !).
Allez va, plus rien, je dis. Même, si je trépigne parce que ma langue natale, mon parler Bab El Ouédien qui se parle avec les mains, avec le c½ur et avec cet accent qui ressemble à aucun autre, il a rien à envier aux dialectes pathos. Mieux, je respire profondément pour me calmer ou sinon, j’fais un malheur !
Total, je fais zbérote ! Putain de bon acteur que j’suis ! C’est pas vrai, j’suis pas en colère et puis, la vérité, le livre, même pas il est sorti, alors comment le lecteur y peut le critiquer ? J’suis malin, hein ! Ecrire des pages et des pages pour rien dire, la classe !
J’suis comme les politiques qui parlent pour des prunes aux poires que sont les électeurs. Ces hommes et ces femmes, qui nous bassinent à longueur d’années, y feraient mieux d’aller se faire cuire un ½uf que de tenter de nous prendre pour des bananes. Fermons la parenthèse culinaire.
Hubert Zakine
Avec Roland, on se balade avenue de la Bouzaréah, on tape l’andar et venir comme on dit à Bab El Oued. Rien qu’y parle et moi, rien que j’l’écoute pas.
Je continue de rêver. Putain, peut-être j’suis amoureux ? Ça rend si babao que ça, l’amour ? Purée, alors tous les gens qui se marient, c’est des babaos ? Aouah, c’est pas possible ! Y a un bin’s que je comprends pas. Je peux pas en parler à Roland, y va se moquer de moi. En plus, y va se bidonner et il aura raison. Aussi, j’ai besoin de penser déjà aux filles ? C’est que ça me travaille, hein ! A savoir si mes frères y sont amoureux, les pauvres !
Allez, j’arrête de penser à ça ! D’abord parce que Roland y parle dans le vide et aussi parce qu’il évoque le match qui se profile à l’horizon : ASSE-GALLIA. Autant dire Moïse contre Ramsès, les indiens contre les cow-boys, David contre Goliath, Docteur Jekyll contre Mister Hyde. Ça m’en toucherait une sans faire bouger l’autre si Roland il était pas du Gallia et moi de l’ASSE.
Alors, imaginez le dilemme ! Si on n’étaient pas intelligents, rien qu’on se battrait comme des chiffonniers. Les supporters des rouge et blanc y se régalent d’avance de la tannée que vont prendre les coqs algérois qui disent rien mais que total ils en pensent pas moins. Bien faire et laissez dire, c’est leur devise.
Ça leur sert à rien de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Si jamais, le Gallia y l’emporte, les saint-eugénois y vont avoir les oreilles qui sifflent pendant des semaines alors mieux je reste sur une prudente réserve. Et comme Roland, il a oublié d’être r’mar, lui aussi, y préfère rester mon ami et pas m’énerver.
Aussi, il avait besoin d’être du Gallia, ce parote? Tu sais ces gallistes, hein ! Enfin, ça fait rien, c’est mon ami même s’il supporte le Gallia. Total, j’t’en prie, comme son cousin il était supporteur du Gallia, alors lui, comme un badjej, il est du Gallia. Si son cousin, il avait été de l’équipe de Tataouine, il l’aurait suivi. J’lui dis pas à Roland ou sinon, la guerre de cent ans, elle reprend illico..
Depuis la maternelle, nous deux, on est Sécotine et compagnie. Tout ça parce que nos mères elles étaient copines depuis l’école de filles de la rue Marengo.
A cette époque, y se prenait pour Hopalong Cassidy. Tout ça parce que son père, il lui avait acheté une panoplie de cow-boy avec chapeau, étoile de shérif, ceinture pistolets et tutti quanti. Mon Roland, du jour au lendemain, il était passé du petit enfant sage à la terreur du Far West. C’est qu’en plus, il était pas content quand je préférais taper dans une balle que tuer les indiens ! Vers six, sept ans, il a rangé son lasso et ses révolvers pour s’intéresser aux écolières de la rue Rochambeau mais comme y rougissait quand sa voisine elle lui parlait, y préférait raser les murs quand il était seul. Il devenait normal à partir du moment où on était deux…..ou douze……ou vingt-quatre –je pourrais aller jusqu’à deux mille, remplir des pages et des pages si j’étais samote-.
