Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Robert VOIRIN

Le : 01/01/2014 11:44

BONNE ANNEE 2014

Aïe Aïe Aïe voilà qu'elle est arrivée fissa cette nouvelle année,

j'en profite pour tirer mon capéo aux ouellos de mon quartier,

je sais qu'ils gardent dans un coin de leur cabote des images

que quand ils étaient des moutchatchous pas très sages

dans les rues de Bab El Oued ils arrêtaient pas de courir,

et maintenant les michquines ils arrêtent pas de s'en souvenir.

A eux et à tous , et je vais tacher moyen d'oublier personne,

bessif que le Bon Dieu à de vrai une botcha il me donne,

que jamais d'la vie ma parole d'honneur je raconte des tchalefs

surtout qu'à vous les amis je veux pas vous faire des zouzguefs.

Vous souhaiter ce qu'y a de mieux j'vous jure j'en ai la gobia,

alors purée de nous que la santé elle vous fasse pas tchoufa,

entention que schkoumoune et mauvais sang ils vous oublient,

akarbi c'est pas les bloffes d'un falso tout ça que j'vous dis.

Robert Voirin

Robert VOIRIN

RIEN QUE JE MARCHE DANS L'AVENUE

Ca yest, me revoilà plongé dans des scènes qu'elles me reviennent,

akarbi elles sont comme écrites dans d'immortelles rengaines,

elles déferlent en moi pareilles aux vagues de la Madrague

que c'est la plus belle des plages.

Non bessif, je ne serai jamais dans la " nuit noire de l'oubli "

comme dans la chanson, car j'y pense bezef à mon petit paradis.

Il est six heures du soir mainant, je sors de chez moi rue Réaumur,

puis je descends fissa les escaliers du Cassis, qu'ils sont raides ça c'est sur,

je continue rue Cardinal Verdier jusqu' là bas en bas,

et la oilà mon avenue de la Bouzaréah !

Qué calor en ce début de soirée, mais c'est impeccable pour faire un tour,

j'arrive aux Trois Horloges que y'en a qu'une qui marche comme toujours,

cette place c'est le plus beau des carrefours !

Une affiche au sol annonce un bal à Padovani avec l'orchestre Ripoll

où yen a qui se prennent pour les rois du tango ma parole,

et que le choléra i'm dévore les yeux si c'est pas vrai,

on se croirait kif kif dans la scène principale d'un tableau animé

par des tchatcheurs heureux, acteurs pleins de gaieté.

Planté devant chez Moati où les gens font la chaîne, j'observe ce monde en ballade,

autour de moi ce n'est que tchalefs et rigolades,

ici on s'arrête, on tape cinq, et devant la pharmaçie on repart de plus belle

pour se faire l'avenue plusieurs fois comme dans un rituel.

Une fois que j'ai tout bien aregardé, et vinga comment que j'me lance

à mon tour dans cette folle ambiance,

ba ba ba ! les filles bras dessus bras dessous en robe légère ont un air triomphant,

les épaules bronzées , elles ont un sourire éclatant,

d'un pas léger et rien qu'avec un peu de tcheklala, elles sillonnent le trottoir,

suivies pas des garçons qui ne veulent pas faire tchoufa, alors ils sont pleins d'espoir...

Faut être jmaous pour vouloir traverser au milieu des Vespas et Lambrettas,

Dauphines, Arondes, Fregates, Dyna Panhard, 203, et autres motos Puch et Jawa,

c'est un tintamarre sympathique, sans parler des grincements terribes du tram des T.A.

Je rêve ou quoi, on perd pas la fugure devant ce spectacle sans égal,

heureusement que je suis pas bizlouche car pour moi c'est un régal,

ça peut pas exister ailleurs un endroit si convivial !

Des cafés et des magasins qu'est ce qu'y en a pas

les chaussures Pons, le photographe Petrusa,

le marchand de journeaux Spadaro, la teinturerie Serra, l'ébéniste Pedro,

Vidal et Méléga, le chausseur Marco

l'Epi d'Or, les jouets ElBaz, la boucherie Henny,

le Select Bar, Chez Jules, le monoprix ex Trianon, les vêtements Ricry

et par la rascasse de sa race, c'est sur que j'en oublie.

Quand j'arrive devant Roma Glace, qu'est ce que je vois pas devant mes yeux !

sur un fil glissent doucement des beignets délicieux...

