pied noir

Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Liste des messages

De : Jean-Pierre CHICHEEnvoyer un mail

Le : 28/11/2007 18:56

Bonsoir,
Je me souviens qu'à la Rue Rochambeau il y avait une petite boulangerie qui fabriquait une fois par semaine environ une sorte de gâteau salé très bon et très bouratif qui s'appelait de la "Calentita". Si quelqu'un connait la recette exacte de ce produit, que ce soit les ingrédients choisis comme les quantités necessaires, cela me ferait plaisir de la connaitre.
Merci d'avance pour les bonnes choses...
Jean-Pierre

 

De : MerzakEnvoyer un mail

Le : 28/11/2007 18:02


Pour TRIVES

Merci André pour cette ballade à travers le temps.
Cordialement Tamene Merzak.

 

De : André TRIVESEnvoyer un mail

Le : 28/11/2007 16:13

LES ODEURS ET LES SAVEURS DE MON ENFANCE
S'il est bien une mémoire qui demeure intacte et vous revient tout le temps comme un soleil qui vous caresse de plaisir chaque printemps, c'est celle qui se constitue des odeurs et saveurs de son enfance. Et être un enfant de Bab el Oued, le quartier qui a inventé le mot "simplicité", c'était être curieux de tout, écouter l'expérience des anciens, étreindre à bras le corps l'amitié des copains, sentir jusqu'à l'enivrement, goûter aux plaisirs sans modération; en un mot mettre à profit nos cinq sens pour découvrir, apprendre et comprendre la vie.
Chaque jour, dès le matin avec le marché qui installait ses étals et les commerces qui levaient leur rideau de fer, une atmosphère olfactive puissante se répandait dans les rues: c'était l'odeur du pain chaud et des plaques de calentita et de pizza au sortir des fournils, des mounas brûlantes recouvertes d'un linge que nos mamans ramenaient de la boulangerie, du vin en tonneau que l'on tirait au détail, des épices alignées en tas multicolores et des barils de salaison du"moutchou", des effluves irritantes de la naphtaline, des cristaux de soude et de l'alcool à brûler vendus en vrac et à l'air libre, du camphre et de l'alcool à 90° embaumant la pharmacie de monsieur Marcel, du " ça sent bon"(eau de cologne) vaporisée copieusement dans les salons de coiffure, des parfums et eaux de toilette de la fabrique Zaoui endimanchant les rues Normandie et Cardinal Verdier, des amandes s'habillant de sucre blanc dans les marmites rotatives de la fabrique de dragées rue Rochambeau, des émanations fortes d'alcool et d'anisette imprégnant les alentours des distilleries Gras et Phoenix, du tabac à fumer, à priser ou à chiquer des manufactures Bastos ou Mélia, des teintures acres des cordonniers, des fleurs qui décoraient les étals de la place de l'Alma, des plumes virevoltantes des volailles criant leur agonie dans les mains expertes de Kader, de la motte de "smen" et du petit lait de Nia dessinant une moustache blanche à ses clients assoiffés, sans oublier Blanchette avec sa toque de chef maniant une longue tige de fer pour cuire ses beignets tournoyants dans l'huile frissonante.
Ainsi, je pouvais retrouver mon chemin les yeux fermés.
Mais c'était en soirée que des senteurs alléchantes envahissaient la rue; elles provenaient des bars qui se lançaient un véritable concours de KEMIA pour attirer une clientèle devenue exigeante. Elle était servie dans des assiettées bien remplies que l'on appelait "à la tonne" et on y dégustait: des fritures de sardines, petits rougets, merlans, mange-tout, calamars nature ou en beignets, sépia au noir, coquillages crus ou cuits, fêves au coumoune, tramous, bliblis, cacahuètes, salades de tomates, de pommes de terre, de concombres, de pois chiches, olives cassées, poivrons et variantes au vinaigre. La tradition de la kémia était un fait de société unique au monde et l'on venait de très loin pour boire un coup à Bab el Oued où boire plusieurs coups se disait" tomber dans une embuscade". Enfin la particularité à remarquer c'est que toutes ces victuailles étaient gracieusement offertes, et nous les jeunes avec un crush ou une gazouz grenadine et une ventrée de kémia on allait voir en soirée un western au Marignan ou au Plazza le ventre apaisé.
