Le : 25/07/2015 07:27

Les odeurs de là bas

Sens-tu le frais parfum de la blanche anisette

Dans le verre embué ? Et celui des brochettes

Aux portes des cafés ? De là bas c'est l'odeur.

Me voici transportée sous l'oranger en fleurs

Des souvenirs, soudain, s'ouvre tout grand le livre

Quand toutes ces senteurs se mettent à revivre,

C'est un ciel éclatant d'azur et de vermeil

Une mer d'émail bleu ondulant au soleil

C'est la vigne naissant au sein des terres rouges

C'est midi si brûlant que l'ombre seule bouge

C'est l'ardente clarté courbant les floraisons

C'est la chaleur, la plage; c'est notre maison.

Respire à pleins poumons cette odeur généreuse

Et vois le bourricot sur la route poudreuse

Qui trotte résigné, chargé de lourds paniers

Qui lui battent les flancs. Retrouve les palmiers

Aux écailles brunies dont la houppe balance

Dans les cieux en fusion la verte nonchalance

Qui, respire bien fort les parfums de là bas

Et tu verras alors, emplissant les cabas

En tunique de sang, la tomate pulpeuse

L'orange ensoleillée et la grappe juteuse

Tu sentiras l'odeur des couscous épicés,

Des paëllas fumantes, des piments grillés,

Et l'arôme fruité de notre huile d'olive

La fragrance salée du rouget, de la vive

De la dorade rose au bout de l'hameçon

Dont on se mijotait des soupes de poissons

Vois les figues sucrées emplissant la corbeille

Près desquelles tournoient les friandes abeilles

Délaissant le jasmin langoureux, obsédant.

Nous mordions dans la vie, ensemble, à pleines dents

C'était la joie, le rire, c'était le bonheur !

Le passé contenu dans ces fortes senteurs

C'était les temps heureux, c'était notre richesse...

Car l'odeur de là bas, c'était notre jeunesse !

Odette TREMELAT LEGAY