Le : 22/08/2012 15:40
Noces de Bab el Oued à TIPAZA
J’ai toujours ce besoin incontrôlable de trifouiller dans l’enregistrement de ma mémoire ancienne pour retrouver la salle des archives qui contient tous les souvenirs, les bons et les mauvais. Je pousse la porte grinçante qui me rappelle que cela fait bien longtemps que je n’y suis venu. Dans la pénombre, sans hésitation, je me dirige vers un rayonnage couvert d’une épaisse poussière, et sur l’étagère branlante je saisis la bobine qui renferme les images en noir et blanc d’une inoubliable sortie éducative à la découverte des ruines romaines de Tipasa organisée par notre instituteur du CM2 de l’école de la Place Lelièvre: Monsieur BENHAÏM.
C’était il y a bien longtemps, 56 ans je crois, et pour moi c’était hier:
Avec l’ensemble des camarades de classe, nous étions excités à l’idée d’aller découvrir ce site historique, et par le fait de ne pas avoir classe ce jour là. Il faut dire aussi, que pour la majorité d’entre nous, partir en véhicule à moteur loin du quartier, c’était un véritable baptême.
Dès sept heures, on avait pris place dans l’autocar garé rue Jean Jaurès, et Monsieur BENHAÏM, tel un épicier vérifiant sa comptabilité, pointait et repointait les présents pour n’oublier personne. Un cri collectif de libération salua le départ et nous regagnâmes le littoral en chantant comme un seul homme toutes les rimes en « A » de notre « pataouète »: « Faire un tour en pastéra, lança pour débuter Ferrer; et tout le car reprit en cœur: « c’est tata, c’est l’algérois.».
« Manger d’la calentita » cria-t-il à nouveau, amenant à l’unisson la même réplique:« c’est tata, c’est l’algérois.». « Monter la côte de la Bassetta », « La figa de ta ouella », toujours le même cœur avec les veines du cou prêtes à éclater: « c’est tata c’est l’algérois.» L’énergie débordante et les cris d’exaltation se calmèrent subitement lorsqu’à hauteur du stade Marcel Cerdan, nous fûmes pour un court instant muet d’admiration : le boulevard et la mer, côte à côte dans un joue-à-joue sinueux, déroulaient en perspective des cartes postales animées que nous commentions le nez collé à la vitre.
« L’Eden, l’Eden !oh! là-bas la « pastéra », regardez sur l'eau, la pastéra! » En contrebas de la route, un pêcheur souquait ferme pour rejoindre le palangre posé à quelques encablures de la plage déserte. Le voyage allait être long. Pour beaucoup plongés dans la fascination, les yeux écarquillés par tant de tableaux de maître, ils découvraient pour la première fois d’un piédestal mobile la beauté insoupçonnée de leur pays. L’émerveillement était à son paroxysme ; l’album de photos en couleur défilait en continu sur l’écran transparent qui avançait. Notre appétit de découverte n’imaginait pas enregistrer pour toujours dans nos mémoires de citadins, le charme exceptionnel de ce coin d’Algérie où la nature ne pouvait échapper à l’omniprésence de la mer. On venait de quitter Bab el Oued et la ville, et déjà, Saint-Eugène, posé comme un balcon sur le large, nous en mettait plein les yeux. Nos deux quartiers limitrophes, unis comme les doigts de la main, avaient en commun la protection divine de Notre Dame d’Afrique érigée en vigie au sommet de la colline. Entre Raïsville et le Parc-aux-Huitres, les façades des maisons blanches s’alignaient fièrement comme des amandiers en fleurs dans la pente qui longeait le boulevard surplombant les plages et les calanques. Les constructions se dressaient avec pudeur à l’abri du soleil et des regards, derrière des jardins arborés de figuiers et de néfliers. Les fenêtres fixées sur l’horizon azur cueillaient une vue imprenable ; elles semblaient se faire la courte échelle pour ne pas manquer une seconde de l’impacte des saisons. De ces nids de verdures embaumés de jasmin on ne pouvait rater les bleus que la mer étalait au cours de la journée : au bleu gris du matin succédait un bleu nacré qui annonçait à midi le triomphe du bleu turquoise. Dans le contraste des lumières de l’après-midi, un bleu lumineux se faufilait avant de faire place au bleu d’encre de la nuit. La permanence du sublime ne pouvait laisser indifférent. On aurait pu raconter Saint-Eugène à la manière d’un conte de fées bien réel, qui aurait pu commencer ainsi: « Il était une fois un village aux fleurs parfumées d’iode avec des balcons galbés de lilas suspendus, des vérandas drapées de cascades de bougainvilliers rouges violacés, et des terrasses écrasées de soleil avec des linges blancs claqués par le vent du large, donnant l’impression de saluer inlassablement le va-et- vient des marins». Les Saint-Eugènois étaient, sans le savoir, les acteurs d’une pièce de théâtre marine perpétuée depuis des générations où chaque matin un hymne à la joie les réveillait.
