Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Bibliothèque des trois horloges

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HSAMBUCHI

nostalgie..la terrasse du 60 cardinal verdier

A nouveau ,la cohorte des souvenirs,vient me tirer par la manche. Me voila sur la terrasse du 60 cardinal Verdier ...J'aime y monter pour contempler le quartier...être un peu voyeuse de la vie qui s'étale en bas .Mais aujourd'hui c'est la terrasse qui est l'objet de ma mémoire. Sortant de la cage d'escaliers,qui baigne dans la demie pénombre,et la fraîcheur!..a peine passer la porte...éblouissement total!,une orgie de soleil,m'accueille! me suffoque!je retire mes chaussures..mes pieds arrivent difficilement a supporter la brûlure du sol, mais j'aime ce contact!..la terrasse est resplendissante de clarté ! les locataires du 5 ième sont là , depuis tôt le matin ..jour de lessive ..Le linge déjà étendu aux rayons du soleil ,claque sous la légère brise chaude..sa blancheur brûle les yeux!Au sol sur un carré de tissus tout aussi éclatant,de magnifiques tomates coupées en deux,sèchent en absorbant les dards du soleil!il s'en dégage une odeur âcre , ce tableau que forment ces gouttes écarlates ,ressemble a un champs de coquelicots!Deux jeunes femmes,face a face,plient les draps qui ont séché rapidement...prés d'elles deux beaux enfants regardant leurs mères toutes ruisselantes de sueur,par l'effort du lavage, commencent a pleurnicher,ne supportant plus la chaleur,malgré le parasol qui tente de les préserver.Du coin de l'oeil elles les observent ,d'un tendre mot,les consolent,il faut finir l'ouvrage commencé.Une bouteille d'eau,reposant dans un sceau,habillée d'une serviette humide,est prévue pour étancher la soif de chacun.Pieds nus également,vêtues de robes multicolores,que le souffle chaud fait gonfler,silhouette dessinées sur les draps ...paraissent onduler et déformer par les mouvements continus du linge.j'ai l'habitude de les voir avec leur voile...mais là,elles semblent autres...les cheveux rouges de henné,l'une les portant en longues tresses,l'autre,libres, au vent, me rende envieuse et jalouse de leur beauté typée!le murmure des mots doux répétée sans cesse aux enfants,qui ont repris les gazouillis et leurs rires tombants en cascades!...Tout cela est si beau ..si serein!....Je m'assois,le dos collé au mur brûlant..je suis bien ,calme,heureuse de ce tableau qui reflète le bonheur et la sérénité du moment.......

HSAMBUCHI

Nostalgie

Parfois..la nuit,quand les souvenirs me tiennent réveillée...me voila transportée «Boulevard de Flandre» ...cette longue allée bordée d'arbres,prise en tenaille par le mur blanc du cimetière de Saint Eugène,et celui,tout en pierres grises de l'Hôpital Maillot...et vient buter sur cette chére rue du Cardinal Verdier au bout..le numéro 60..a l'angle,la marbrerie Louguassi,mais qui a une époque plus lointaine, appartenait a notre Grand'Père ..son nom apparaissait encore ,au fronton en 1960.En face,une porte tristement célèbre,faisant partie de l'hôpital Barbier Hûgo ,dans une salle au réz de chaussée,les cercueils attendaient,le corps des militaires qui avaient succombé a leurs souffrances!..En face, le laboratoire en pharmacie CRÉAT....les jours de fabrication,une odeur forte de créosote envahissait la rue!..A coté le bar «LE PETIT GLACIER»..tenu par la famille Péris...que de bons casses croûtes! ils faisaient!...le pain croustillant venant de chez Sandra..la saubressade et le jambon de chez Cano...mais également et surtout la schorba,qui mijotait toute la matinée ,le parfum du coriandre!...je sent encore l'odeur!!..les amateurs ne manquaient pas!..chaque jour le restaurant était plein a craquer!....les rires fusaient..les voix s'amplifiaient en fin de repas,aidées par le délicieux rosé glacé ...ils refaisaient le monde.!!...plutôt perturbé! mais personne n'en venez aux mains...ils montraient seulement que la vie même difficile était bonne a vivre!!!et reprenaient le chemin de l'usine ou du bureau! Le vendredi soir, les ouvrières sortaient,toutes joyeuses du week end qui s'annonçait ..les unes courants retrouver leurs amoureux,les autres partants ,bras dessus bras dessous,«faire »,comme l,on disait ,l'avenue de la Bouzarhéa..l'avenue des Consulats..entrant a «la Princesse» consommer un succulent gâteau ou une glace..certaines, s'offrant un livre de poche ...revenant sur leurs pas,recommençant a déambuler dans les mêmes rues suivies parles garçons faisant des compliments de la coiffure en choucroute ..des robes en corolles gonflées par 3 ou 4 jupons fraîchement amidonnés ...tous et toutes insouciants et heureux..comme l'on est a 20 ans.....malgré les déchirures qui menaçaient

Antoine BILLOTTA

Voilà, ces quelques vers, juste pour vous dire merci, à vous toutes et tous qui nous permettez de nous retrouver et aux très nombreux autres de nous offrir, elles et eux aussi leurs souvenirs : allez-y, ça fait longtemps qu'on vous attend ici, chez nous......

