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Le : 29/01/2020 12:06
Hubert Zakine
BAB EL OUED MON QUARTIER PAR HUBERT ZAKINE
L’enfance
Paradis des humbles gens, Bab El Oued vivait au rythme de l’enfance. Une enfance évoluant bruyamment, accaparant les aires de jeux afin de dépenser une énergie débordante, de gesticuler, de parler à haute voix au mépris de la sieste des justes.
Une enfance heureuse bercée par les chansons douces des mamans, prolongée par la musique de l’amitié qui chantait en ch½ur dans le quartier avant de s’épanouir au sein de l’adolescence.
Les pays méditerranéens déversent dans les jardins des nuées de bambins accompagnés de leurs mamans afin de s’enivrer de senteurs poivrées, d’emmagasiner les bienfaits d’un soleil généreux, de partager le pain de l’amitié, nourriture vitale des gens de ces pays.
L’Algérie ne dérogeait pas à cette règle. Composée en majorité d’immigrés d’Espagne, de Malte et d’Italie, les nouveaux arrivants perpétuaient ainsi les coutumes et traditions de leurs pays d’origine sur une terre d’accueil qui pratiquait elle-même la vie au grand air.
Ajoutez y les juifs de la casbah qui avaient fui les appartements vétustes de leur enfance pour enfin
« respirer à pleins poumons» .
Plus que tout autre quartier, Bab El Oued s’installa dans cette pratique avec d’autant plus de désinvolture que les pionniers vécurent dans des baraquements de fortune où la promiscuité et l’insalubrité les jetaient dehors à chaque occasion. Le besoin de communiquer avec « leur pays », le soir après leur dur labeur faisant le reste. Les gargottes, les tavernes, les restaurants et les cafés décoraient leurs enseignes du drapeau transalpin ou ibérique, attirant une foule de compatriotes dés½uvrés, cherchant désespérément à renouer avec le passé.
Les enfants de ces déracinés profitèrent de ces coutumes aérées qui poussaient tout un chacun hors de chez lui.
« Descendre en bas la rue » devint le leitmotiv d’une jeunesse athlétique qui pratiqua naturellement les disciplines sportives « indoor ».
Puisant dans le grenier des anciens, les enfants empruntèrent les jeux de leurs aînés qui tardaient à
«émanciper» leur adolescence, préférant prolonger leur statut d’éternels gamins, de « grand dadais qui jouent encore avec les p’tits ». Car à Bab El Oued, on aimait constituer des équipes de « petits » qui, fièrement, défiaient les « grands » dans d’homériques luttes intestines au football, à fava vinga ou à la délivrance.
Les jeux auxquels nous nous adonnions ne coûtaient pas un centime à nos parents tant la débrouillardise habitait nos esprits. La débrouillardise et aussi l’exemple hérité des anciennes générations. Jeux de jadis, jeux de pauvres utilisant des noyaux pris dans le c½ur des abricots, balles en papier ou fabriquées avec des tombées de tissu, boites de chique en fer blanc, vieilles balles de tennis, carrioles de bois montées sur des roulements à billes, les tchapp’s, image des boites d’allumettes Caussemille et quelques autres jeux comme la toupie, la savate, le 5/25 etc…..
Chaque enfant du quartier se constituait un stock de noyaux d’abricot qu’il emmagasinait dans une vieille chaussette orpheline chapardée à la maison. Au cours des années, ces «billes du pauvre» devinrent par la grâce d’ingénieux anciens, un jeu très prisé à Bab El Oued. Le succès aidant, plusieurs variantes virent le jour puis élevèrent le jeu de noyaux au rang d’institution des cours de récréation et des trottoirs de rues.
Le « tas » se jouait à plusieurs. Chaque participant déposait au sol un ou plusieurs tas constitués d’un noyau surmontant un assemblage de trois autres. La partie revenait à l’enfant qui «dégommait» le dernier tas restant. Il ramassait, alors, tous les noyaux qui gisaient au sol et le jeu continuait jusqu’à la nuit tombée. Avant, si l’un des joueurs était bichelaouère ou maladroit et perdait tous ses noyaux.