Les criques, les rivages de sable blond, les ilots s’enfilaient comme des perles, à la queue leu-leu sur tout le bord de mer. La beauté n’était pas radine, et à midi plein elle scintillait de mille éclats. En quelques virages, on était bien loin des agitations de notre faubourg, du brouhaha incessant du marché, du tintamarre grinçant des tramways et du vacarme lancinant des moteurs et des klaxons qui envahissaient de plus en plus nos rues. La liesse enfantine qui perdurait dans le car ne cessait de commenter à haute voix le déroulement du trajet: Sebaoun s’écria:« Raïsville, et un cornet de frites, chaud bien chaud! », Ben Malek enchaîna « Le stade, dimanche, quand Hamoutene il a marqué, on a crié «iiiiilllll’yyyyyééééé; les morts au cimetière ont bougé.», Ayache repris:« La salle des fêtes: pour le mariage de ma sœur, on a fait une bombe à tout casser.» Quittard lança: « Le Petit Bassin, ici putain, on fait des oursins maousse comme des assiettes », Solivérès renchéri: « Les Deux Chameaux : j’ai un copain, il nage sous l’eau, la tête sans respirer du Fauteuil au Charlemagne, d’un seul coup », Lozano s’enthousiasma: « Le Parc aux Huitres : mon père ici, il a attrapé un poisson gros comme une baleine », Labianca interrogea: « Ma parole, comment ta mère elle a fait pour le mettre dans le four ? », Amara expliqua :
« Lavigerie : le frère de mon copain, il a fait une pantcha du plongeoir de la corniche, il est resté mort dans l’eau un quart d’heure.» Dans l’excitation du parcours qui commençait, le groupe était intarissable et chacun voulait exprimer une part de son vécu ; comme tous les enfants, nous avions le sentiment d’être le nombril du monde.
L’euphorie se partageait de part et d’autre de la chaussée bitumée. Sur la droite, la brume matinale de l’été roulait des fumées opaques jusqu’aux limites de l’horizon. Comme un rituel, le soleil embrasait le large pour commencer la journée. La mer habillée dans sa tunique bleue clapotait inlassablement contre les rochers la douce mélodie des vagues entre l’Eden et les Bains Romains. De partout, des cabanons sobres et modestes, vaporisés d’embruns salés et agglutinés en grappe sur des éperons, se miraient dans les eaux dansantes comme par coquetterie. Ici, si ce n’était pas le paradis, il lui ressemblait beaucoup. Les ilots de Baïnem-falaise, dressés comme des remparts sur les eaux argentées, affrontaient allègrement l’écume de colère des tempêtes hivernales. La côte dans sa totalité s’ouvrait en toute innocence aux assauts de la haute mer. Dans le lointain du phare de Cap Caxine, des guirlandes de fumées noires suspendues dans le sillage d’un paquebot à destination de terres inconnues maculaient le ciel de rêves incertains. En traversant Guyotville, Jeandet, garçon malingre et rieur, déclara: « En août, La Madrague c’est une réserve de Peaux Rouges; y s’tape la gazouze les pieds dans l’eau et la tête coincée dans les baleines du parasol ». Les bavards de la classe avaient confisqué la parole et seuls les rois de la tchatche s’en donnaient à cœur joie pour exprimer le trop plein qui bouillait en eux. Le seul lieu connu de tous qui fit l’unanimité fut Sidi Ferruch, lieu mythique que fréquentait tout Bab el Oued lors d’excursions traditionnellement organisées