Pour ressourcer notre "rubrique-à-brac"

de bric et de broc,

pas besoin de fric ni de frac :

simplement des p'tits trucs en toc,

humbles reliques ressorties d'un sac

ou pudiques secrets devenus "docs"

juste pour re-donner le trac

juste pour recevoir en troc

ces f-utiles cadeaux en vrac,

de nos mémoires, sacrés électrochocs..

André TRIVES

BAB EL OUED LA SPORTIVE

A Bab el Oued la pratique du sport occupait une place importante dans la vie tout naturellement. Il suffisait de voir le regard admiratif des enfants pour les tenues de sport aux couleurs distinctives des clubs et associations du quartier pour comprendre que la relève était assurée pour des siècles. Les aînés marquaient de leurs exploits chaque époque et servaient d'exemple à tous ces gamins en espadrilles qui courraient à perdre haleine derrière une balle en papier ficelé. La consécration suprême c'était de revêtir à son tour le maillot portant l'écusson distinctif de son club chéri et faire partie de l'équipe fanion qui disputait une rencontre sur le stade Marcel Cerdan ou sur le terrain des HBM de la rue Cardinal Verdier. Le quartier pouvait se venter de posséder la première piscine olympique à l'eau de mer construite sur les bains militaires d'El Khettani dont les plans-béton avaient été dessinés par un fils de BEO: Henri AIME. Si le foot était le sport le plus pratiqué avec notre vedette internationale Marcel SALVA, l'enfant du Beau Fraisier, force est de constater que BEO faisait montre d'un éclectisme remarquable: la jeunesse s'adonnait avec passion au basket, au hand ball, au volley ball, au cyclisme, au cyclo cross, à la gymnastique, à la natation, au sauvetage en mer, à l'athlétisme, au motocross, à la boxe avec notre champion d'Europe Albert YVEL, à l'halthérophilie, au culturisme, au judo, à la danse, aux jeux de boules, et les associations loi 1901 dont certaines avaient fêté leur cinquante ans d'existence avaient pour nom: le Sporting Club Algérois ( SCA dit"la spardégna"), le Sport Athlétique de BEO(SABO), l'Olympique de BEO (OBO), la Joyeuse Union Algéroise (JUA), le Foot Ball Club Rochambeau (FCR), le Racing Club de Nelson (RCN), l'Association Sportive des Habitations à Bon Marché (ASHBM), la Pro Patria, la Patriote, le club de gymnastique Ste Thérèse.

Tous les jeudis voyaient les confrontations sportives des écoles et collèges de BEO aux divers championnats de l'OSSU qui se déroulaient au stade Leclerc des Tagarins. Tôt le dimanche matin alors que Bab el Oued s'éveillait lentement, de partout des groupes de jeunes, sac de sport en bandoulière, prenaient d'assaut les vestiaires où une odeur d'huile camphrée remplissait copieusement les narines. Les salles situées en sous-sol, les terrains enclavés au sein des cités HLM, le stade Cerdan que la mer inondait à chaque tempête, le Foyer Civique, le stade de St Eugène ou le Stade municipale qui disposait d'un vélodrome, accueillaient une foule de passionnés où les cris résonnaient d'enthousiame et les applaudissements appuyés marquaient les joies de la victoire.Souvent par la fenêtre des cuisines qui surplombait le déroulement d'une partie, les mamans qui gardaient un oeil sur les marmites, ne manquaient pas de participer à la liesse collective. C'étaient de beaux moments d'allégresse ou de déception qui s'emparait de ce petit monde sensible aux valeurs que le sport essaie de transmettre: dépassement de soi, solidarité, courage, fidélité.

Faire revivre Bab el Oued la sportive, c'est remettre en mémoire des beaux moments de camaraderie et de fraternité, des périodes délicieuses de rencontre et d'amitié. Plusieurs générations à leur tour y ont cru et se sont évertuées à transmettre ces valeurs de respect et du goùt de l'effort que la discipline sportive peut apporter; elles ont écrit de belles pages d'avanture humaine et donné la passion du sport aux générations qui suivaient. Si je vous pose cette question:" quelle a été le dernier club sportif en Algérie et dans quelle discipline, a avoir été champion de France avant notre départ en 1962?" Vous connaîtrez la réponse dans un prochain message.

