Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

AUTEUR INCONNU

Le : 03/12/2010 14:06

NE A BAB EL OUED

Entre Saint-Eugène et Alger,

Est le quartier ou je suis né.

Entre Casbah et Carrières Jaubert,

C’est là aussi qu’est né mon père.

Sur la rive gauche d’un ancien oued,

Oui,…. Je suis né à Bab El Oued.

C’était ma foi un beau quartier

Un quartier plein de vie, un quartier animé.

Espagnol, italien, arabe, maltais,

Tous ensemble apprenions le français

C ‘était la tour de bab-el-oued

Quand on parlait dans notre bled.

Notre français était très pimenté

Il était même très pigmenté

Par les couleurs qu’on lui donnait.

Des couleurs aujourd’hui un peu oubliées.

« Etchaffé par une voiture, la honte à la figure

Putain d’sa mère il avait la vie dure.

En bas la mer un jeu tu tapais

Quand tu faisais tchouffa les autres y rigolaient. »

Dans mon quartier on n’utilisait pas de « reloje »

Ce n’était pas la peine il y avait les Trois Horloges

Contre les hauts et les bas

Il y avait la Bassetta

Il y avait « Blanchette » à l’entrée du marché,

Il était très connu il vendait des beignets,

Derrière l’arrêt des trams sur la petite place

Il y avait « l’italien » qui nous vendait ses glaces,

Il y avait Slimane et son épicerie

Il y avait Lassale et sa charcuterie.

Prés du passage souterrain

Il y avait Moati et son commerce cossu

Cela était normal il vendait du tissus.

Il y avait Torrés magasin de chaussures,

Rue Suffren, Devesa, ses boudins à l’oignon,

Le cinéma Bijou qui manquait d’attraction.

La « maison Jaubert » la « cité des moulins »

Avenue de la Bouzareah, rue Sufren, rue Franklin.

Prés de l’usine Bastos, à coté du Plazza,

La boulangerie Amar, la boucherie Khaliffa,

Montiel le charbonnier, Lounés le marchand de légumes

Le bistro des Flechero juste là au coin

L’Armée du salut, et le moutchou du coin

C’est là que j’ai vu le jour,

Alors que mon père péchait au cassour.

Avenue de la Bouzareah, la boulangerie Seralta

La pharmacie Sastre, et puis celle de Kamoun,

Il y avait Henny, le boucher chevalin, Perez le coiffeur,

Otto le confiseur,Spadaro « le voleur »

Borras et Sampaul vous faisaient miroiter

Les glaces que Grosoli fabriquait

Vous parlerais-je des cafés, ou bien de leurs « kemia »

Tout ce qu’ils vous offraient remplaçait un repas.

Carottes au cumin, pommes de terre au persil,

Variantes et tramousses cacahuètes salées,

Escargolines, olives….tant qu’on en voulait.

C’était un vrai délire, j’en ai le souvenir.

Quand boire une anisette était un vrai plaisir.

Vous parlerais-je de Raisville, Padovani,

Les Voutes, la Pointe Pescade et les Bains des Familles ?

Le stade Marcel Cerdan ou jouait le S.C.A (la spardenia)

Ou bien des grandes rencontres A.S.SE / Galia

Cela n’est pas la peine vous vous en souvenez aussi

Et pourtant comme moi vous étiez un « petit »

Je me souviens aussi de ce qui c’est passé

Lorsque les Trois Horloges, notre centre d’intérêt

Le 23 mars 62 devint un centre de gravité

Et c’était vraiment grave, ce fut le début de la fin,

Cela je m’en souviens

Je m’en souviens très bien.

AUTEUR INCONNU

André TRIVES

UNE FAMILLE PAS COMME LES AUTRES.

Si je vous disais que la famille à laquelle j'appartiens se compose de 100.000 frères et soeurs,vous auriez du mal à me croire. Si j'ajoutais que ces hommes et ces femmes se reconnaissent une même origine, tous issus d'une même matrice ayant forgé un lien indissociable, vous continueriez de douter. Mais si je précisais que le creuset qui a créé ce peuple atypique se trouve à l'ouest d'Alger et se nomme le quartier de Bab el Oued; vous vous reconnaîtriez alors comme membre de notre diaspora.

Notre peuple est né avant 1962, il a bénéficié de l'apport de la diversité: maltais, italiens, algériens, français, espagnols, juifs, musulmans, chrétiens et athés; et n'allez pas dire à ces braves gens qu'ils sont différents, ils sont justement l'addition de ces différences avec un même coeur et un même sang. Ainsi, Bab el Oued le berceau de notre enfance nous réunit quotidiennement sur le site de notre ami Chistian TIMONER (sexagénaire de dernière minute que nous félicitons de tout coeur) qui a su instiguer un principe simple:" parlons de ce qui nous rassemble et pas de ce qui nous divise". C'est de toute évidence la meilleure façon de respecter autrui. Alors Bab el Oued déchaîne les foudres des souvenirs de la camaraderie façonnés sur les bancs d'école, sur les placettes du quartier, dans les halles d'immeuble ou sur les terrasses mises à disposition le jour de buanderie. On vérifie tous les jours ce lien qui nous uni et qui confirme notre appartenance à une même fratrie. Avant on se comptait, désormais à nos âges on se décompte,et lorsque l'un d'entre nous est plongé dans la peine par un deuil, des messages de sympathie affluent de l'Europe entière, des USA, du Canada, d'Afrique du Nord, d'Israel, de la Réunion,...tout simplement pour témoigner à la famille parfois inconnue notre totale solidarité.

Notre peuple est inéluctablement en voie de disparition; aussi, reculons le plus longtemps possible l'échéance de notre dernier des Mohicans, préservons le ciment magnifique qui relie le peuple de Bab el Oued d'avant 1962 et lui donne la plus belle des parures du genre humain: la fraternité.