les lundis de Pâques et de Pentecôte, ainsi que le 15 Août; le souvenir historique du débarquement de 1830 était loin de nos pensées, seule la forêt des plaisirs que l’on partageait en famille et entre amis depuis des générations avait un sens et les noms qui nous faisaient vibrer étaient: le Robinson, le Normandie, la plage Moretti, le vivier. Toutes les bourgades traversées déclaraient avec fierté leur union à la mer: Daouda-Marine, Fouka-Marine, Castiglione et son aquarium. Un sardinier de retour de pêche avec des hommes affairés sur un monticule de filets, franchissait la passe du port de Chiffalo, suivi par les cris d’une nuée de mouettes rieuses affamées. Le spectacle maritime sur notre droite, ne nous faisait pas perdre une miette de la vie rurale qui défilait sur notre gauche, de l’autre côté de la route.
La plaine côtière se découpait en damiers successifs de terres cultivées de légumes et d’agrumes protégées des bourrasques par des claies de roseaux et d’espaces caillouteux tapissés de buissons épineux, d’acacias sauvages et de végétation jaunie par la sècheresse. Quel contraste avec les jardins d’hibiscus rouges et d’iris bleus au centre des villages où la profusion de roses accrochées aux façades donnait aux maisons des allures de chars en compétition pour un corso fleuri.
La seule ombre au tableau de ce florilège d’images qui donnait à l’été ses couleurs de vacances, c’était l’usine des ciments Lafarge qui dressait dans le ciel de longues cheminées fumantes, juste dans la descente après le Casino de la Corniche en direction d’un petit joyau qui avait pour nom: la Pointe Pescade.
Mieux que dans un film, la bobine déroulait une magnifique pellicule de scènes et d’images avec en prime les couleurs de la réalité. A Zéralda, près des Sables d’Or, un groupe de travailleurs échangeait des rires complices et se désaltérait sous le jet d’une gargoulette à l’ombre d’un caroubier. Un peu plus loin, à la sortie de Tefeschoun, un char à banc se frayait un passage chaotique dans les ornières d’un chemin de terre et transportait des ouvriers agricoles enturbannés dans les champs. A l’orée du village de Bouharoun réputé pour son eau minérale, en bordure d’un champ de céréales, une moissonneuse-batteuse dissimulée dans un nuage de poussière, crachait en saccade des fumées pétaradantes et alignait alternativement sur le côté une botte de paille et un sac de grains. Un peu plus loin, dans les rangs de vigne qui épousaient la pente d’un coteau, un chasseur, fusil en bandoulière, dans le pas de ses chiens, avançait à découvert dans les mottes de terre encore humides de rosée. Partout des collines boisées de chêne-liège et de pins maritimes jouaient à saute-mouton de loin en loin dans la découpe du ciel immaculé ; elles préservaient un peu d’ombre dans la fournaise de cet été interminable traversé par la stridence des cigales. En somme de notre car transcendé par la liesse enfantine, nous assistions à rien de plus qu’à un moment de vie banale qui faisait notre Algérie et dans laquelle on était si bien. Comme dans n’importe qu’elle région du monde, une journée ordinaire chez nous, ne pouvait se défaire de l’ambivalence humaine à la fois fraternelle et égoïste où charme et disgrâce s’accorde avec pile ou face.