BAB EL OUED LA SPORTIVE ( suite au message)

Je posais la question suivante:" quelle était le club sportif d'Algérie qui pouvait se targuer d'avoir été le dernier avant juillet 1962 à avoir remporté un titre de champion de France ?" C'était me semblait-il une information intéressante et exceptionnelle de rappeler pour l'histoire, les derniers sportifs ayant inscrit au palmarès, juste avant notre départ, un titre national. Et notre ami suédois SELLAM avait vu juste: c'est le SABO (Sport Athlétique de Bab el Oued) en judo qui a obtenu en équipe ce titre de gloire; ces derniers héros s'appelaient: André UDARI, Alain PEREZ, Claude NOUCHI et Christian AMANATIOU auquels il faut ajouter les entraîneurs Raoul DIPAS et Henri MONDUCCI. Ce fut un véritable exploit compte tenu des circonstances inimaginables de l'époque; jugez plutôt: il faut se souvenir des évènements dramatiques qui s'étaient déroulés quelques jours auparavant dans le quartier avec le blocus de la honte et le massacre d'innocents, assassinés par l'armée française rue d'Isly alors qu'ils voulaient apporter des vivres à leurs famille et amis de Bab el Oued. Malgré l'abattement et le désespoir, la décision fut prise que le SABO serait présent à Paris pour les finales nationales. Et c'est là que nos judokas furent confrontés à la pire des situations: l'exode avait commencé et Maison Blanche étallait de longues files d'attentes pour des avions qui décollaient sans eux. Les vols étaient tous surbookés et après 48 h de palabres et d'entêtement sur le tarmac, il leur fut octroyé sur des vols différents le sésame d'embarquement. A Orly, après un rassemblement mouvementé, un taxi les amena au stade Pierre de Coubertin où ils arrivèrent à l'ultime minute des délais impartis à la pesée. Les combats étaient programmés une demi heur plus tard. Comment faire abstraction de l'aventure qu'ils venaient de vivre, comment se débarrasser de la pression morale et évacuer la fatigue physique qui se ressentait après deux nuits passées sur le carrelage de l'aéroport d'Alger, quelle énergie pouvaient-ils retirer de la diététique des casse-croûte avalés à la hâte. Et malgré toute cette adversité qu'ils avaient vaincue, ils se présentèrent sur les tatamis avec un mental de guerrier. Combat après combat, ils prirent conscience de vivre la plus importante journée de leur vie; ils devaient se dépasser, puiser dans les réserves et vaincre pour leur famille, pour le club, pour Bab el Oued. Le dernier "IPPON" couronnant leur succés, les fit jaillir au ciel; ils sautaient de joie, les larmes étincelaient leur visage, c'était indescriptible, ils venaient d'accomplir quelque chose de grand. C'était Bab el Oued en train d'agoniser qui venait de retrouver dans un dernier sursaut de la fierté, de la dignité.

Leur retour sur Alger où la moiteur de l'été était déjà installée, se passa sans aucune difficulté: les avions revenaient à vide. La presse algéroise dans le compte rendu de l'évènement termina sur une note optimiste en signalant que tous les combattants s'étaient engagés à faire sinon mieux, du moins aussi bien l'année prochaine. La suite de l'histoire est connue de tous, et nos champions vécurent à leur tour quelques jours plus tard, l'exode avec leur famille. Comme l'avait dit la professeur Pierre Goinard, tous les médecins rapatriés ont fait le bonheur des cliniques et hôpitaux de France alors que c'était notre pays l'Algérie qui en avait le plus besoin. Pour paraphraser cette juste affirmation, je dirai que les sportifs rapatriés formés et expérimentés ont fait le bonheur du sport français en 1962; ils auraient donné cher pour continuer de défendre les clubs d'Algérie dans lesquels ils se sentaient faire partie d'une même famille par le sang et la sueur versée.

Ainsi de nombreux PN culminèrent au sommet du sport français; dans toutes les disciplines des champions connus ou inconnus furent sélectionnés en équipe de France, seul l'accent qu'ils transportaient avec eux pouvait les distinguer. Pour ce qui me concerne, j'ai vécu en permamence le sentiment bizarre et vivace de gagner une compétition non pas seulement pour moi, mais pour la famille de Bab El Oued. Il m'est agréable de redonner vie à cette belle épopée de jeunesse avec les faits les plus marquants d'un palmarès si lointain déjà. Je m'habille de pudeur pour vous dire la fierté que j'ai ressentie au cours de 25 ans de pratique du Judo.

Mon premier titre de champion de France, remporté en équipe de ceintures marrons à Paris en 1960 est inoubliable: nous avions marqué dans le dos des kimonos en lettres rouges "BAB EL OUED"; vous imaginez le regard interloqué de nos adversaires et les railleries qui nous furent réservées au début biensûr mais plus à la fin.

1963- Coupe de France ceinture noire: je perds en finale.

1964- Coupe de France en équipe ceinture noire remportée par 5 algérois: Alain GRANGAUD, Christian AMANATION, Tony TROUGNAC, Jean DE LUCA, et moi-même.

1965- Coupe d'Europe équipe ceinture noire remportée par la France avec 2 algérois: Alain GRANGAUD et moi-même.

1965-1968: J'ai eu l'immense honneur d'être sélectionné en équipe de France à 12 reprises et disputé 3 championnat d'Europe individuel où à Rome, j'ai été battu par décision en demi-finale par le géant de tous les temps, champion de Monde et champion Olympique,le Hollandais Anton GEESINK ( 1,98 m et 135 kg).

