pied noir

Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

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De : Pierre-Emile BisbalEnvoyer un mail

Le : 20/04/2008 15:20

Les guetteurs du crépuscule.

Par un roulement gras suivi d’un claquement sec, les rideaux de fer obturant les devantures des magasins annoncent l’heure de fermeture. Le soir installe la fraîcheur de la mer. Délivrée de la pesante chaleur de la journée, l’avenue de la Bouzaréah redevient accueillante et retrouve ses fidèles. La rue revit peu à peu. Son bruissement s’étoffe. C’est samedi soir, le moment de l’office avec ses rituels immuables.
Le samedi soir offre un spectacle à chaque fois différent. Je scrute ma rue avec une application de vigie. Le front calé contre la rambarde du balcon je suis au théâtre. Je domine cette circulation qui, malgré son apparence brouillonne, obéit à des codes précis. Les groupes se forment et décident de ce que sera la soirée. Une bande, joyeuse d’un rien, traine derrière elle une spirale de rire qui ricoche sur la façade des immeubles. Avec un peu de chance une algarade ou un différent bruyant viendra pimenter la soirée. Ce sera le clou du spectacle, son apothéose. Chaque samedi j’espère et de toutes les façons si ce n’est pas aujourd’hui ce sera une autre fois.
La clientèle des bistrots, à la recherche du moindre souffle d’air, déborde sur la chaussée. Cela forme un barrage que contourne le flot de ceux qui rentrent chez eux. Pour boire il faut atteindre le bar, mais pour discuter le trottoir offre un espace plus tempéré. Et puis dehors on dispose de la place nécessaire pour appuyer son discours de la gestuelle engendrée par notre vie en ce pays. La voix n’est plus seule à traduire la pensée. Les mains dessinent de rapides et souples arabesques et tout le corps s’applique à suivre le mouvement pour décrire, expliquer, convaincre ou répliquer. La conversation prend une autre allure, elle est mise en scène. Comme dans la commedia dell'arte, l’argument le plus simple se charge en intensité pour mieux captiver l’auditoire. Ces pantomimes complètent la compréhension du discours.
Dans ce quartier les exodes de l’Europe, engendrées par la misère ou les conflits, arrivèrent en vagues successives pour rencontrer le Maghreb. Face à la multiplicité des langues natales, des patois, des dialectes les mains se chargèrent d’une mission: Permettre à chacun de mieux se faire comprendre de tous.
Je ne suis pas le seul à contempler la rue de mon balcon. Nombreux sont ceux qui, comme moi, prisent le tableau de ce début de soirée. Sous le prétexte de « prendre le frais » chacun s’installe à son poste d’observation préféré. Tous ces guetteurs assidus et passionnés regardent exister le peuple de Bab-El-Oued. On n’observe pas uniquement la rue. Après des heures d’étuve, pour respirer à nouveau les appartements ouvrent largement leurs fenêtres. Ce sont autant d’ouvertures d’où s’évadent le son des radios ou la musique des pick-up, les odeurs de cuisine, les rires ou des éclats de voix. Ce curieux mélange ruisselle dans la rue et enveloppe le cortège des badauds. En retour, comme un échange, la bruyante agitation des promeneurs s’envole vers les étages. Quand on porte son regard sur les immeubles alentours, par les croisées ouvertes, on dérobe des petits instants de vie. Toutes ces images volées, mises bout à bout, construisent le film de notre plaisir. Ce n’est pas par voyeurisme malsain que nous contemplons toutes ces existences qui se frôlent, s’entrecroisent et fusionnent. C’est pour le contentement d’observer la vie, d’observer notre vie.
Dans quelques années, moi aussi je serai « en bas ». Je serai enfin un acteur. Je connais déjà mon rôle car j’ai vu mes ainés le jouer tant de fois. J’aurai cet air faussement courroucé quand le retardataire rejoindra notre groupe. Je sais déjà comment je taperai sur le cadran de ma montre pour souligner son retard. Je prendrai un ton ironique et une attitude faussement admirative pour détailler les vêtements neufs qu’un ami mettra pour sortir. J’aurai l’application qu’il faut pour lire le programme des cinémas dans la rubrique spectacle de « L’Echo d’Alger ». Tout est prévu. Je conduirai un scooter car j’emprunterai celui de mon oncle. Je posséderai mon propre trousseau de clés de la maison. Ma grand-mère me glissera un peu d’argent dans ma poche et mes parents feront ceux qui n’ont rien vu. A l’instant où je passerai la porte de notre immeuble, ma mère me criera du balcon «Pierre-Emile, fais attention et ne rentre pas tard ! ». Bien sur mes collègues me charrieront sur cette attention maternelle tout en taisant le fait qu’ils ont eu la même en partant de chez eux. Avant de rejoindre le ciné, on passera voir Ortéga qui s’est foulé la cheville en descendant du tram et qui ne peut pas nous accompagner. Il habite un rez-de-chaussée rue Suffren. Nous nous agglutinerons devant sa fenêtre pour railler sa cheville bandée. Après le film, nous irons dans une petite gargote. Les moins fortunés d’entre nous affirmeront qu’ils n’ont pas faim. Pour combattre ce fier mensonge, nous déciderons de faire bourse commune. Les portions seront plus petites mais nous nous rattraperons sur les rires. Gavés de joie on rentrera à la maison en prévoyant de se voir demain à la plage. Mais ce sera dans quelques années, vers 1968 ou 1969. J’aurai seize ou dix sept ans. Je ne crains rien, l’avenue ne disparaitra pas. Le soir sera toujours là accompagné de son indispensable fraicheur. Il me faut simplement être patient.
L’avenue n’a pas disparu, la fraicheur du soir demeure aussi agréable, mais nous savons, vous et moi, qu’il en fut autrement.