Les rues sentaient la fête avec des odeurs appétissantes qui gagnaient les trottoirs des avenues des Consulats, de la Bouzaréa ou de la Bassetta: c'étaient les brochettes de ris et de coeur du réputé Guedj qui titillaient nos narines avec ses fumées qui faisaient saliver à cent mètres à la ronde, le hasban et la rate farcie de Pépète de la Grande Brasserie dont la cuisine était celle des mamans juives, la vanille et le citron du fameux créponé qui attiraient une foule de gourmands chez les fabricants de crèmes glacées tels Grosoli, Di Miglio, Roma-glace ou La Princesse, les kiosques à frites ou à beignets italiens étaient encerclés par une horde d'affamés, les gateaux au miel et aux amandes pilées nous faisaient vérifier le sens de l'expression"avoir l'eau à la bouche", le thé à la menthe servi dans la tradition au café de l'Etoile Blanche, sans oublier le vendeur à la sauvette de jasmin proposant des colliers de fleurs ou des petits bouquets que l'on plaçait derrière l'oreille.
Suivant les saisons, des carrioles à bras parcouraient les rues et nous gratifiaient de petits plaisirs comme seuls les gens simples en sont capables; alors la rue s'animait d'odeurs et de couleurs: les épis de maïs grillé sur un kanoun, les figues de barbarie que la marchand débarrassait habilement de la peau et des piquants et que l'on dégustait sur place, les jujubes vendus dans un cornet en papier, le vendeur de cacahuètes salées toutes chaudes dans son petit panier en raphia et chantant" cacahuètes, guermech..", sans oublier Tonette et sa corbeille d'oursins parfumée d'iode qu'il avait fait au Petit Bassin le matin même ( Chez nous on ne pêche pas les oursins; on les fait.)
La joie était dans la rue. Comment oublier ces modestes marchands ambulants qui offraient ce spectacle des saveurs et aussi une façon de nous rendre la vie moins difficile: il y avait le vendeur de "kikilomètre" et son caramel enrubanné autour d'une canne en roseau, rameutant le quartier avec une trompette au son nasillard, faisant le délice des enfants. Le marchand d'oublis ajoutant une chance de gagner des oublis supplémentaires en nous faisant tourner une roue de loterie numérotée placée sur le couvercle du container en métal. L'été, c'était le glacier itinérant qui vendait une crème glacée qu'il formait en parallélépipède rectangle maintenu par deux gauffrettes. Il était la bête noire de notre directeur de l'école de la Place Lelièvre, Mr Nadal, qui lui reprochait l'hygiène de son procédé. Mais pour nous les enfants, c'était sucré donc délicieux; alors on criait à nos mères restées en étage:" Maannmaann ! lances-moi une pièce de vingt sous", et la réponse était fulgurante:" Mon fiiilllsss, la banque elle est fermée"
A la réflexion, ce ne sont pas les odeurs et les saveurs en tant que telles qui restent en moi, mais plutôt l'expression d'un mode de vie particulier adopté par tous depuis des générations. Un peuple nouveau était né, plein d'imagination et de débrouillardises; il se construisait goutte à goutte comme une puissante stalactite décorant le plafond d'une grotte souterraine, mais tout aussi fragile que le calcaire qui la compose. Ce petit peuple de gens simples et modestes croyait dans la pièce de la vie méditerranéenne qu'il jouait au quotidien dans le grand théatre de la rue à Bab el Oued; son enthousiasme le rendait-il aveugle? peut-être...mais une chose est sûre, il était l'addition des différences et s'enrichissait justement de la valeur de ces différences.