Je ne peux terminer sans rendre hommage aux professeurs que j'ai eu et qui ont été de véritable pionniers en introduisant le judo en Algérie vers 1945: Henri MONDUCCI et Roland HENRY(de BEO). Des noms me reviennent et me remmettent en mémoire des beaux moments d'amitié vécus sur les tatamis d'ALGER: DIPAS, FIGAROLA, ASENCI, Ahmed CHABI et son frère, Gaby et Christian AMANATIOU,FICHON, STAROPOLI, MARCELLIN, DJADOUN, HAMM, KOKOUREC, CAIAZZO, TILLOUINE, CASTELLANO, NICOLAS, d'ANDREA, IMMERZOUKEN, DRIZZI, et tant d'autres qui avaient la passion du Judo et que ma mémoire a remisé dans la tirelire des oublis.

HSAMBUCHI

Nostagie

Ils sont la..assis,le corps perclus de douleurs,de renoncements..La veille,les fils sont dit....cette phrase tant redoutée..ils l'ont prononcé!..Comme des automates,ils ont tenté de faire le tri de leur vie,posant une chose,enlevant l'autre ne se décidant pas..ils voudraient tout emporter..mais les fils ont recommandé....tout pour eux est indispensable !..une vie ne peut être emputée de tant de choses!que l'on a gardépreécieusement,qui ont été si difficiles a acquerir!...Soixante ans de labeur...se résoudre a ÇA!...DEUX MALHEUREUSES VALISES!!!..impossible pour eux...Leurs regards balaient les murs de chaque piéce...c'est ici qu'ils sont nés..aimés..eu des peines...qu'ils ont fini par surmonter..ils étaient sure que leur vie se terminerait là..entourer des enfants, nés dans ce lit dans lequel ils sesont tant aimés...des amis avec qui ils partageaient...un peu de farine ,un oeuf,une recette ,une histoire drole!..enfin tout ce qui fait l'amitié...làen un seul jour ..fini..tout s'arrête!..non cela est impossible...partir sans se retourner...recommencer une nouvelle vie ,quand on est au bout de celle -ci!..!Les enfants eux,le detachement sera moins difficile...ils sont jeunes la vie reprendra..même si dans un grand coin de leur mémoire, ils garderontses tendres moments de leur jeunesse...mais eux ?,a l'âge ou normalement le calme et la sérénité sont espérés..tout serait a refaire??!!IMPOSSIBLE!..ils sont fatiguaient las de cet avenir que l'on propose..il n'y en a plus...plus de courage ni de force...ils ont assez donné!..et ne demande maintenant que le repos.....Ils se regarde...les yeux remplis de larmes..se comprennent..Elle se lève, prend ce flaconque le docteur lui a donné: ..lui a-t-il dit...comment dormir la nuit?!..parfois le bruit d'une bombe..les cris..les casseroles tapéesl'un contre l'autre en mesure..pan.pan.pan..pan pan..la sirène des ambulances...puis l'âge aussi,le sommeil se fait plus rare!...Cette terre ils ne la quitteront pas..bien au contraire..!ils vont se fondre en ELLE!..LEUR CHAIRE ,LEURS OS..LA POUSSIÉRE QU'ILS SERONT DEVENUS,MÉLANGÉS A ELLE ,NE FERONT PLUS QU'ELLE!Dans leurs mains ,elle glisse une fleur de jasmin..d'oranger..et citronnier ..qu'ils avaient planté il y a bien longtemps!!...ferment leur paupières..tout est mieux ainsi!...LE lendemain..les fils les ont trouvé,main dans la main...Ils semblait même qu'ILS SOURIAIENT.........

Marc CAIAZZO

Bonjour mes amis de BEO.

En ce jour de Juin 62, départ de notre BEO, comme nous tous, ma maman et moi étions désemparés de quitter cette terre si chère à notre coeur. Nous étions tous les deux perdus dans cet aéroport de Maison Blanche, mon papa n'étant pas là, il était depuis + de 6 mois considéré comme un ultra et l'hote du gouvernement Français au camp de St Maurice l'Ardoise.

Ma maman était inquiète car en Avril, nous etions venus en France pour voir mon père, et nous mos sommes vu refuser l'argent d'Algérie à Marseille. Un chauffeur de taxi Arménien avait payé pour nous et nous avait même donné 100Fr de l'époque (quel brave homme, il etait passé par là lui aussi).

Je n'avait pas encore 14 ans, pourtant j'ai pris de la terre, plutot de la poussière avant de monter dans cet avion et lorque cette maudite carlingue à décollé, je me suis die que jamais plus, je ne verrai: ma rue, mon école de la place Lelievre, mes copains de l'ARMAF, la carrière Jobert et tous mes lieux de jeu préférés.