Les plus malins qui avaient la chance de posséder un noyau plus petit que les autres proposaient au passant de « dégommer » la « tapette » pour dix, vingt ou trente noyaux d’une distance convenue à l’avance. Les bagarres occasionnées par ce jeu où la mauvaise foi de l’un se heurtait à la colère de l’autre se révélaient très nombreuses et faisaient le délice des autres camarades du quartier. Cela n’allait jamais bien loin mais certains se fâchèrent « à la vie, à la mort ».
Une autre variante que proposaient les noyaux se jouait avec deux tchic-tchic et se dénommait, D…. seul sait pourquoi « Seven ». Il est vrai que le chiffre 7 jouait un rôle éminent dans le gain ou la perte des différentes parties disputées entre les participants. Mais pourquoi utiliser la de Shakespeare à Bab El Oued ? That’is the question maousse !
Toujours est-il que la règle voulait que l’un des joueurs (le croupier) lançât les tchic-tchic. L’adversaire misait alors un nombre de noyaux sur le chiffre révélé par les dés. Si le croupier réussissait à nouveau le même numéro, il payait la mise en versant toutes les larmes de son corps. Par contre, si le 7 sortait il raflait la mise. Que de disputes, d’écarts de langage (doux euphémisme), voire de bagarres tête à tête dans une entrée de maison se déclenchèrent à la suite de ces parties interminables, la vérité, nul ne pourrait les comptabiliser. Mais jamais elles ne débouchèrent sur une réelle fâcherie.
Le jeu de la toupie, très prisé par les enfants de Bab El Oued et d’ailleurs, se pratiquait de différentes façons et avec différents modèles. Les babaos se contentaient de la toupie normale, très légère et de couleurs vives, tourbillonnante au moindre lâcher de guitane, cette corde lisse dont nous entourions le corps de la toupie.
Les cracks utilisaient la toupie italienne, plus grosse, plus lourde et de couleur beige avec un gangui arrondi que les joueurs remplaçaient par un clou bien pointu afin de faire un sort au matériel des adversaires lors d’une partie de « cercle ».
Le cercle apparaissait sur le sol grâce à la main déliée du plus doué d’entre tous. Puis, chaque joueur lançait sa toupie avec l’intention avouée de toucher, d’égratigner voire de casser celle qui servait de cible au milieu du cercle pour avoir été la toupie à s’arrêter la première lors de l’engagement.
Autre variante, la Mauresque demandait de l’espace. Le joueur imitait le lancer de pierre plate dans la mer afin de la voir ricocher un maximum de fois au large. Il calait bien la guitane entre le petit doigt et l’annulaire et fouettait puissamment la toupie qui décrivait un vol en rase-motte et terminait sa course en tournant sur elle-même le plus loin possible Quelques champions du monde y parvenaient à tous les coups.
Quant à la volante, il fallait une sacrée dose de maîtrise de soi et de technique pour réussir le tour de force de lancer la toupie et la récupérer sur la paume de la main bien tendue sans la faire tomber. Mais là ne s’arrêtait pas l’exploit. Encore fallait-il qu’elle tourne suffisamment longtemps pour obtenir le titre suprême
de champion du monde et des alentours.
Le jeu des tchapp’s se déclinait grâce à la face imagée des boites d’allumettes que les petits « pieds noirs » collectionnaient, jouaient, perdaient, gagnaient, achetaient ou revendaient selon leur bonne ou mauvaise fortune.
Comme pour les billes, les noyaux ou les bouchons de bouteilles de boissons sucrées, il s’était instauré dans le sérail de la jeunesse une véritable bourse de la « tchapp’s » avec une cotation qui montait ou dégringolait selon l’humeur de chacun ou de la loi de l’offre et de la demande.
Comment les enfants du quartier jouaient-ils aux « tchapp’s » ?
