André TRIVES
dimanche 23 janvier 2011 - Bibliothèque des trois horloges
Je porte à votre connaissance cette histoire vécue il y a quelques jours par 7 amis de Bab el Oued, mamies et papys aux cheveux bien blanchis, qui avaient rendez-vous 45 ans après, avec leur enfance, leurs racines et le quartier qui hantait leurs rèves depuis si longtemps. Histoire qui m'a été racontée lors de la réunion de l'ABEO à Rognes le 4 juin dernier; et que je me permets de divulguer car lorsqu'il s'agit, d'amitié, de fraternité, d'amour, on se doit de les colporter comme des messages d'espoir pour cette pauvre humanité qui en a bien besoin. "Le groupe se trouvait place des 3 horloges et voulu se faire photographier ensemble; il demanda à un jeune Algérien (né après l'Indépendance du pays) de remplir cette sympathique mission, et il s'exécuta avec plaisir. A ce moment précis, un vieil homme au visage d'Abdelkader, se précipita du trottoir de chez Moatti sur le groupe et montrant de son index l'un d'entre eux dit:" toi je te connais, toi je suis sùr que je te connais". Interloqué, notre ami lui fit remarquer que cela semblait difficilement probable étant donné leur différence d'age. Et devant l'insistance du vieil homme convaincu, le jeune papy sorti une photo de sa maman en précisant:" ma mère tenait un étal au marché.." La réaction fut explosive et le vieux chibani se transforma en un adolescent tout excité; il martela:" mais ta mère, c'est Néna, comment si je la connais... t'y es son fils... t'y a la même tête qu'avant...pourquoi vous êtes tous partis...avant c'était le bon temps..." Il s'ensuivit des minutes intenses d'émotions où les yeux s'embuèrent à l'unisson.Même le jeune photographe d'occasion avait été décontenancé par ce moment de retrouvailles épiques.Alors ce dernier fit la proposition de se rendre chez lui tout à côté pour prendre ensemble un thé à la menthe. Le groupe fut géner d'une telle invitation et ne voulant pas déranger la gentillesse de cet homme rétorqua:"C'est très gentil de votre part, mais nous n'avons pas trop de temps et il nous reste une chose importante à faire". Celui-ci répliqua:" Mais qu'avez-vous de si important à faire ?" Il lui fut répondu:" nos devons nous rendre au cimetière nous recueillir sur la tombe de nos parents et la dernière fois c'était il y a 45 ans.." "Justement, venez chez moi, j'ai quelque chose à vous donner" lança-t-il . Ils se rendirent dans une maison toute proche où l'accueil fut exceptionnel avec des paroles toutes exceptionnelles:" ici vous êtes chez vous..." et le jeune Algérien pris un sécateur et coupa toutes les roses de son jardin qu'il remis au groupe pour fleurir les tombes de leur famille. C'est les yeux remplis de larmes d'émotion que notre groupe d'amis franchirent la porte du cimetière de St Eugène avec les bras chargés de roses de Bab El Oued." Quel beau moment d'humanité !