Avec le temps tout c'est un peu dissipé et maintenant à l'aube de mes 60 ans et grâce à Christian et toutes les personnes qui ecrivent si bien,les souvenirs me reviennent. Merci à tous de nous garder toujours conscients de nos formidables racines. Marco

HSAMBUCHI

Nostalgie

SUR LES PAS DE NOTRE MÉMOIRE...... TOUT RESSEMBLE A UNE PHOTO EN NOIR ET BLANC.... NOUS SOMMES EBETÉS ..IL FAUT POURTANT SE DÉCIDER...LA VALISE A ÉTÉ FAITE ET REFAITE ... MAIS A CHAQUE FOIS LA MÉME QUESTION ...QUE FAUT-IL PRENDRE ..ON NE PEUT PAS..FAIRE UN CHOIX SUR UNE TOUTE JEUNE VIE DE 16 ANS... NOUS AVONS PRIS NOS LIVRES PRÉFÉRÉS..NOS ALBUMS DE TIMBRES ..NOS PHOTOS ET CAHIERS D'ÉCOLIERS..NOTRE COLLECTION DE CARTES POSTALES..UN VIEUX PORTE MONNAIE..DANS LEQUEL NOUS TROUVERONS PLUS TARD ,BIEN PLUS TARD,DANS UN REPLI BIEN CACHÉ UN TICKET DE BUS ..LES FLEURS COUPÉES AUX DERNIERS MOMENTS JUSTE AVANT DE FERMER LA PORTE DE LA MAISON..UN PEU DE TERRE DANS UN MOUCHOIR TREMPÉ DE LARMES... LES ODEURS DE CE MATIN OU NOUS PARTONS SANS DIRE UN MOT..VERS L'AÉROPORT..L'INTERMINABLE QUEUE DE PAUVRES GENS QUI ATTENDENT DEPUIS PLUSIEURS JOURS POUR CERTAIN..VOUTÉS PAR LE CHAGRIN ET LE DESESPOIR..CET OISEAU FUNESTE QUI LES AVALE DANS SON VENTRE ..ET LES REJETERA SUR UNE TERRE INCONNUE...DANS CE MATIN ENSOLEILLÉ LA COULEUR QUI DOMINE ?...LE BLEU ?..NON !!LE BLANC DES MOUCHOIRS QUE L'ON ÉTALE SUR LE VISAGE,PLUS POUR CACHER LA DOULEUR ..QUE POUR LA SUEUR QUI REGNE SUR L'AÉROPORT!....CE QUI FRAPPE...TOUTES CES VALISES DE TOUTES SORTES..CUIR.. CARTON..MÉME DES CAGEOTS..BALUCHONS FAIT EN TOUTE HATE..ENFANTS TIRANTS LES JUPES DE LEUR MÉRE..LE TEMPS EST LONG POUR EUX ..PETITS INNOCENTS DE CETTE VIE QUI N'EN EST PLUS UNE ..BÉBÉS PLEURANTS DE SOMMEIL ..VIEILLARDS QUI SONT RÉSIGNÉS,ET N'ONT PLUS LE COEUR A LUTTER..ILS SENTENT BIEN QUE POUR EUX LA VIE ET LEUR VIE EST FINIE...ILS ONT TOUT VECU.LE FILM DE LEUR JEUNESSE DÉFFILE SOUS LEUR REGARD NOYÉ DE LARMES ! LES PLUS MALHEUREUX CE SONT EUX...ILS N'ATTENDENT PLUS RIEN ....LES JOIES ..LES NAISSANCES ..LES MARIAGES ET AUSSI LES MORTS DE TOUS CEUX QU'ILS ONT AIMÉ..MAIS AUJOURD'HUI ..C'EST LA MORT DE LEUR PATRIE ...ILS NE LA REVERRONS JAMAIS !!!..ET ÇA ILS LE SAVENT ...C'EST UNE DOUBLE MORT!!!

Pierre-Emile BISBAL

La page 47.

Maman prépare ma valise. Une valise en plastique vert avec une fermeture éclaire qui court sur trois cotés. En rangeant les vêtements elle essaye d’avoir un air détaché comme si ce qui se prépare ne présentait pas d’importance particulière. Mon père se tient à ses cotés. Lui aussi affiche une attitude trop détendue pour être naturelle. Maman me dit : « Pierre-Emile, écoute, c’est important. Dans cette enveloppe j’ai mis de l’argent. Je la cache dans ton pull bleu. Quand tu arriveras à Port-Vendre si pépé et mémé ne sont pas à la descente du bateau, demande à la dame qui t’accompagne de te mettre dans un taxi pour Amélie les Bains. Les sous c’est pour le taxi » Sur une jolie enveloppe prévue pour une carte de fête est écrit : «Monsieur et Madame Bisbal Pierre, chez Madame Ferrer Avenue du Général De Gaulle (Face au garage Cedo) – Amélie les Bains (P.O) ». Je reconnais la calligraphie appliquée de mon père. Maman va fermer la valise. Je crie « Faut mettre le livre que je suis en train de lire !». Je quitte la chambre de mes parents, cavale dans le couloir et rentre dans mon salon de lecture c’est à dire la chambre de ma grand-mère Ascension. Elle est assise sur son lit. Elle pleure en silence. Mon livre est à coté d’elle. Je fais semblant de ne pas remarquer ses larmes pour ne pas en faire couler davantage. Je sais bien ce qui ce passe. Je pars seul car mes parents veulent me soustraire au danger qui enveloppe nos vies. Bab-El-oued vient de subir un bouclage de plusieurs jours, une guerre en miniature. Mon père, comme tous les hommes du quartier, a du suivre les militaires venus le chercher à la maison. « Ce ne sera pas long » a dit un soldat à maman « Juste le temps d’une vérification d’identité ». Pendant plusieurs jours nous avons été sans nouvelle de papa. Après son départ, l’angoisse a englué notre petit appartement de l’avenue de la Bouzaréah. Et puis mon père est revenu. Il m’a simplement demandé si j’avais été sage avec maman et mémé comme pour vérifier si j’étais capable de tenir mon rôle quand les choses prenaient une vilaine tournure.