 

De : sauveurEnvoyer un mail

Le : 20/04/2008 14:42

à Reine SCHIANO di COLA

Je suis âgé et ce dont je me souviens c'est en revenant du caté ou en y allant,nous regardions avec envie le premier train electrique que nous voyions en vitrine,on s'attardait à le regarder,c'etait un magasin proche de la rue qui descendait à la Typo-Litho
L'autre magasin dont vous me parlez n'etait pas en cace du terminus de la ligne de tramway n°3-A l'exterieur ,ce magasin avait des journaux> La derniere Heure me semble-t-il,des billets de loterie,des articles pour fumeurs?Ce qu'on appelle auhourd'huien France d'ici Civette mais oualou achkoun ce mot "barbare" chez nous dans notre quartier ,à notre âge d'enfant,avec nos parents analphabètes-
En parlant de celà me vient l'image du sujet de redactiondont le thème était l'automne
Nous imprégnés des lectures, nous parlions,nous imaginions feuilles mortes alors qu'il y en avait pas la queue d'une
Souvenirs ,souvenirs,je tiens pas à monopoliser,on me le reprocherait

 

De : louis garciaEnvoyer un mail

Le : 20/04/2008 14:04

pour Rodriguez
j'ai du certainement vous connaitre cae je travaillais à cette époque à la compagnie de navigation mixte et nous utilisions l' EMC pour les manutentions.je connaissais assez bien le fils de M.valls et adolphe Vasserot avec qui je jouais au ping pong dans les bureaux de l'EMC.
amicales salutations

 

De : RODRIGUEZ JEAN PIERREEnvoyer un mail

Le : 20/04/2008 12:39

Bonjour,
Je suis né en 1942.J'ai fréquenté l'école LEON ROCHES de 1948 à 1957.J'ai habité la cité scotto nadal, au dessus de la boulangerie Fuster,juste à coté le bar NONO.Mon père étant décédé pendant la guerre 39/45,ma mère s'est remariée et donc s'est appelé CORANTI.Ma soeur Carmen est née en 1947.
J'ai travaillé de 1957 à début 1962 à l'EMC au port d'Alger.En mars 1962 service militaire dans la marine;centre Sirocco puis Toulon.
Si des personnes m'ont connus,peuvent me contacter à cet EMAIL ou 0466620813
Je suis actuellement à la retraite et à BELLEGARDE (30127)

 