Mais je continue, je sens qu'il flotte dans l'air des odeurs de kemias

surtout quand j'arrive au niveau de la rue Barra,

devant le bar Alexandre ça sent bon les brochettes,

dedans on dirait que certains sont un peu chispounes... c'est la fête...

En rejoignant mes copains rue Montaigne devant le café des frères Escobedo

je passe devant Discophone où je vois affichée une photo de Dario Moreno.

On se fait un aller et retour en errière dans l'avenue parce qu'on est pas des ouellos,

puis on pousse jusqu'à la Grande Brasserie où ça se bouscule au comptoir,

mais par la mort de ses os on doit la quitter cette avenue pleine de belles d'histoires,

nous on voudrait que ça s'arrête pas, pourtant on se dit chiao

en se séparant à la rampe en fer de l'avenue Durando.

Jean Michel et moi on descend jusqu'à la Consolation et bientôt

on passe la Poire d'Or et la Princesse, la Poste, Maillot et enfin devant la Cité Picardie

chacun remonte à la maison la tête encore pleine

des images de ce Bab el Oued que l'on aime,

je n'ai que seize ans, mais si je devais le quitter un jour, j'aurai la rabia,

j'ai l'impression qu'il me manque déjà...

Robert Voirin

Thomas GISBERT

Edgar Bentolila m'a proposé de mettre ce texte sur votre site. Pour tous ceux qui m'ont connu ,je vous souhaite une Bonne et heureuse année.

Ce matin comme tous les jours la pluie macache et le froid ouèlou. Je vais faire manca hora de l’école et fissa m’échapper avec mon vélo, Padovani la plage c’est pas loin, mais c’est plein de rochers aux deux moulins. Plonger c’est l’idéal pour les fartasses quand tu ne t’écrases pas la tronche sur la caillasse. Après quand tu rentres à la maison si tu n’es pas mort ta mère elle te tue avec une giffle dans la figure que le mur il t’en donne une autre. En plus dans les rochers, il y a les crabes, les araignées de mer les oursins , tu te baisses , tu ramasses. Quand tu plonges à 50 centimètres des maous de poulpes tu remontes. Bon c’est un peu fanfaron mais racarbi , je te le jure sur la tête de ma mère qu’elle meurt demain si je dis pas la vérité vraie. Regardes le gros molard que je fais par terre en enfer je vais si je mens.

Il est midi, il faut rentrer, à la rue Montaigne je passe au bar de chez Escobédo Devant le verre d’anisette et la kémia je retrouve toujours les même Kilos. Des olives , des limaçons des tramousses et des bliblis et moi avec mon verre de sélecto. Une boisson un repas complet le patron est sympa et je paie qu’un poco.

Cet après midi gros emploi du temps je vais au 34 de la rue Léon Roches et il ne faut rien oublier : La craie pour jouer à la marelle avec les filles. La toupie avec le clou gangui et sa gitane pour jouer à casse toupie. Des sous pour acheter 2 boites d’allumettes en bois pour faire des tchapes. Les noyaux et les tics tics pour jouer à seven. Des sous pour acheter chez l’arabe d’en haut la côte un canout. Les billes pour jouer au trou prisonnier. Les déraillés pour jouer au circuit automobile. A encore des sous pour acheter des globos et faire des bulles énormes que t’éclates sur la figure du copain. Le con de sa mère , il rentre plus rien dans mon cartable.

Ne pas oublier à 5 heures la calentita chaude et les roliettes à la boulangerie espagnole .

Après le soir, tu fais l’avenue de la Bouzarèah , tu vas et tu viens 10 fois , rien que tu ramènes ton copain chez lui et après qu’il te ramène chez toi. Finalement tu dors chez lui !!!. Avec la barouffa tu mires une fille que si tu fais bien le mariol elle te sourit. Tu peux lui payer un zallabia ou un moukroun chez Blanchette mais c’est tout. Comme tu es connu par toutes les familles du quartier tu peux rien faire que le lendemain ta mère elle le sait avant toi. Tu te prends une calbote à te niquer la tête . Le pois chiche dans ton crane il joue au flipper et si tu bouges c’est game over.

Aujourd’hui nous sommes tous plus ou moins sguiches et laouères mais quel bonheur de penser à notre jeunesse passée. Je vous souhaite une bonne année et une bonne santé.

T. Gisbert 18, rue Livingstone ALGER