Robert VOIRIN
lundi 20 février 2012 - Bibliothèque des trois horloges
Le : 17/11/2010 17:01
RIEN QUE JE MARCHE DANS L'AVENUE
Ca y est, me revoilà plongé dans des scènes qu'elles me reviennent,
akarbi elles sont comme écrites dans d'immortelles rengaines,
elles déferlent en moi pareilles aux vagues de la Madrague
que du monde entier c'est la plus belle des plages...
Non bessif, je ne serai jamais dans la " nuit noire de l'oubli "
comme on dit dans la chanson, car j'y pense bezef à mon petit paradis.
Il est six heures du soir mainant, je sors de chez moi rue Réaumur,
puis je descends les escaliers du Cassis, qu'ils sont raides ça c'est sur,
je continue rue Cardinal Verdier jusqu' là bas en bas,
et va-z-y que j'arrive dans mon avenue de la Bouzaréah !
Qué calor en ce début de soirée, mais c'est impeccable pour faire un tour,
après le café de Barcelone j'arrive à un endroit que ça vaut le détour,
c'est les Trois Horloges qu'elles sont à l'heure comme toujours,
elles trônent au beau milieu de la place, zarma c'est le plus beau des carrefours !
Une affiche au sol annonce un bal à Padovani avec l'orchestre Ripoll
où y en a qui se prennent pour les rois du tango ma parole,
et que le choléra i'm dévore les yeux si c'est pas vrai,
on se croirait kif kif dans la scène principale d'une pièce animée
par des tchatcheurs heureux pareils à des acteurs pleins de gaieté.
Devant chez Moati les gens font la chaîne, c'est un monde en ballade,
ça passe devant le Café de Provence, autour de moi ce n'est que tchalefs et rigolades,
ici on s'arrête, on tape cinq, et devant la pharmaçie on repart de plus belle
pour se faire l'avenue plusieurs fois comme dans un rituel.
Je rêve ou quoi, on perd pas la fugure devant ce spectacle sans égal
heureusement que je suis pas laouère parce que pour moi c'est un régal !
Une fois que j'ai tout bien aregardé, et vinga comment que j'me lance
à mon tour en me faisant une petite place dans cette folle ambiance.
Ba ba ba ! les canus bras dessus bras dessous en robe légère ont un air triomphant,
les épaules bien bronzées , les yeux brillants, elles ont un sourire éclatant,
d'un pas léger et rien qu'avec un peu de tcheklala, elles sillonnent le trottoir,
suivies pas des calamars qui ne veulent pas faire tchoufa, ils sont pleins d'espoir...
Faut être jmaous pour vouloir traverser au milieu des Vespas et Lambrettas,
Dauphines, Arondes, Fregates, Dyna Panhard, 203, et autres motos Puch et Jawa,
c'est un tintamarre sympathique, sans parler des grincements terribes du tram des TA,
je suis sur que ça peut pas exister ailleurs un endroit si convivial,
alors je redémarre fissa rien que pour ne pas perdre une miette de ce festival.
Tout le long de l'avenue des cafés et des magasins qu'est ce qu'y en a pas !
les chaussures Pons, le bar chez Ferrer, le photographe Petrusa,
le marchand de journeaux Spadaro, la teinturerie Serra, l'ébéniste Pedro,
le bar " le Tout Alger " , Vidal et Méléga, l'autre chausseur Marco
l'Epi d'Or, les jouets ElBaz, la boucherie Henny,
le Select Bar, Chez Jules, le monoprix ex Trianon, les vêtements Ricry
et par la rascasse de sa race, c'est sur que j'en oublie.
Quand j'arrive devant Roma Glace, qu'est ce que je vois pas devant mes yeux !
sur un fil glissent doucement devant les clients des beignets délicieux...
Mais je continue, je sens qu'il flotte dans l'air des odeurs de kemias
ça me fait saliver surtout quand j'arrive au niveau de la rue Barra,
au coin de l'avenue devant le bar Alexandre ça sent bon les brochettes,
dedans on dirait que certains sont un peu chispounes... c'est la fête...
En rejoignant mes copains rue Montaigne devant le café des frères Escobedo
je passe devant Discophone, sur la vitrine est affichée une photo de Dario Moreno ...
anda qu'on pousse alors jusqu'à la Grande Brasserie où ça se bouscule au comptoir,
mais par la mort de ses os on doit la quitter cette avenue pleine de belles histoires,
alors avant on se fait un aller et retour en errière parce qu'on est pas des ouellos,
nous on voudrait que ça s'arrête pas, pourtant on se dit chiao
en se séparant à la rampe en fer de l'avenue Durando.
Jean Michel et moi on descend jusqu'à la Consolation et bientôt
on passe la Poire d'Or et la Princesse, la Poste, l'hôpital Maillot,
vers la Cité Picardie chacun remonte à la maison la tête encore pleine
de ce Bab el Oued que l'on aime et de son image tellement humaine.
Je suis loin de penser à ça mais si je devais le quitter un jour, j'aurai la rabia,
je n'ai que seize ans mais j'ai l'impression qu'il me manque déjà...
Robert Voirin