Seulement voilà, dès les prémices du printemps, la nature qui se pomponnait des couleurs de l’arc-en-ciel nous enivrait d’Algérie: les amandiers en fleurs badigeonnés de crème fouettée ouvraient le bal des émotions et la campagne dans un sursaut d’imagination répliquait avec la tâche rouge-sang des coquelicots qui, sous l’impulsion de la brise, dansaient au rythme d’une marche espagnole. Le ballet de jouvence se poursuivait avec le jaune cérémonie des boutons d’or qui scintillaient sous les rayons de midi comme des lucioles virevoltantes dans l’obscurité de la nuit. Le souffle d’un air tiède ondulait les tapis fleuris disséminés sur la nappe blonde des blés dans un mouvement perpétuel de va et vient tels le flux et le reflux de la vague le long de la grève. On pouvait penser que le Grand Architecte de l’Univers, artiste-peintre à ses heures perdues, sublimait ses émotions en gambadant sur la terre de chez nous. Le vent vorace inspirait à pleins poumon s l’envol des pollens et restituait avec générosité l’odeur des roses, du jasmin et du romarin qui s’imposait ici comme une marque de fabrique. Les coins enchanteurs de cette côte littorale appelée
« Côte Turquoise » se succédaient telle une pièce de théâtre en plusieurs tableaux où, les spectateurs charmés, espéraient que la fin n’arriverait jamais pour ne pas détruire le rêve éveillé qui les régalait.
De criques tourmentées d’à-pics aux étendues de sable fin parsemées d’algues séchées, de vignes aux raisins muscat gorgés de sucre, aux champs labourés de sillons à perte de vue, nous fûmes brusquement saisis dans le lointain entre Marengo et El Affroun, par des alignements d’orangers, de clémentiniers, et d’oliviers qui bordaient la plaine de la Mitidja. Soulevant dans l’autocar de l’admiration: « C’est immense! ça nous change du Beau Fraisier et de la campagne Jaubert ». Enfin, Tipasa parfumée d’embruns nous apparu dans un havre de beauté prodigieux bordé en tout lieu par le bleu nacré de la mer. Sur la gauche fermant l’horizon, le massif du Chenoua dressé en bouclier, préservait le port des caprices du vent qui désormais, forcissait et moutonnait la crête des vagues venant du large d’un diadème de première communiante. Nous étions cloués d’émerveillement comme devant un cadeau de Noël. Nous nous apprêtions à visiter un patrimoine de ruines et de monuments anciens figé dans un écrin de verdure que les « colonialistes Romains » (citation que les Berbères chrétiens et juifs ont dû employer à l’époque) laissèrent à la postérité dans notre pays.
L’excursion se fit au pas de course sous le chant stridulant des cigales que le vent colportait en blanchissant d’écume les caps de Sainte Salsa et du Forum. Les oiseaux en concert répliquaient leur partition à la cime des arbres, créant une ambiance de gaîté et de joie. Dans ce site majestueux embaumé des parfums d’armoise et de lentisque, les dieux Romains avaient probablement été, eux aussi, éblouis et fascinés par tant de beauté. N’étaient-ce pas des noces qui se célébraient aujourd’hui entre l’innocence de ces enfants venus de Bab el Oued et l’attrait sublime de cette nature éternelle. Quelques années auparavant un jeune écrivain, promis à un brillant avenir, Albert Camus, avait écrit: « Noces à Tipasa » comme un cri d’amour à toutes ces merveilles qui nous entouraient. Nous suivions Monsieur BENHAIM qui s’efforçait de nous intéresser à l’histoire de la Catacombe des Evêques, du Mausolée Circulaire, de la Grande Basilique Chrétienne, des Grands Termes ou de l’Amphithéâtre. Notre imagination sans borne nous faisait entendre les eaux en cascade de la fontaine de Nymphée et les cris de la foule enthousiaste dans le Petit Théâtre où le premier spectateur était la mer. Nous avions l’impression que le Cardo avec ses alignements de colonnes s’enfonçait dans la mer. Nous apprîmes en franchissant les portes des remparts protégeant la ville qu’à cette époque, Alger s’appelait Icosium et Cherchell: Césarée. La pause pique-nique se fit sur un quai du port où nous partageâmes
« omblettes de pon de terre », « cocas à la frita », « casse-croûte à l’huile frotté d’ail» arrosés d’un « sélecto Hamoud Boualem » et d’une limonade « Dédé ». Et l’incroyable c’était que le banc de pierres sur lequel on déjeunait avait mille huit cents ans. Nous formions un cercle attentif autour de notre maître d’école qui mêlait le geste à la parole pour mieux expliquer les évènements historiques de la période romaine. Cela n’empêchait pas les rangs arrières de se distraire, le nez levé au ciel pour suivre un vol noir d’étourneaux qui passait, ou cueillir à la hâte une poignée d’arbouses sucrées dans les genêts et les jujubiers sauvages qui jalonnaient le parcours. Monsieur Benhaïm , nous expliqua que notre pays avaitsubit, depuis ses origines, un mélange extraordinaire : « Mes enfants, nous dit-il, les véritables ancêtres de l’Algérie sont les Berbères ; ensuite se succédèrent des colonialistes de tout le bassin méditerranéen: Phéniciens, Numides, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes, Espagnols, Turcs et enfin nous autres les Français.»
