Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Robert VOIRIN

Le : 18/11/2010 16:20

LE CABASSETTE ET LE COUFFIN ( fable )

Au fond d'un placard le cabassette et le couffin s'ennuyaient beaucoup,

depuis qu'ils avaient quitté leur Bab El Oued natal ils ne sortaient plus du tout,

alors il se racontaient des histoires pour tromper leur ennui,

surtout celles qui parlaient de leurs anciennes et nombreuses sorties

quand ils accompagnaient la famille au marché, en forêt ou au bord de mer.

Ainsi à Pentecôte on les remplissait de ce qu'il y avait de meilleur sur terre,

le cabassette disait qu'il transportait la soubressade, la calentita,

le boutifar, la pastera sucrée, les poivrons grillés, et la si fine fritenga,

les anchois, les dattes et les figues sèchent, les délicieuses cocas,

les mantécaos, sans oublier le bon selecto et le fameux Mascara.

Le couffin se vantait d'être plein de zlabias au miel, de douces oreillettes,

de makrouts, de la belle mouna, sans oublier les succulents roliettes.

Ils étaient tellement lourds qu'ils n'en pouvaient plus surtout

qu'il fallait tenir jusqu'à la fôret de Sidi Ferruch pleine de monde partout.

Là au milieu des cris de joie on commençait à les vider,

en premier les tramousses et les variantes étaient sortis

car avant le repas la traditionnelle anisette était servie,

puis dans une joyeuse ambiance on déballait tout et chacun se servait,

et tous les membres de la famille pouvaient commençer à se régaler.

Dans la soirée pour le retour à la maison le cabassette et le couffin

maintenant si légers pensaient déjà à faire les courses dès le lendemain matin,

à Bab El Oued ils continueraient ainsi à déambuler dans les allées du marché

où ils seraient encore remplis de ces bonnes choses qui faisaient leur fierté.

Bien longtemps après, alors que dans le placard ils se lamentaient sur leur sort,

une main amie qui les avaient bien connus leur apporta un jour un grand réconfort,

et pour ne pas qu'ils tombent complètement dans les oubliettes

ils furent alors emmenés de nouveau aux commissions ou à des fêtes,

réconfortés ils purent se dire qu'on ne les avait pas laisser tomber

pour enfin revivre en pensant à Sidi Ferruch et ses belles journées.

moralité : recevoir le passé comme un héritage c'est combattre l'oubli, le mépris et

l'indifférence.

Robert Voirin

Isabelle SINTES née BERTIN

LE MARCHE

Quelle que soit la rue traversée,on était bien au marché. Rue de l'Alma, rue Chateaudun,rue des Moulins,Rue du Roussillon , ce marché n'avait que du bon. Fleurs,légumes, fruits, calintita,viandes et poissons rivalisaient à l'unisson. Tous les marchands avaient le don d'en faire un lieu que nous aimions,Espagnols,Juifs,Arabes,Italiens,Maltais,Français,c'était l'homogénéité qui donnait à ce marché la joie de vivre d'acheter que l'on avait. Couleurs, senteurs sont demeurées pour nous exilés,dans notre esprit à tout jamais ce marché est ancré. Bab-El-Oued était si animé, on aimait allé au marché. Et comment ne pas regretter les zlabias, les beignets que chez Blanchette on dégustait. Ce noir Arabe "riait,chantait" en cuisant les beignets que tout Bab-El-Oued adorait. Ils étaient chauds, bons ces beignets, l'odeur le goût m'en sont restés. On était bien dans ce marché, quelle animation il avait quelle que soit la rue traversée. Races, couleurs odeurs,nous enchantaient, hélas la guerre est arrivée il a changé le marché.Peu à peu il s'est déserté comme Bab-El-Oued entier.. Nous l'aimions tant notre marché partie intégrante de Bab-El-Oued notre quartier. C'est pourquoi à tout jamais je penserais à ce marché.

SINTES Isabelle née BERTIN (I.B.S.)