 

De : bernadetteEnvoyer un mail

Le : 28/11/2007 15:43

Bonjour à tous,
je vois que le message que j'adresse à momo, tout simplement à fait des réponses, réligieux, l'autre tapis rouge, l'autre beaucoup d'autres sont déjà venu avec un avis perso....Il est vrai que le site à beaucoup de réponse critique et politique .Je ne crois pas qu'il faille le tapis rouge pour qui que ce soit? tout simplement soyons entre nous, mais cela est trop demandés à certains.......comment voulez-vous continuer avec des réponses sortides......

 

De : Lyes-RuisseauEnvoyer un mail

Le : 28/11/2007 10:09

Bien des celebrites (Bedos, Hanin , Brialy , Arcady etc...) et des anonymes (dont j'ai heberge certains) ont fait le voyage sur la terre qui les a vu naitre. Enrico Macias veut une invitation officielle , avec tapis rouge etc..C'est different.

 

De : sauveurEnvoyer un mail

Le : 28/11/2007 09:43


Sur les journaux algeriens, j'ai lu qu'Enrico MACIAS etait persona non grata pendant le voyage de Sarkozy en Algerie
Monsieur Bouteflika n'ayant pas changé d'avis

 

De : bernadetteEnvoyer un mail

Le : 27/11/2007 20:32

message pour momo
nous nous sommes rencontrés, lors de mon voyage à ALGER en novembre 2006 avec Jean Louis, Gisèle, tu dis que les journaux annoncent Enrico, Sarkosy sur le sol d'Alger, et bien je suis trés contente qu'il puisse revenir puisque jusqu'a présent cela lui était interdit...
cher momo, donne le bonjour à ta femme, et ton cousin ainsi qu'a sa famille je pense qu'il y a eu le mariage de son fils...
Nous avons eu une belle cérémonie et commémoration pour les 45 ans d'éxode, vraiment la Mairie de Marseille ne nous a pas oubliés.

 

De : sauveurEnvoyer un mail

Le : 27/11/2007 11:36

Bonjour
Ce message va paraître incongru apres les emouvants temoignages des participants àla cérémonie de Perpignan
Merci pour nos amis qui recoltent des adresses des commerçants vendant des produits comme chez nous et qui nous les communiquent,qui les partagent

 

De : christiane coppaEnvoyer un mail

Le : 26/11/2007 17:16

Rectification au message de mon ami Henri LAZARO

Les noms sont gravés sur du BRONZE, il y a 2 plaques de marbre avec les inscriptions de 2 écrivain (Jean Brune et Chateaubriand) entre ses 2 plaques il y a une sculpture en BRONZE la même qui a était mise sur le déplilant.

Comme je suis bloquée sur mon timoblog pour mettre les photos, j'attends que Christian ou Sébastien me dépanne.

Bisous

 

De : Henri LAZAROEnvoyer un mail

Le : 26/11/2007 14:18

J'ai trouvé ce témoignage troublant, une pensée pour nos disparus qui y ont cru jusqu'au bout...........

Mur des Disparus : recueillement à Perpignan

Le coeur serré par l'émotion, les plus proches parents de ceux dont le nom a été gravé dans le marbre du Mur des disparus ont laissé libre cours à leur détresse. Après 45 ans de silence, entre pudeur et cri du coeur, ils ont laissé leurs larmes dire ce que les mots sont impuissants à exprimer.