Je retourne à la valise, le livre au bout de mon bras tendu. J’ai fait une petite corne à la page que je lisais. « Mais c’est un livre de la bibliothèque ! » remarque maman. Je réponds que oui, mais que ce n’est pas grave. La bibliothèque de la rue Leroux est fermée. Je rapporterai le livre quand je reviendrai. Je dis la chose crânement. Je soutiens le regard de ma mère. Moi aussi je joue le jeu. Le jeu de celui qui croit partir en vacances et qui ne se doute de rien. C’est également mon devoir de les rassurer tous. La valise verte avale le livre.

Je suis parti. Ce voyage beaucoup l’ont fait. Au troisième pont, allongé sur un transat à la toile maculée, éclairé par une lumière électrique indigente, abruti par le bruit constant des machines, respirant les remugles aigres de vomis, les relents de mazout, les odeurs écœurantes des voyageurs entassés. Mes grands-parents m’attendaient au débarcadère. Dommage, je n’ai pas eu besoin de sortir l’argent de sa cachette pour vivre l’aventure du taxi à prendre seul. Sitôt arrivé et ma valise défaite j’ai replongé dans mon livre. Sa lecture s’acheva à Amélie-les-Bains, paisible village de curistes dans les Pyrénées Orientales. Petit cité catalane sans attentat, sans déflagration de bombe, sans sirène stridente, sans décompte macabre de victimes, sans inquiétude au moindre retard d’un membre de la famille, sans mort sur le trottoir avec, comme je l’ai vu, un suaire improvisé fait d’un exemplaire de l’Echo d’Alger dont les pages imbibées de sang se plaquaient sur le corps. Dissimulé à la vue des passants le cadavre n’existait plus. Un homme pressé ne contourna pas la victime et l’enjamba d’une large foulée blasphématoire.

Les années s’accrochèrent les unes aux autres et firent défiler le temps mais je possède toujours ce livre emporté d’Algérie. Ce n’est pas un larcin que de l’avoir conservé et puis, à qui aurais-je pu le rendre ? Au cours de mes nombreux déménagements il m’est arrivé de croire à sa perte mais, à chaque fois, le petit bouquin à la couverture jaune est réapparu. Il est devenu plus qu’un livre, c’est un témoin. Sur une des premières pages, deux cachets à l’encre violette déclinent son identité. Un petit tampon carré dit : « Ville d’Alger Bibliothèque rue Pierre Leroux ». Un autre, plus grand, plus officiel, se compose de deux ovales concentriques. Dans le premier ovale il est inscrit « Ville d’Alger Bibliothèque Municipale ». Dans le second, au centre le mot « Inventaire » avec un nombre marqué à la main : « 128685 ».

Ces tatouages administratifs appartiennent à une réalité aujourd’hui disparue. Il me serait possible de retourner sur ma terre natale. Certains l’on fait. Arpentant les rues de leur quartier, vibrant sous l’assaut des souvenirs, submergés de bonheur et de joie. Je ne pense pas pouvoir vivre la même expérience qu’eux. Les causes et les conséquences de mon départ me l’interdisent. Elles s’intercaleraient forcément entre moi et ces retrouvailles. Elles projetteraient une ombre épaisse et froide qui voilerait le bonheur enfanté par ce pèlerinage sur les lieux de mon enfance. Je ne souhaite pas vivre cette épreuve. Mes souvenirs me suffisent. Et puis, nul ne peut s’en retourner quand le chemin n’existe plus. C’est ce que me rappelle mon livre avec, comme une frontière infranchissable entre l’époque de « là-bas » et ma vie « ici », sa petite corne à la page 47.

Michel SUCH

Merci cher André TRIVES de nous avoir, pour certains d'entre nous, fait découvrir l'amour que le professeur Pierre GOINARD portait à l'Algérie, son pays, notre pays.

C'est vrai que le peuple nouveau est aujourd'hui une espèce en voie de disparition. Génération après génération nous nous éteignons.

" Dékonnéné onnémor" dit la chanson créole.