Les candidats catapultaient d’une vigoureuse pichenette du pouce la « tchapp’s » vers un mur situé à une dizaine de mètres. Le joueur qui s’approchait au plus près du mur, ramassait les « objets du désir ». Lançées en l’air d’un geste auguste, les tchapp’s qui retombaient l’image face au ciel lui étaient acquises. L’adversaire s’emparait alors des autres « tchapp’s », répétait l’opération et ainsi de suite jusqu’à épuisement du stock. Les « ténors » de ce jeu parvenaient à « faire cabane » c'est-à-dire à placer sa « tchapp’s à cheval contre le mur, ce qui lui donnait la main.
D’autres jeux, de sauvages ceux-là, décourageaient certains de « descendre en bas la rue ». Jeux de mains, jeux de vilains, nous apprenait-on à la maison, à l’école ou au jardin. Pourtant, bien que nous aimions les jeux innocents comme la course de bouchons lestés de bougie fondue, les billes, la délivrance et tous les dérives, d’autres distractions s’apparentaient plus à un combat de « mabouls » tels la « savate », « fava vinga » ou « fort apache ». Sans parler du taouète, de la carriole ou du pistolet à plomb.
La savate exigeait de ses participants une résistance à la douleur et une dose de cruauté que seule l’amitié pardonnait. Une boite d’allumettes, un morceau de bois représentant le juge, une savate pour le bourreau (espadrille de corde ou méva à semelle crêpe) suffisaient à ce jeu.
Le lancer de la boite d’allumettes déterminait le titre de juge ou de bourreau selon le côté grattoir réceptionné, voila les règles de ce jeu sorti tout droit d’un esprit dérangé voire sadique. Car le joueur qui voyait son lancer retomber côté pile devenait la cible du juge qui ordonnait au bourreau de lui administrer quelques coups de « savate » sur sa main bien tendue. Cà faisait un mal de chien !
Au rythme des lancers, le bourreau devenait victime et vice versa. Ce jeu cruel cessait lorsque les larmes roulaient sur les joues et que les mains ne parvenaient plus à maîtriser les tremblements causés pas les coups de « savate ».
Comparées à papa (fava) vinga, les mêlées de rugby semblaient d’aimables divertissements empruntés à la bibliothèque rose. Pour pratiquer ce jeu de timbrés, deux équipes de huit se formaient. Après tirage au sort, une équipe s’arcqueboutait à partir d’un mur et formait une chenille en s’arrimant les uns aux autres en se tenant par la taille. Les 8 babaos de l’autre équipe tentaient alors de relever le défi, le plus agile s’élançant le premier, de tenir au moins une minute sur le dos de la chenille formant réceptacle. Si l’équipe n’y parvenait pas, les rôles s’inversaient. Le nombre de contusions, foulures, bras cassés, plaies et bosses de toutes sortes, ne trouverait pas assez de place dans cet ouvrage si je devais tous les énumérer.
Je vais arrêter ici la description de ces jeux qui forgèrent l’amitié de l’enfance qui subsiste au-delà de l’exode, du temps qui s’enfuit et des départs pour le pays des yeux perdus.
L’image contient peut-être : ciel, arbre, voiture et plein air
Hubert Zakine
BAB EL OUED MON QUARTIER PAR HUBERT ZAKINE
L’enfance
Paradis des humbles gens, Bab El Oued vivait au rythme de l’enfance. Une enfance évoluant bruyamment, accaparant les aires de jeux afin de dépenser une énergie débordante, de gesticuler, de parler à haute voix au mépris de la sieste des justes.
Une enfance heureuse bercée par les chansons douces des mamans, prolongée par la musique de l’amitié qui chantait en ch½ur dans le quartier avant de s’épanouir au sein de l’adolescence.
Les pays méditerranéens déversent dans les jardins des nuées de bambins accompagnés de leurs mamans afin de s’enivrer de senteurs poivrées, d’emmagasiner les bienfaits d’un soleil généreux, de partager le pain de l’amitié, nourriture vitale des gens de ces pays.