Il a arrêté de rougir devant la petite Camille-les –gros-tétés. Tellement qu’il avait envie de les regarder de près, qu’il a laissé tomber sa timidité.
--On dirait qu’elle a deux ballons de foot à la place des tétés!
--Tu sais une fille, c’est pas seulement deux tétés, hein !
--Qué j’m’en fous du reste !
Yaré Roland ! J’en connais qui passent toute l’après-midi à suivre les filles dans la rue pour mater. Des obsédés, j’vous dis ! Bouh, j’espère que Roland y va pas devenir comme eux ou sinon on va me prendre pour un vicieux. C’est vrai, on dit pas qui se ressemble s’assemblent. Ouais, je sais si j’avais envie de faire du genre, je dirais : ne dit-on pas qui se ressemble, s’assemblent. Zarmah, je sais pas. Zarmah, je suis un illettré ; oh, je suis pas né de la dernière pluie, moi ! J’ai usé mes culottes sur les bancs de l’école Rochambeau, tout ça pour dire que je suis pas la moitié d’un plouc ! Regarde les, ces lecteurs qui comprennent pas que j’écris en pataouète de la rue, qu’on parlait avec une syntaxe qu’elle s’en foutait du tiers comme du quart du français grammatical. Si j’ai envie d’écrire dans la langue de Cagayous plutôt que celle de Lamartine, j’ai le droit, non !
Purée, qu’est-ce que j’ai à m’énerver tout seul alors que personne, il a protesté. Même pas, j’ai reçu une lettre anonyme pour m’invectiver (quand j’suis énervé, je parle français !), même pas une lectrice, elle m’a fait le moindre reproche, je me perds en conjectures (chof, comme j’écris quand je veux !).
Allez va, plus rien, je dis. Même, si je trépigne parce que ma langue natale, mon parler Bab El Ouédien qui se parle avec les mains, avec le c½ur et avec cet accent qui ressemble à aucun autre, il a rien à envier aux dialectes pathos. Mieux, je respire profondément pour me calmer ou sinon, j’fais un malheur !
Total, je fais zbérote ! Putain de bon acteur que j’suis ! C’est pas vrai, j’suis pas en colère et puis, la vérité, le livre, même pas il est sorti, alors comment le lecteur y peut le critiquer ? J’suis malin, hein ! Ecrire des pages et des pages pour rien dire, la classe !
J’suis comme les politiques qui parlent pour des prunes aux poires que sont les électeurs. Ces hommes et ces femmes, qui nous bassinent à longueur d’années, y feraient mieux d’aller se faire cuire un ½uf que de tenter de nous prendre pour des bananes. Fermons la parenthèse culinaire.
Hubert Zakine
Le : 17/11/2022 18:09
En réponse à Said.
C'est sûr que la configuration n'est pas la même pour le bar Escobedo car tant d'années se sont écoulées et le nouveau patron l'a décoré autrement.
C'est sûr que la configuration n'est pas la même pour le bar Escobedo car tant d'années se sont écoulées et le nouveau patron l'a décoré autrement.
Le : 17/11/2022 17:12
J'ai oublié de citer le propriétaire du Triolet,Mr Mercadal.En ce lieu nombreux mariages,communions,banquets etc se sont déroulés.Souvenirs,souvenirs..........
Le : 17/11/2022 17:05
Merçi Mr Billota,pour l'histoire de l'Oued M'KAcel,et du Triolet.Natif de la Cité Scotto-Nadal,cet oued était en bordure de la cité,et pour nous enfants,c'est vrai,c'était un spectacle,cet oued parfois trés en colère!!l'hiver.
Face au triolet,le jeu de boules (lyonnais)ou nos grands champions se rencontrés,les frères Carrio,Domenech,Coranti,les frères Liminana,entre autres.
Bravo,encore pour votre récit...................
Face au triolet,le jeu de boules (lyonnais)ou nos grands champions se rencontrés,les frères Carrio,Domenech,Coranti,les frères Liminana,entre autres.
Bravo,encore pour votre récit...................
Le : 17/11/2022 11:24
Saïd bonjour.
Suite à votre message je voudrais bien avoir des précisions sur le bar Escobedo rue Montaigne et Barra.