Aujourd'hui,grâce à vous, le professeur Pierre GOINARD est de nouveau dans la lumière.

Il n'est pas encore venu le temps ou la petite lumière qui brûle en chacun d'entre nous va s'éteindre.

Cette lumière nous la portons au plus profond de notre âme.

Elle se nourrit de cette cassure immense, de cet arrachement douloureux d'avec notre terre nourricière.

Quand la vie nous quitte, cette lumière s'échappe pour rejoindre d'autres lumières.

Il restera toujours, sortie d'on ne sait où, une lumière flamboyante qui comme le soleil couchant va embraser la mer et renaître le lendemain.

Nous étions des enfants, de jeunes hommes, de jeunes femmes. Nous sommes aujourd'hui avec le temps qui passe, nous tous, qui n'avons jamais cessé de construire, les architectes d'une mémoire collective. Continuons...

André TRIVES

Pierrette a émis un souhait de faire revivre les "gens de bien" que notre quartier a généré avant 1962; l'idée est excellente et ma contribution s'intitule: BAB EL OUED: l'oeuvre inachevée.

"Le professeur Pierre GOINARD expliquait l'Algérie qu'il avait dans son coeur:" A chaque saison l'enchantement se prolonge: bref hiver lumineux et doux, déjà fleuri, printemps précoce, exubérant dont avril est l'apothéose; pendant l'été moite et parfois incandescent la mer, aux délicieuses tiédeurs, rafraîchit les après-midi par sa brise, et l'automne ramène le printemps. Durant l'année entière des parfums se succèdent d'une intensité sans pareil, senteurs de la mer, des jardins embaumés, de la première pluie sur les terres desséchées, des pins et des cyprès chauds accompagnées par les stridences continues des cigales durant les jours du long été. De longues plages, devant des vagues au bleu différent d'ailleurs, alternent avec les criques intimes, aux fonds chatoyants sous des eaux transparentes, et de grands promontoires sculpturaux. Les oeuvres des hommes ajoutaient à la beauté des collines et des plaines côtières: rectangles de primeurs en bordure de la mer abrités par des claies de roseaux, plus soignés que des jardins, vignobles en longs alignements impeccablement entretenus, vergers d'agrumes compacts et lustrés dans leurs hautes enceintes de cyprès..."

A l'image du pays, Bab el Oued étalait ses charmes et poursuivait des progrès constants: plus rien à voir avec ce faubourd du début du siècle qui accueillait au bassin de la Bassetta les mules des carriers de Valence et les chèvres des Maltais. Fini les hennissements joyeux le long de la plage où les Messageries remisaient leurs diligences et les chevaux débarrassés de leur harnais contraignant s'ébrouaient dans le ressac des vagues. Disparue la Compagnie Lebon et l'éclairage vacillant des becs de gaz. Terminé le charroi des chars à bancs transportant les pavés qui transformaient rues et avenues. Des bruits nouveaux se répandaient dans la ville: le lancinant klaxon détrônait le claquement sec du fouet, le ronronnement des moteurs se substituait au martèlement des sabots; et partout les chants des ouvriers accrochés à la façade des nouveaux immeubles, colportaient l'entrain et la joie au travail.

La modernité et son cortèges d'améliorations bousculaient les usages et prenaient place définitivement. Dire" que l'on avait beaucoup fait et qu'il restait beaucoup à faire" relève d'une banalité, sauf à préciser que la lente évolution du progrès résultait de l'effort et des sacrifices de toutes les femmes et de tous les hommes de toute origine sans exception, du plus humble au plus grand et qui croyaient à la générosité de leur terre nourricière. Chacun avait apporté sa contribution à l'édifice qui se construisait pas à pas ou plutôt, goutte à goutte comme la stalactite ou la stalagmite d'une grotte souterraine dont on admire le gigantisme et la beauté qui en découlent grâce au temps éternel.

Le temps vécu à l'échelle humaine est si peu de chose par rapport au burinage infini orchestré par la nature. Ce qui, il faut bien le reconnaître ne nous permet pas d'entrevoir l'oeuvre achevée; on agit pour transformer les réalités dépassées, les changer et ce sont les générations suivantes qui en profitent. Combien d'avantage avons-nous quantifiés au cours de notre vie et qui provenaient de la sueur et du sang de nos aïeux ? Ainsi va la vie où tous les hommes ont un destin commun; ils additionnent patience et ténacité, abnégation et courage, espérance et désespoir et aboutissent inéluctablement de la vie à la mort. C'est bien ce temps générationnel qui a tenté de bâtir le Bab el Oued qui obsède nos nuits aujourd'hui; combien de Pierre, de Khalid, de David, de Paolo et de Roberto ont quitté définitivement le quartier pour les étoiles sans avoir pu se réjouir du fruit de leur travail. Ils ont rempli les cimetières de St Eugène et d'El Khettar pour que leurs enfants aient une vie meilleure. Eux savaient que les bons doivent s'accomodaient avec les mauvais, que les forts doivent aider les faibles, que les grands ne sont grands que lorsqu'ils soutiennent les petits, que la Liberté, l'Egalité et la Fraternité ne doivent pas rester que des mots, que l'injustice et l'ignorance sont des combats de tous les jours.