L’Algérie ne dérogeait pas à cette règle. Composée en majorité d’immigrés d’Espagne, de Malte et d’Italie, les nouveaux arrivants perpétuaient ainsi les coutumes et traditions de leurs pays d’origine sur une terre d’accueil qui pratiquait elle-même la vie au grand air.
Ajoutez y les juifs de la casbah qui avaient fui les appartements vétustes de leur enfance pour enfin
« respirer à pleins poumons» .
Plus que tout autre quartier, Bab El Oued s’installa dans cette pratique avec d’autant plus de désinvolture que les pionniers vécurent dans des baraquements de fortune où la promiscuité et l’insalubrité les jetaient dehors à chaque occasion. Le besoin de communiquer avec « leur pays », le soir après leur dur labeur faisant le reste. Les gargottes, les tavernes, les restaurants et les cafés décoraient leurs enseignes du drapeau transalpin ou ibérique, attirant une foule de compatriotes dés½uvrés, cherchant désespérément à renouer avec le passé.
Les enfants de ces déracinés profitèrent de ces coutumes aérées qui poussaient tout un chacun hors de chez lui.
« Descendre en bas la rue » devint le leitmotiv d’une jeunesse athlétique qui pratiqua naturellement les disciplines sportives « indoor ».
Puisant dans le grenier des anciens, les enfants empruntèrent les jeux de leurs aînés qui tardaient à
«émanciper» leur adolescence, préférant prolonger leur statut d’éternels gamins, de « grand dadais qui jouent encore avec les p’tits ». Car à Bab El Oued, on aimait constituer des équipes de « petits » qui, fièrement, défiaient les « grands » dans d’homériques luttes intestines au football, à fava vinga ou à la délivrance.
Les jeux auxquels nous nous adonnions ne coûtaient pas un centime à nos parents tant la débrouillardise habitait nos esprits. La débrouillardise et aussi l’exemple hérité des anciennes générations. Jeux de jadis, jeux de pauvres utilisant des noyaux pris dans le c½ur des abricots, balles en papier ou fabriquées avec des tombées de tissu, boites de chique en fer blanc, vieilles balles de tennis, carrioles de bois montées sur des roulements à billes, les tchapp’s, image des boites d’allumettes Caussemille et quelques autres jeux comme la toupie, la savate, le 5/25 etc…..
Chaque enfant du quartier se constituait un stock de noyaux d’abricot qu’il emmagasinait dans une vieille chaussette orpheline chapardée à la maison. Au cours des années, ces «billes du pauvre» devinrent par la grâce d’ingénieux anciens, un jeu très prisé à Bab El Oued. Le succès aidant, plusieurs variantes virent le jour puis élevèrent le jeu de noyaux au rang d’institution des cours de récréation et des trottoirs de rues.
Le « tas » se jouait à plusieurs. Chaque participant déposait au sol un ou plusieurs tas constitués d’un noyau surmontant un assemblage de trois autres. La partie revenait à l’enfant qui «dégommait» le dernier tas restant. Il ramassait, alors, tous les noyaux qui gisaient au sol et le jeu continuait jusqu’à la nuit tombée. Avant, si l’un des joueurs était bichelaouère ou maladroit et perdait tous ses noyaux.
Les plus malins qui avaient la chance de posséder un noyau plus petit que les autres proposaient au passant de « dégommer » la « tapette » pour dix, vingt ou trente noyaux d’une distance convenue à l’avance. Les bagarres occasionnées par ce jeu où la mauvaise foi de l’un se heurtait à la colère de l’autre se révélaient très nombreuses et faisaient le délice des autres camarades du quartier. Cela n’allait jamais bien loin mais certains se fâchèrent « à la vie, à la mort ».
Une autre variante que proposaient les noyaux se jouait avec deux tchic-tchic et se dénommait, D…. seul sait pourquoi « Seven ». Il est vrai que le chiffre 7 jouait un rôle éminent dans le gain ou la perte des différentes parties disputées entre les participants. Mais pourquoi utiliser la de Shakespeare à Bab El Oued ? That’is the question maousse !