Cher papa. Je me souviendrai toujours de cette journée du 20 juin 1962. J'avais dix ans, tu en avais quarante..."
Cher papa : deux mots simples brisent le silence. Restent suspendus dans l'air, malgré les efforts d'une tramontane prête à les emporter au loin. Ébranlent ces corps jusque-là drapés dans une dignité douloureuse. Et finissent par distordre ces visages, qui s'étaient pourtant promis de rester forts.
L'histoire de ce petit garçon, écrivant à cette ombre qui a pour nom papa, c'est la leur. Celle de leur propre père, de leur mère. De leur grand-père ou de leur femme. De leur oncle, cousine, ami, fiancé. L'histoire de ce bout de leur vie dont ils se sentent amputés... "Nous ne saurons jamais si tu es mort, où, et comment, et si tu as souffert !" La voix se brise derrière le micro. Les larmes débordent des lunettes noires. Et même sous les couvertures de survie, seules taches d'or dans un océan de grisaille, on distingue clairement les reliefs que forment ces mains qui se serrent.
"Je m'étais promis de ne pas pleurer"
"Juin 1962... novembre 1956... avril 1962... printemps 1957... juillet 1962..." La litanie semble ne pas avoir de fin. Noms. Lieux. Dates. Âges. Pris au hasard d'une liste tissée de drames. Évocation de fantômes qui font tressaillir ceux qui n'ont cessé de penser à eux depuis quarante-cinq ans.
Il est temps, semblent dire les sanglots silencieux. Il est temps de pouvoir dire au revoir à autre chose qu'à un souvenir.
Sur son fauteuil, poussé doucement par sa femme, Boris répète, inlassablement. "Pour rien au monde... Pour rien au monde...". Pour rien au monde, il n'aurait manqué ce rendez-vous. Depuis que la maladie lui a fait élire ce fauteuil pour assise permanente, c'est son premier voyage. Un voyage de Lyon à Perpignan, dit-il. Ce qu'il ne dit pas, c'est que son voyage, il le poursuit jusqu'en Algérie, sur la route du souvenir. À l'époque où Boris courait sur d'autres rivages. "Aujourd'hui, j'aurais voulu être sur mes deux jambes. J'aurais dû être sur mes deux jambes", assène-t-il, comme pour dire qu'il s'est passé trop de temps. Josette a passé son doigt sur ce nom. Martinez. Comme pour le graver dans sa chair. Et son doigt s'est mis à trembler. Le tremblement a gagné tout son corps. "Je m'étais promis de ne pas pleurer", articule sa bouche derrière un rideau de larmes. Son père avait l'intention de rester. On lui avait dit qu'il pouvait rester. "Mais ils n'ont pas voulu de lui..." "Aujourd'hui, j'enterre mon père..."
Viviane est pétrifiée. Viviane n'est que larmes. Elle avait 17 ans, le jour où elle a vu son père pour la dernière fois. "Aujourd'hui, j'assiste enfin à son enterrement". Elle voudrait dire autre chose, Viviane la Marseillaise. Elle voudrait dire l'indicible. Et c'est dans un seul souffle qu'elle finit par dire comment sa quête de quarante-deux années a brutalement pris fin : "Le quai d'Orsay a fini par m'envoyer le rapport de la Croix-Rouge, sans un mot d'explication, sans précautions. Froidement. Disant que mon père a été égorgé et jeté dans le four d'un hammam..." Viviane s'écroule dans les bras d'Élise. Des larmes plein les yeux, Elise n'est pas seulement venue soutenir une amie. Élise est venue, comme elle dit, reprendre son identité. "J'avais quatre ans. Avec mon père, c'est mon enfance qu'on a volée. C'est mon identité qu'on a enterrée, pendant quarante-cinq ans ". Élise, elle aussi, a reçu le rapport de la Croix-Rouge. Son père aurait été vu vivant, un mois après sa disparition. "Et qu'est-ce qu'elle a fait pour lui, l'armée ? Hein, qu'est-ce qu'elle a fait ?" Dans ce petit bout de Perpignan, les yeux rougis par trop de larmes le disputent aux colonnes vertébrales raides de trop de pudeur.
Une pudeur que partagent Mohamed et Kader, venus simplement dire merci au nom de tous les harkis sans nom et sans sépulture. "Il ne faut pas oublier qu'on a été oubliés, disent-ils. Les harkis qui ont été honteusement abandonnés, c'étaient nos frères et nos soeurs".
Leurs frères et leurs soeurs. Les pères de Josette, de Viviane, d'Élise. L'oncle de Christiane, qui a disparu en revenant de l'enterrement de sa propre soeur. Les enfants sans parents, et les parents sans passé.
Hier, à Perpignan, les chemins de la douleur ont fini par croiser la longue route du souvenir.

Barbara Gorrand

 

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