Je vous ai adressé un message par le biais de l'enveloppe.
Suite à votre message je voudrais bien avoir des précisions sur le bar Escobedo rue Montaigne et Barra.
Je vous ai adressé un message par le biais de l'enveloppe.
Le : 16/11/2022 15:58
Bonjour
il y 'a une erreur concernant la photo du bar des 4 as à bab el oued
au sujet de la photo prise par nacéra addadahine le 30/12/2016.
il y 'a une erreur concernant la photo du bar des 4 as à bab el oued
au sujet de la photo prise par nacéra addadahine le 30/12/2016.
Le : 16/11/2022 09:48
Que de souvenirs !
Mon père avait sa "menuiserie ébénisterie du moulin" entre le Triolet et le garage de Denis.
Mon père avait sa "menuiserie ébénisterie du moulin" entre le Triolet et le garage de Denis.
Le : 16/11/2022 08:55
ARTICLE DE MON BLOG....hubertzakine.blogspot.com.
LE TRIOLET DE JEAN BRUNE
L'oued, c'est l'oued M'Kacel qui descend du Frais-Vallon, vert, boisé, humide. Au Climat-de-France, il est rejoint par l'oued Lezhar. L'eau en est belle et vive et les lavandières y savonnent un linge qu'elles tendent sur l'herbe. Au-dessus, sur les flancs de la Bouzaréa, des Maltais ont trouvé les maigres pâturages indispensables à leurs chèvres qui parfois descendent chercher fortune jusque dans le trou Bonnifay où s'élève un superbe bellombra dont les vieux se souviendront longtemps.
Presque tous les ans, lors des grosses pluies d'automne, quand les cadavres de l'été obstruent caniveaux, buses et gouttières, l'oued M'Kacel déborde et inonde les bas quartiers du Pont. On en a pris l'habitude, malgré la menace pour les maisons de torchis hautes à peine d'un étage comme toutes celles de Bab-El-Oued.
Le pont, près de l'embouchure, s'appelle aussi Barchicha, du nom d'une chapelle ou d'un tombeau israélite bâti sur un tertre...
L'oued fait régulièrement des siennes rue Fourchault, entre les Trois-Horloges et l'église Saint-Louis actuelle, en inondant les écuries Jaubert. Chaque automne ou presque, il faut sauver les percherons de la noyade et tirer au sec les galères, ces lourds chariots aux roues arrière plus hautes que les roues avant qui transportent la pierre sur les chantiers et sur le Front-de-mer alors en construction de l'Amirauté aux portes Bab-Azoun...
Le moulin Saint-Louis est une autre nouveauté. Au Climat-de-France, un Maltais entreprenant, M. Axiach, a monté son installation à cylindres. Cent mètres plus haut, sur la confluence des oueds M'Kacel et Lezhar, il a jeté un petit barrage -que tout le monde appelle en espagnol le pantano- pour retenir les eaux et régulariser leur débit...
On croit en avoir fini avec les inondations, l'administration ayant en 1874 fait canaliser la rivière entre le trou Bonnifay et la mer, et les travaux ayant été réalisés par M. Jaubert. Au moment de payer l'entrepreneur, on s'aperçoit qu'il n'y a plus de crédits!
En dédommagement, on lui donne la rue Franklin ou plutôt le terrain vague sur lequel elle sera tracée plus tard et qui, dans ses limites, englobe un vieux cimetière israélite.
L'oued ne s'est pas cru quitte pour autant: en 1900, il sort de son lit, menace de faire fondre comme sucre les maisons de torchis et de noyer les cigarières -Bab-El-Oued ignore la cigarette et ne fume que le cigare- qui chaque jour se rendent à la fabrique Berthomeu, en face du bain des familles. Elles se déplacent en bandes joyeuses, vêtues de sombre, portant un petit tablier de satinette noire...