Toujours est-il que la règle voulait que l’un des joueurs (le croupier) lançât les tchic-tchic. L’adversaire misait alors un nombre de noyaux sur le chiffre révélé par les dés. Si le croupier réussissait à nouveau le même numéro, il payait la mise en versant toutes les larmes de son corps. Par contre, si le 7 sortait il raflait la mise. Que de disputes, d’écarts de langage (doux euphémisme), voire de bagarres tête à tête dans une entrée de maison se déclenchèrent à la suite de ces parties interminables, la vérité, nul ne pourrait les comptabiliser. Mais jamais elles ne débouchèrent sur une réelle fâcherie.
Le jeu de la toupie, très prisé par les enfants de Bab El Oued et d’ailleurs, se pratiquait de différentes façons et avec différents modèles. Les babaos se contentaient de la toupie normale, très légère et de couleurs vives, tourbillonnante au moindre lâcher de guitane, cette corde lisse dont nous entourions le corps de la toupie.
Les cracks utilisaient la toupie italienne, plus grosse, plus lourde et de couleur beige avec un gangui arrondi que les joueurs remplaçaient par un clou bien pointu afin de faire un sort au matériel des adversaires lors d’une partie de « cercle ».
Le cercle apparaissait sur le sol grâce à la main déliée du plus doué d’entre tous. Puis, chaque joueur lançait sa toupie avec l’intention avouée de toucher, d’égratigner voire de casser celle qui servait de cible au milieu du cercle pour avoir été la toupie à s’arrêter la première lors de l’engagement.
Autre variante, la Mauresque demandait de l’espace. Le joueur imitait le lancer de pierre plate dans la mer afin de la voir ricocher un maximum de fois au large. Il calait bien la guitane entre le petit doigt et l’annulaire et fouettait puissamment la toupie qui décrivait un vol en rase-motte et terminait sa course en tournant sur elle-même le plus loin possible Quelques champions du monde y parvenaient à tous les coups.
Quant à la volante, il fallait une sacrée dose de maîtrise de soi et de technique pour réussir le tour de force de lancer la toupie et la récupérer sur la paume de la main bien tendue sans la faire tomber. Mais là ne s’arrêtait pas l’exploit. Encore fallait-il qu’elle tourne suffisamment longtemps pour obtenir le titre suprême
de champion du monde et des alentours.
Le jeu des tchapp’s se déclinait grâce à la face imagée des boites d’allumettes que les petits « pieds noirs » collectionnaient, jouaient, perdaient, gagnaient, achetaient ou revendaient selon leur bonne ou mauvaise fortune.
Comme pour les billes, les noyaux ou les bouchons de bouteilles de boissons sucrées, il s’était instauré dans le sérail de la jeunesse une véritable bourse de la « tchapp’s » avec une cotation qui montait ou dégringolait selon l’humeur de chacun ou de la loi de l’offre et de la demande.
Comment les enfants du quartier jouaient-ils aux « tchapp’s » ?
Les candidats catapultaient d’une vigoureuse pichenette du pouce la « tchapp’s » vers un mur situé à une dizaine de mètres. Le joueur qui s’approchait au plus près du mur, ramassait les « objets du désir ». Lançées en l’air d’un geste auguste, les tchapp’s qui retombaient l’image face au ciel lui étaient acquises. L’adversaire s’emparait alors des autres « tchapp’s », répétait l’opération et ainsi de suite jusqu’à épuisement du stock. Les « ténors » de ce jeu parvenaient à « faire cabane » c'est-à-dire à placer sa « tchapp’s à cheval contre le mur, ce qui lui donnait la main.
D’autres jeux, de sauvages ceux-là, décourageaient certains de « descendre en bas la rue ». Jeux de mains, jeux de vilains, nous apprenait-on à la maison, à l’école ou au jardin. Pourtant, bien que nous aimions les jeux innocents comme la course de bouchons lestés de bougie fondue, les billes, la délivrance et tous les dérives, d’autres distractions s’apparentaient plus à un combat de « mabouls » tels la « savate », « fava vinga » ou « fort apache ». Sans parler du taouète, de la carriole ou du pistolet à plomb.
