Merzak OUABEDE
jeudi 15 octobre 2015 - Bibliothèque des trois horloges
Le : 16/01/2014 14:13
QUI DE NOUS DEUX A PU CHANGER
Qui de nous deux a pu changer
N’est plus le même, n’est plus constant
Est-ce bien moi ou toi Alger
Toi que j’adore, et qu’j’aime tant
Je n’ai que toi, et ton soleil
Qui me réchauffe, sans me brûler
Et qui m’invite dès ton éveil
D’aller vers toi, déambuler
Je n’ai que toi, et ta mer bleue
Que je contemple sans me lasser
Même si dehors, il vente ou pleut
Je plonge au loin, dans ton passé
Dans tes boulevards et avenues
Tes belles terrasses, ont disparues
Que je me sens, un inconnu
Un débarqué et un intrus
Ni novelty, ni coq hardi
Ni le névé, ni d’autres encore
Ni les coquettes, ou les dandys
Qui s’pavanaient, dans ton décor
Où sont les modes vestimentaires
Qu’aux lendemains on adoptées
Qu’elles viennent de France ou d’Angleterre
Les algérois, vite les portaient
Mini, maxi, et le poncho
Taille basse, taille haute, patte d’éléphant
Deux pièces en plage, dès qu’il fait chaud
Et le jacquard pour les enfants
Où est la belle et la souriante
Que j’ai connue dans ma jeunesse
La chaleureuse et l’accueillante
Qui envoûtait jusqu’à l’ivresse
Où est l’ambiance des nuits d’été
Que tu offrais à tout moment
Comme ces galas de variétés
Dont on était, jadis gourmands
Pourquoi tes rues sont désertées
Juste à l’orée du crépuscule
Pourquoi l’on brime les libertés
Au lieu d ‘avancer, l’on recule
Qui rase tes murs, en étranger
Mais doit tenir, faut pas qu’il flanche
Qui se sent seul, et en danger
C’est moi ou toi, Alger la blanche
Qui te contraint et qui t’accule
A tout fermer, rideaux et portes
Plus rien ne bouge, rien ne circule
Devenant ainsi, une ville morte
Dis-moi pourquoi les étrangers
Ont tous quitté le territoire
Pourquoi, la peur et le danger
Pourquoi le deuil, pourquoi le noir
Ne pouvant pas t’abandonner
Je suis resté à tes côtés
Car je ne peux me pardonner
De te voir seule grelotter
Tu sais très bien ma belle cité
Que J’t’aime trop pour changer d’air
Mais j’aime autant la liberté
Et surtout celles auxquelles j’adhère
Tu es morose, n’est plus la même
Et tes enfants veulent te quitter
Mais malgré tout, tu sais qu’ils t’aiment
Tu es la leur et leur fierté
Je sais que tu as tant résisté
Comme toujours, et en tout temps
Je sais aussi qu’en vérité
S’en va l’hiver, vient le printemps
Alors dis moi qui a changé
N’est plus le même, n’est plus constant
Est-ce bien moi ou toi Alger
Toi que j’adore, et qu’j’aime tant
Merzak OUABED Alger, le 20 février 1998
Ce poème est dédié à vous et à votre site et à tous ceux qui sont nés à Alger, qu'ils ont quitté involontairement, et qu'ils continuent à aimer malgré tout.