L' Oued descendait des "gorges" qui séparent les hauteurs d'El-Biar de celle de la Bouzaréa.. et que nous appelons aujourd'hui le Frais Vallon. Il passait assez près de l'emplacement actuel de l'église St-Louis, frôlait les Trois-Horloges et le marché... l'arrêt des T.A. et le Bar Olympique et courait se jeter à la mer sensiblement en face de ce qui est aujourd'hui la gare désaffectée de Bab-el-Oued. Naturellement il n'y avait alors ni horloges, ni église St-Louis, ni Bar Olympique. La seule église était l'église St-Joseph, construite vers 1870, devant un terrain vague qui devait devenir la place Lelièvre... et qui garde un souvenir ému du jour lointain où Cagayous s'y est marié avant de s'en aller en voyage de noces à l'Hôtel du Jardin d'Essai, dont il ne reste que les palmiers au bord d'une plage déshonorée par les usines.
Quand l'oued débordait, tout le quartier qui va de la rue Fourchault à la mer était inondé par une crue qui transportait autant de tonnes d'eau que de détritus. C'était inconcevable.
Vers 1874, on décide de couvrir l'oued pour s'en protéger. C'était condamner le délinquant à la prison perpétuelle. M. Jaubert, le propriétaire des fameuses carrières, fut chargé de cette incarcération. Il accomplit son ½uvre en deux étapes. Un premier tronçon couvrit l'oued depuis la mer jusqu'à l'arrêt actuel des T.A. face au Bar Olympique. Puis on marqua un temps d'arrêt faute de crédits.
... et le Moulin. Entre temps, un maltais astucieux nommé Axiach, eut l'idée d'utiliser l'oued pour entraîner les roues à aubes d'un moulin. Ainsi naquit "Le Moulin", tellement paradoxal de ce côté-ci de la Méditerrannée que Bab-el-Oued s'en souvient encore.
Crée vers 1880, le Moulin atteignit le sommet de sa prospérité vers 1900. Mais en 1900 aussi, M. Jaubert parvint à couvrir le deuxième tronçon de l'Oued maudit.
Le Moulin s'achemina doucement vers sa ruine. Il figurait une ébauche pour une future cité industrielle qui ne vit jamais le jour parce que les terrains mieux disposés d'Hussein-dey et de l'Harrach naissaient aux réalités économiques.
Il reste du Moulin un souvenir confus, vaguement inquiétant... quelque chose comme une légende du pays du Rhin... Et Bab-el-Oued murmure qu'ayant été maudites puis vendues, les machines du Moulin furent chargées sur un cargo norvégien qui se perdit corps et bien dans une tempête.
Le moulin ayant frappé trop violemment l'imagination du faubourg pour que le faubourg puisse croire qu'il avait disparu à jamais.
Bab-el-Oued, délivré des caprices de son oued, en fit une prodigieuse attraction pour ses "poulbots"... et les générations d'enfants du faubourg ont couru derrière des porteurs de torches sous les voûtes construites par M. Jaubert.
LE TRIOLET DE JEAN BRUNE
L'oued, c'est l'oued M'Kacel qui descend du Frais-Vallon, vert, boisé, humide. Au Climat-de-France, il est rejoint par l'oued Lezhar. L'eau en est belle et vive et les lavandières y savonnent un linge qu'elles tendent sur l'herbe. Au-dessus, sur les flancs de la Bouzaréa, des Maltais ont trouvé les maigres pâturages indispensables à leurs chèvres qui parfois descendent chercher fortune jusque dans le trou Bonnifay où s'élève un superbe bellombra dont les vieux se souviendront longtemps.
Presque tous les ans, lors des grosses pluies d'automne, quand les cadavres de l'été obstruent caniveaux, buses et gouttières, l'oued M'Kacel déborde et inonde les bas quartiers du Pont. On en a pris l'habitude, malgré la menace pour les maisons de torchis hautes à peine d'un étage comme toutes celles de Bab-El-Oued.
Le pont, près de l'embouchure, s'appelle aussi Barchicha, du nom d'une chapelle ou d'un tombeau israélite bâti sur un tertre...
L'oued fait régulièrement des siennes rue Fourchault, entre les Trois-Horloges et l'église Saint-Louis actuelle, en inondant les écuries Jaubert. Chaque automne ou presque, il faut sauver les percherons de la noyade et tirer au sec les galères, ces lourds chariots aux roues arrière plus hautes que les roues avant qui transportent la pierre sur les chantiers et sur le Front-de-mer alors en construction de l'Amirauté aux portes Bab-Azoun...