La savate exigeait de ses participants une résistance à la douleur et une dose de cruauté que seule l’amitié pardonnait. Une boite d’allumettes, un morceau de bois représentant le juge, une savate pour le bourreau (espadrille de corde ou méva à semelle crêpe) suffisaient à ce jeu.
Le lancer de la boite d’allumettes déterminait le titre de juge ou de bourreau selon le côté grattoir réceptionné, voila les règles de ce jeu sorti tout droit d’un esprit dérangé voire sadique. Car le joueur qui voyait son lancer retomber côté pile devenait la cible du juge qui ordonnait au bourreau de lui administrer quelques coups de « savate » sur sa main bien tendue. Cà faisait un mal de chien !
Au rythme des lancers, le bourreau devenait victime et vice versa. Ce jeu cruel cessait lorsque les larmes roulaient sur les joues et que les mains ne parvenaient plus à maîtriser les tremblements causés pas les coups de « savate ».
Comparées à papa (fava) vinga, les mêlées de rugby semblaient d’aimables divertissements empruntés à la bibliothèque rose. Pour pratiquer ce jeu de timbrés, deux équipes de huit se formaient. Après tirage au sort, une équipe s’arcqueboutait à partir d’un mur et formait une chenille en s’arrimant les uns aux autres en se tenant par la taille. Les 8 babaos de l’autre équipe tentaient alors de relever le défi, le plus agile s’élançant le premier, de tenir au moins une minute sur le dos de la chenille formant réceptacle. Si l’équipe n’y parvenait pas, les rôles s’inversaient. Le nombre de contusions, foulures, bras cassés, plaies et bosses de toutes sortes, ne trouverait pas assez de place dans cet ouvrage si je devais tous les énumérer.
Je vais arrêter ici la description de ces jeux qui forgèrent l’amitié de l’enfance qui subsiste au-delà de l’exode, du temps qui s’enfuit et des départs pour le pays des yeux perdus.
L’image contient peut-être : ciel, arbre, voiture et plein air
Hubert Zakine
Le : 28/01/2020 18:47
Vient de paraître, en numéro spécial, dans Valeurs actuelles "Algérie Française, la vérité interdite" Ont peut le commander directement sur le site de Valeurs Actuelles. Ce document est indispensable dans notre bibliothèque. On s'aperçoit que tout doucement les vérités sortent avec l'ouverture des dossiers classifiés. A lire impérativement pour le devoir de mémoire..
https://www.youtube.com/watch?v=UOfgnlRHet4
Amitiés à tous
https://www.youtube.com/watch?v=UOfgnlRHet4
Amitiés à tous
Le : 28/01/2020 10:19
A PAPPALARDO. Bonjour. Mon PAPA ANDRE et Moi même étions les clients de ton PAPA HENRI jusqu'à l'indépendance de l'Algérie, Mon PAPA André a vu débuté Henri, chez l'oncle, et nous l'avons suivi quand il est parti chez un autre Italien, ( j'ai oublié son nom ) RUE ROSETTI, ton PAPA avait une clientèle énorme. MOI, tous les quinze jours j'étais devant le salon a 5 h.du matin, pour passer le premier, sinon c'était la galère, Il avait un coup de peigne hors du commun. Il commençait trés tôt et il finissait très tard. Voila une petite page de notre quartier tant aimé.
Le : 27/01/2020 18:06
Bonjour les Amis.
Le samedi 15 février 2020 à Saint Cyr les Lecques après la consécration de Notre Dame de Bab el Oued un repas entre amis est prévu au Prix de 25 ¤ : renseignements et réservations Mr Lucien SASSO au 04 94 26 54 66 ou 06 50 51 48 58. Amicalement Le bureau de l’ABEO.
Le samedi 15 février 2020 à Saint Cyr les Lecques après la consécration de Notre Dame de Bab el Oued un repas entre amis est prévu au Prix de 25 ¤ : renseignements et réservations Mr Lucien SASSO au 04 94 26 54 66 ou 06 50 51 48 58. Amicalement Le bureau de l’ABEO.