De : Guy Soltana (34, rue Mizon)Envoyer un mail

Le : 20/04/2008 12:29

Un souvenir qui me revient. Lorsque nous revenions de la plage des Deux Chameaux en fin de matinée et que le soleil au zénith nous avait desséché le gosier, nous nous arrêtions cité de la Consolation pour nous désaltérer. Nous nous précipitions sur la fontaine qui se situait en face d'un petit parc. Pour faire couler l'eau, il fallait pousser sur un bouton qui nous semblait bien dur, à nous les petits, mais comme c'était bon. Nous repartions ensuite d'un bon pied.
Plus tard, lorsque nous étions un peu plus grands, une chambre à air de pneu d'avion (ou peut-être pas d'avion...) nous accompagnait à la plage. Nous la faisions rouler depuis le quartier. Elle nous servait de bouée et nous y grimpions à cinq ou six. C'était la grosse rigolade.
A Sauveur et à mon ami Henri,
Oui, je confirme ce que vous dites au sujet du jeu de la "terre anglaise". Par ailleurs, les plus doués d'entre nous confectionnaient des figurines en modelant cette terre à l'aide d'eau.
Amitiés à tous.


 

De : Schiano Di Cola ReineEnvoyer un mail

Le : 20/04/2008 11:39

Sauveur le magasin de jouets dont vous parlez se trouvait à cote de la bijouterie TONNA et fils et tout en haut de cette avenue il y avait un autre magasin de jouets tabacs journeaux et articles de pèche il etait à l'angle de la rue pour aller à la typo-litto .il appartenait à monsieur et madame DELACAZE ADRIEN et leur neveu JOJO (joseph Lopez),ayant ètè moi mème employèe comme vendeuse de 1959 à 1962 cette periode qui est tres chère à mon coeur et baucoup de respect et des souvenirs tres tendre pour cette famille des patrons que je n'ai plus rencontrè apres merci Sauveur

 

De : HenriEnvoyer un mail

Le : 20/04/2008 11:04

Salut Sauveur,

A Mizon/Suffren on jouait aussi à ça, avec la "terre anglaise" qu'on allait chercher du coté de la poudrière (au dessus de chez Salva).
Et les autres "joueurs" devaient donner de la glaise pour boucher le trou qu'on avait fait !.

Pour la plage "Eden" nous on disait qu'on allait à "Les dindes" et juste à coté on disait à "Foera mosques" !. Suremenr la aussi d'une deformation de "port aux mouches" en Espagnol.

Pour l'Eden, il me semble que petit garçon (4/5 ans en 1940) mon grand père, m'y emmenait !, mais qu'à l'époque c'était un etablissement de bains comme Padovani. Est ce que les vieux (au moins 75 ans) peuvent m'eclairer ?.

 

De : SauveurEnvoyer un mail

Le : 20/04/2008 09:15



Les jeux de notre jeune âge etait peut-être different suivant les differentes parties de BEO
Aux Messageries on pratiquait le jeu de la goffa
On avait trouvé de la terre glaise (terre anglaise disions-nous) on ne sait où-Cette terre glaise,petrie travaillée en forme de soucoupe,sur une surface plane comme celle d'un trottoir bituminée,d'un mouvement brusque on projetait a goffa sur le sol de maniere à ce que l'air emprisonné fasse eclater celle-ci
On eclatait de rire si on y parvenait.
Je sais quelquesdizaines d'années plus tard,celà doit sembler stupide
Nos parents n'avait le pécule necessaire pour nous acheter les jouets tentateurs exposées chez Cazenave de l'Avenue des Consulats-Notte leche vitrine s'éternisait devant ce magasin
Le Pere Noel etait chiche pour certains et la télévision n'existait pas pour servirde jeu distractif

 

De : sauveurEnvoyer un mail

Le : 20/04/2008 08:43

Bonjour

A Andre GARCIA
On ne doit pas parler de la même époque-Je parle du temps de CAMUS,avant la guerre39-45,de l'epoque des C.C.

Pierrette a raison le livre posthume de Camus est un bon livre,à conseiller

 

De : pierretteEnvoyer un mail

Le : 19/04/2008 21:22

PS: je viens de regarder sur Amazon. fr et en effet le livre d'Olivier Todd est traduit en Francais. je le recommande a tous ceux qui s'interresse a' Albert Camus, car comme aurait dis mon pére Salvador. "Ca... c'était un homme!"

 

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