Depuis quelques jours pas mal de messages font allusion aux marchands ambulants de BEO, à ce sujet "j'ai pondu"un petit pensum que je vou livre.

LES MARCHANDS AMBULANTS OU LES DELICES D'ENFANTS !

Régulierement passaient dans mon quartier (30 rue Léon Roches) des marchands ambulants,pas de ces grandes boutiques sur roues que l'on voit de nos jours sur les marchés, mais tout simplement un péquin à pied, avec un accessoire manuel ou poussant une simple carriole rudimentaire, quand ce n'était pas une vieille poussette aménagée. Celui qui avait notre préférence, je ne pense pas me tromper, était le vendeur de "kikilomètre", autrement dit le vendeur de guimauve. La friandise était lovée autour d'un roseau d'environ 70 à 80 cm de longueur et de diamètre assez large, la partie haute " du délice" formait une poite et la partie basse était beaucoup plus évasée ; il en partait une sorte de mèche que le vendeur tirait, en la tenant entre le pouce et l'index, pour nous débiter la portion commandée moyennant cent sous(5 f d'avant l'euro et d'avant les nouveaux francs). Pour faciliter l'étirement il humectait de temps à autre ses doigts de salive. Ensuite venait le vendeur de figues de barbarie, les fruits bien murs rangés sur sa charrette à bras. Celui ci s'annonçait à grand refort d'appels et ns parents nous donnaient un récipient pour recueillir l'achat de quelques fruits que le "commerçant" pelait sur place avant de les disposer dans notre assiette. Cette manière d'agir était la manière "officielle" et, disons le honnete, mais voilà, nous n'étions pas des enfants du faubourg "pour rien" et toutes les occasions étaient bonnes pour "sarraquer". La technique était simple, nous nous agglutinions à dix ou douze autour du chariot, de manière à l'encercler complétement et, pendant ce temps, deux ou trois compères, à quatre pattes passaient en douce les mains et récupéraient quelques figues , faisant fi des épines. L manoeuvre était répétée plusieurs fois afin de satisfaire toute la bande. Cette collecte était, bien sur, consommée sur place et séance tenante. Les couteaux dont nous nous servions étaient de fabrication spéciale, ils provenaient tout simpleùent de "l'usinage" rudimentaire de morceaux métalliques de cerclage de colis 'la partie de liaison du cercle étant double servait de manche et la lame était "appointée" et aiguisée sur le rebord d'un trottoir, à grand renfort de "crache" pour faciliter la glisse. Ah ! Qu'elles étaient bonnes ces figues, récompenses de nos larcins. Nous ne pouvons évoquer le souvenir de ces vendeurs à la sauvette, sans parler du marchand de "calentita" ("qu'à Oran on disait "de calentica", mais nous ne le savions pas en ce temps là ... notre temps!). Son chariot lesté de deux grandes plaques de boulanger 'ces plaques en tole noire qui servaient à nos mères à enfourner les mounas) garnies de la précieuse friandise. Le "commerçant" rameutait la clientèle en heurtant de manière saccadée et régulière le rebord de la tole avec son couteau de peintre, ledit couteau servant également à la découpe. Pour cent sous, eh oui encore! nous avions droit à une part d'environ 10 cm sur 10 cm, posée sur ub bout de papier et agrémentée d'un peu de sel et de poivre à la demande.