Le : 24/01/2020 23:00
Mon grand-père Léopold pappalardo avait un salon de coiffure pour homme à la place des trois orloges en 1950 et mon père Henry Pappalardo y travaille quand il avait 12 ans .
Le : 23/01/2020 10:39
Je viens d'apprendre le décés de mon cher copain José Guilabert, je suis très touché, Sa famille habitait mon immeuble au 72 Ave de la Bouzareah.Je tiens à présenter à ses fréres , sa s½ur et toute sa famille mes plus sincères condoléances.José était comme un frère.
Le : 21/01/2020 18:19
Poème d'Hubert ZAKINE
A toutes les MAMANS D’ALGÉRIE,
à celles qui sont nées en bas là-bas..............dans notre paradis toujours aussi cher dans nos c½urs…
MA MÈRE D'ALGÉRIE
Elle a le c½ur dans sa cuisine,
toujours les mains dans la farine,
Le regard baigné de tendresse,
pour ses souvenirs de jeunesse.
Elle est la base de sa famille,
comme toutes les Mères d'ALGÉRIE.
Elle a dans le c½ur et la voix
des comportements d'autrefois.
Elle soigne les rhumes à l'anisette,
dans les oreilles et sur la tête.
Elle suit l'exemple de sa mère
qui le tenait de sa grand-mère.
Derrière les carreaux de l'hiver,
elle songe aux souvenirs d'hier.
Qui ont marqué son existence,
de l'autre côté de la FRANCE.
Loin de la terre où elle naquit,
loin des voisins et des amis.
Elle vit solitaire ses journées,
emmitouflée dans son passé.
Dans sa vie de solitude
elle veut garder ses habitudes,
Mais ses voisines ne viendront plus
chercher de l'ail, de la laitue.
Chez elle l'odeur de la lavande
vous saute au c½ur comme une offrande,
Le linge respire la propreté,
esprit de sel, planche à laver.
Sa cuisine sent bon les épices,
sa table est un petit délice,
Elle fait chanter la nostalgie
en cuisant des plats d'Algérie.
Elle aime ses fils à l'infini,
pour elle ils sont restés petits.
Elle distribue avec largesse
tout son amour et sa tendresse.
Sa porte ouverte sur l'amitié,
reste inutile sur le palier,
Ici ne vient jamais personne,
l'affection parle au téléphone.
L'exode a dispersé sa vie,
et disloqué toute sa famille,
Sa maison est comme un hôtel
depuis qu'elle n'a plus son " chez elle ".
Mais elle conserve au long des jours,
l'esprit PIED-NOIR et pour toujours,
Son c½ur respire en ALGÉRIE,
près de la tombe de son mari..................
Le : 21/01/2020 10:57
Dimanche 1ert juillet 1962
Qui se souvient de la dernière messe dite par le chanoine STREICHER à l'église saint Vincent de Paul ?
A la fin de son homélie, nous avons tous chanté une dernière marseillaise, tous debout, nos jeux pleins de larmes. Il nous a dit adieu et il s'en est allé en France. Que d'émotions et de pleurs. Les officiers de notre armée
en civil, la tête basse. Quel dimanche......
Qui se souvient de la dernière messe dite par le chanoine STREICHER à l'église saint Vincent de Paul ?
A la fin de son homélie, nous avons tous chanté une dernière marseillaise, tous debout, nos jeux pleins de larmes. Il nous a dit adieu et il s'en est allé en France. Que d'émotions et de pleurs. Les officiers de notre armée
en civil, la tête basse. Quel dimanche......
Le : 20/01/2020 19:01
Arlette SELLES : L'église Saint-Vincent-de-Paul se trouvait dans une rue parrallèle entre le Majestic et l'Avenue de la Marne. Je pensais que c'était la Rue Eugène Robe. J'y allais tous les ans le Jeudi Saint et ensuite à Notre-Dame-des-Victoires au début de la casbah; à pieds depuis la Rue Nelson-Chiérico