Mon copain Djillali provoqua des rires en interrogeant : « Qui prendra le tour suivant ? »
La journée à Tipasa s’acheva par un léger détour à travers des champs plantés d’amandiers qui nous menèrent dans une solitude sauvage au sommet d’une butte où trônait un tas de pierres architectural impressionnant : le tombeau de la Chrétienne ; un monument de l’époque barbare qui témoignait des hautes valeurs du peuple Berbère. Le retour fut tout autre. Finie la chorale impromptue qui ébranlait le car ce matin avec des « plus vite chauffeur ! plus vite chauffeur ! plus vite ! » La fatigue était passée par là, et le ronronnement du moteur accompagnait la somnolence générale qui s’était emparée du groupe avant Bérard. Plongés dans la léthargie qui avait calmé les plus loquaces, nous revisitions dans nos pensées la page d’histoire de notre pays que nous venions de découvrir dans les pins et les tamaris aux troncs torsadés par le vent. Nous ne pouvions nous défaire de l’aquarelle de bleus lumineux accouplés à l’ocre des monuments qui s’était incrustée dans nos mémoires. Les pierres dressées, les arches, les arceaux et les colonnes Toscanes surmontées de chapiteaux à feuilles d’acanthe qui encadraient l’horizon et la mer, formaient d’incroyables tableaux suspendus aux cimaises de la féérie pour l’éternité.
A l’arrivée devant chez « Coco et Riri », Pappalardo lança : « Icosium, Icosium dernier arrêt, tout le monde descend », et les éclats de rires rappelèrent à nouveau la joie de vivre qui nous collait à la peau.
Après tant années, surtout les jours gris sous la pluie, je repense souvent dans le détail à cette admirable balade de lumière avec les camarades du CM2 sur la Côte Turquoise. La fresque sur Tipasa, imprimée à jamais dans ma mémoire, resurgit dans les nuits agitées par ma « nostalgérie » : je ne peux oublier la crête des vagues blanchies par le vent, le chant des cigales, l’odeur du jasmin et de l’armoise, les accents et les amitiés d'enfance. Je retrouve intacte la bravoure et l’humanité de Monsieur Benhaïm qui ce jour là avait délaissé son habille guindé d’instituteur pour devenir le père et l’ami de tous les élèves.
Vous imaginez l’émotion lorsque six ans plus tard, ayant intégré l’Education Nationale, je recevais ma nomination d’enseignant pour l’école de la rue Léon Roches dans le quartier qui m’avait vu naître. Je frappais à la porte du bureau du directeur pour me présenter. Je n’imaginais pas une seule seconde, que le Chef d’établissement qui allait m’accueillir était Monsieur BENHAÏM, le maître du CM2 qui avait contribué à célébrer à l'age de dix ans, mes noces indéfectibles avec Tipasa. Je retrouvais l’homme qui ne parlait pas avec la bouche mais uniquement avec le cœur. L’étreinte et l’émotion furent à la hauteur de l’estime que nous nous portions.