Le moulin Saint-Louis est une autre nouveauté. Au Climat-de-France, un Maltais entreprenant, M. Axiach, a monté son installation à cylindres. Cent mètres plus haut, sur la confluence des oueds M'Kacel et Lezhar, il a jeté un petit barrage -que tout le monde appelle en espagnol le pantano- pour retenir les eaux et régulariser leur débit...
On croit en avoir fini avec les inondations, l'administration ayant en 1874 fait canaliser la rivière entre le trou Bonnifay et la mer, et les travaux ayant été réalisés par M. Jaubert. Au moment de payer l'entrepreneur, on s'aperçoit qu'il n'y a plus de crédits!
En dédommagement, on lui donne la rue Franklin ou plutôt le terrain vague sur lequel elle sera tracée plus tard et qui, dans ses limites, englobe un vieux cimetière israélite.
L'oued ne s'est pas cru quitte pour autant: en 1900, il sort de son lit, menace de faire fondre comme sucre les maisons de torchis et de noyer les cigarières -Bab-El-Oued ignore la cigarette et ne fume que le cigare- qui chaque jour se rendent à la fabrique Berthomeu, en face du bain des familles. Elles se déplacent en bandes joyeuses, vêtues de sombre, portant un petit tablier de satinette noire...
L' Oued descendait des "gorges" qui séparent les hauteurs d'El-Biar de celle de la Bouzaréa.. et que nous appelons aujourd'hui le Frais Vallon. Il passait assez près de l'emplacement actuel de l'église St-Louis, frôlait les Trois-Horloges et le marché... l'arrêt des T.A. et le Bar Olympique et courait se jeter à la mer sensiblement en face de ce qui est aujourd'hui la gare désaffectée de Bab-el-Oued. Naturellement il n'y avait alors ni horloges, ni église St-Louis, ni Bar Olympique. La seule église était l'église St-Joseph, construite vers 1870, devant un terrain vague qui devait devenir la place Lelièvre... et qui garde un souvenir ému du jour lointain où Cagayous s'y est marié avant de s'en aller en voyage de noces à l'Hôtel du Jardin d'Essai, dont il ne reste que les palmiers au bord d'une plage déshonorée par les usines.
Quand l'oued débordait, tout le quartier qui va de la rue Fourchault à la mer était inondé par une crue qui transportait autant de tonnes d'eau que de détritus. C'était inconcevable.
Vers 1874, on décide de couvrir l'oued pour s'en protéger. C'était condamner le délinquant à la prison perpétuelle. M. Jaubert, le propriétaire des fameuses carrières, fut chargé de cette incarcération. Il accomplit son ½uvre en deux étapes. Un premier tronçon couvrit l'oued depuis la mer jusqu'à l'arrêt actuel des T.A. face au Bar Olympique. Puis on marqua un temps d'arrêt faute de crédits.
... et le Moulin. Entre temps, un maltais astucieux nommé Axiach, eut l'idée d'utiliser l'oued pour entraîner les roues à aubes d'un moulin. Ainsi naquit "Le Moulin", tellement paradoxal de ce côté-ci de la Méditerrannée que Bab-el-Oued s'en souvient encore.
Crée vers 1880, le Moulin atteignit le sommet de sa prospérité vers 1900. Mais en 1900 aussi, M. Jaubert parvint à couvrir le deuxième tronçon de l'Oued maudit.
Le Moulin s'achemina doucement vers sa ruine. Il figurait une ébauche pour une future cité industrielle qui ne vit jamais le jour parce que les terrains mieux disposés d'Hussein-dey et de l'Harrach naissaient aux réalités économiques.
Il reste du Moulin un souvenir confus, vaguement inquiétant... quelque chose comme une légende du pays du Rhin... Et Bab-el-Oued murmure qu'ayant été maudites puis vendues, les machines du Moulin furent chargées sur un cargo norvégien qui se perdit corps et bien dans une tempête.
Le moulin ayant frappé trop violemment l'imagination du faubourg pour que le faubourg puisse croire qu'il avait disparu à jamais.
Bab-el-Oued, délivré des caprices de son oued, en fit une prodigieuse attraction pour ses "poulbots"... et les générations d'enfants du faubourg ont couru derrière des porteurs de torches sous les voûtes construites par M. Jaubert.