C'est en pensant au professeur Pierre GOINARD, fondateur de l'hôpital Barbier Hugo à Bab el Oued que je ressens une imprescriptible envie de rendre l'hommage qu'il convient à celui qui a écrit une belle page de l'histoire du quartier. L'oeuvre de cet éminent neuro-chirurgien, fils et petit-fils de médecin, homme de coeur et grand humaniste au service de tous et particulièrement des plus déshérités est immense.

Souvenons-nous de ce bâtiment situé en lisière de l'hôpital Maillot, à l'angle de la rue Cardinal Verdier et du boulevard de Frandre longeant le cimetière de St Eugène. C'est la Croix Rouge Française peut avant la guerre de 1939, qui avait installé un Dispensaire appelé Barbier-Hugo. Après le débarquement anglo-américain de 1942, Alger, capitale de la France en guerre eut à faire face à tous les besoins médicaux et chirurgicaux militaires et civils. L'autorité militaire réquisitionna le Dispensaire Barbier-Hugo pour la neuro-chirurgie, spécialité d'avant-garde et n'étant pratiquée encore en France qu'à Paris, malgré le développement de la faculté de médecine d'Alger devenue l'une des toutes premières de France. C'est le professeur Antoine Porot, fondateur du centre psychiatrique de Blida-Joinville qui dépêcha à Paris le jeune professeur Pierre GOINARD à l'été 1942 malgré l'occupation allemande, pour s'instruire de cette discipline auprès du professeur Clovis Vincent qui en été le pionnier. De retour en octobre 1942, le professeur GOINARD, mobilisé comme médecin-capitaine fut naturellement désigné pour assurer le traitement des blessés crânio-cérébraux à l'hôpital Barbier-Hugo. Tous les blessés étaient acheminés des théâtres d'opération ( combats de Tunisie, de l'Ile d'Elbe, d'Italie et plus tard en 1944 de Provence) vers Bab el Oued. Le général EISENHOWER basé alors à Alger rencontra le professeur GOINARD pour lui adjoindre un neuro-chirurgien américain expérimenté du Mount Sinaï Hospital de New York, le professeur James Lawrence Pool afin de répondre à la tâche grandissante. Un travail remarquable fut accompli aussi bien en direction des blessés de guerre que des civils qui bénéficiaient des dernières technologies; L'installation d'un bloc opératoire ultra moderne, soixante-quinze lits pour toutes catégories sociales, des appartements pour héberger les infirmières qui travaillaient sept jours sur sept, faisaient de cet établissement qui dominait les jardins de l'hôpital Maillot et la mùer, le plus important et le plus performant de France. A Paques 1951, la Fondation Barbier-Hugo recevait sa consécration par le cinquième Congrès de la Soctété Française de neuro-chirurgie dont le professeur Goinard avait été le fondateur; journées brillantes et chaleureuses qui se déroulèrent sous un soleil de plomb où l'été précoce s'était déjà installé sur Bab el Oued.

Le professeur GOINARD, grand serviteur de son pays: l'Algérie, a oeuvré toute sa vie pour le bien de toutes les communautés. Il était fier de l'oeuvre française accomplie par toutes les générations de médecins sortis de la faculté de médecine, la seconde de France après Paris. Cet homme remarquable de simplicité, au comportement de chevalier, m'expliquait son désarroi d'après 1962:" Les médecins pieds-noirs ont fait dans leur exil le bonheur de toutes les facultés de France, mais c'est l'Algérie mon pays qui en avait le plus besoin." Homme clairvoyant et épris de justice, il n'était pas dupe des efforts que l'administration française devait entreprendre pour réduire les inégalités. Il était ravi et fier d'être Président d'honneur de l'ABEO dont il estimait que le quartier de Bab el Oued avait un impérieux devoir de regrouper ses enfants au sein d'une association. J'avais organisé sa venue à Rognes pour la dédicace de son livre d'amour :" Algérie, l'oeuvre française" aux éditions Robert Laffont.

Il s'est éteint le 31 janvier 1991, quelques jours après m'avoir remis ces notes sur l'hôpital Barbier-Hugo parues dans le journal de l'ABEO. Nous étions six enfants de Bab el Oued à lui rendre un dernier hommage en déposant son cercueil dans le caveau familial au cimetière St Pierre de Marseille. Son plus grand regret: ne pas avoir été enterré avec les siens dans son Algérie natale.

Voilà pourquoi, consciemment ou inconsciemment, nous éprouvons une grande fierté d'être un enfant de Bab el Oued; nous sommes héritiers de valeurs humaines dispensées par ces altruistes immodérés, notables ou anonymes, qui ont modestement et inlassablement durant toute leur vie, mis leur petite pierre à la construction d'une belle fraternité et d'un peuple nouveau aujourd'hui en voie de disparition.

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