André TRIVES
samedi 22 septembre 2012 - Bibliothèque des trois horloges
Le : 28/05/2012 07:53
Hier 27 mai 2012, sous la houlette de l'Association des Anciens et Amis de Bab el oued (ABEO), les enfants de notre cher quartier s'étaient donnés rendez-vous à l'abri des feuillages du Grand St-Jean à Aix en Provence. Une journée ensoleillée avec des coeurs tristes : cela fait 50 ans que l'on a quitté dans les larmes notre beau pays d'Algérie. A midi, autour des Trois Horloges reconstituées, et au cours d'une émouvante minute de silence, nous nous sommes souvenus de notre vie de la-bas, de nos chers parents abandonnés dans le cimetière de St-Eugène, de nos matins baignés de soleil, de nos parties de foot "en bas la rue", de l'odeur de la mouna à Pâques,de nos sorties en excursion à Sidi Ferruch, de l'amitié de nos voisins dans les maisons aux portes d'entrée toujours ouvertes, de la photo en communiant prise sur le parvis de Notre-Dame d'Afrique, de notre passion pour le cinéma vécue le dimanche après-midi en famille, de la volée de cloches de l'église St-Joseph les dimanches matin, du beignet arabe et de la calentita qui l'huilait nos mains d'enfants, des baisers dans le cou de nos mamans, des fêtes religieuses : Yom Kippour, le Ramadan ou la Noël qui mettaient en joie tout le quartier...
A l'issue de ce moment d'émotion qui nous ramenait 60 ans en arrière, spontanément comme l'expression d'un patrimoine commun à protéger jusqu'à notre mort, retentissait le chant des Africains. Jusqu'à plus de souffle nous revendiquerons ce droit d'être des Français d'Algérie et parce que le mot Algérie a été inventé par la France, j'ajouterai aussi que nous sommes des Algériens français.
Je faisais remarquer il y a quelques années que les ondées qui arrosaient les réunions annuelle de l'ABEO, c'étaient nos absents venus en masse se rendre compte de ce qu'étaient devenus leur progéniture. Eh bien, hier le miracle s'est reproduit : vers 14 h, le ciel s'est assombri et une pluie douce et rafraichissante nous a carressés le visage un court instant. Nul doute, ils étaient là avec nous pour nous dire " enfants de Bab el oued, continuez à préserver notre mémoire, la seule richesse qui nous reste"
Bravo et mille merci à ces bénévoles de plus de 70 ans qui chaque année depuis 30 ans perpétuent notre bien le plus précieux : LA FRATERNITE.