Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Bibliothèque des trois horloges

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Alfred LANGLOIS (Freddy)

Le : 17/07/2010 13:42

Ah! "LE TOUR DE TERRASSE".....parlons en !

Nous habitions au 30 rue Léon Roches (Batiment A, 2éme étage), dans un des immeubles de la Régie, et, 3 jours par mois , il me semble, la famille avait droit à son "tour de terrasse".

Certes pour notre mère ce n'était pas des jours de repos ou de sinécure, mais pour mon frère et moi, par contre, c'était des jours de fétes.

Mis à part quelques "petites obligations", comme celle d'aller acheter chez M. DRIGUEZ, le droguiste, les boules de sapindus, la lessive en cristaux et les tablettes de "bleu"; plus "la lourde charge" d'aller chez la concierge récupérer les jetons pour le fourneau à gaz, et, bien entendu "les clefs de la terrasse".

Nous voila don un beau matin "grimper au 5 éme avec nos baluchons de linge, lessiveuse, bassine et produits utiles plus le morceau de savon de Marseille.....indispensable !

Bien sur pendant que maman "faisait sa lessive", nous en profitions pour nous amuser à qui mieux mieux sur "ce terrain magnifique", rien que pour nous à deux pas du ciel BLEU (oui il était toujours BLEU les jours de lessive.

Le dernier jour se termuinait toujours par UN GRAND BAIN dans les bassins de la buanderie.

Voila nous y sommes à la fin de cette aventure extraordinaire et pour nous les gosses il restait une dernière tache à accomplir : le soir du dernier jour il nous fallait "remonter" sur la terrasse pour aider maman à plier les draps.

Exercice rebarbatif, en soi, et dangereux, car maman tenant un coté du linge tir

le tour de terrasse (suite et fin)

l'ordinat'or y m'a fait un "cout de zouzguef" et ja pa finite mon texte.

Donc, tenant deux pans d'un coté du drap, maman tirait très fort, pas pour rigoler, mais "POUR ENLEVER LES PLIS" et, bien sur 3 fois sur quatre, mon frère ou moi nous nous retrouvions au sol, DE LA TERRASSE, soit par accident

........MAIS SURTOUT PAR JEU!

Ah ! quelles merveilleuses journées du temps de notre jeunesse !

TCHAO

Freddy

Robert VOIRIN

Le : 16/07/2010 19:14

AU PETIT BASSIN

Comme je suis certain que la lassitude ne gagnera pas,

j'ai eu envie de retrouver des sensations si particulières de là bas,

je fais de nouveau appel à ma mémoire pour rassembler tous ces souvenirs

encore bien présents comme la meilleure des garanties pour l'avenir,

un de ceux que je préfère c'est quand je me vois partir me baigner ou en ballade,

car dans ces moments là, j'en suis sur, je ne resterai jamais en rade.

Mon père et moi nous partons ce matin là pour se taper le bain

en bas la mer comme on dit chez nous, aujourd'hui on va au Petit Bassin,

nous passons par les calmes allées du cimetière dont la sortie nous amène

sur l'avenue marechal Foch à proximité du stade de Saint Eugène.

En le contournant nous tombons sur le boulevard Pitolet, nous sommes déjà arrivés,

j'aperçois des pécheurs d'oursins, leur caisse est pleine, ils vont bien se régaler...

Du boulevard nous descendons vers le petit groupe de maisons et cabanons,

il est là notre Petit Bassin, on le retrouve toujours avec un petit peu d'émotion,

il n'y a personne, tant mieux car c'est la plus petite plage de la côte...probablement,

mais c'est la notre et elle me plaît tant, et aussitôt je plonge sous le soleil brulant,

la mer est extra et avec délice je rejoins en quelques brasses le gros rocher

sous l'oeil bienveillant de mon père, grand nageur, qui me surveille de près.

Soudain j'aperçois au loin filant comme une sirène sur les flots bleus

une belle ondine à la longue chevelure brune, je ne peux la quitter des yeux,

je la rattrape dans un crawl effréné et nous voilà nageant longtemps avec bonheur,

puis nous entamons jusqu'au rocher une course folle dont elle sort vainqueur.

Là, allongés sous un soleil de feu nous batissons des chateaux pour l'éternité...

mais voilà que mon père me previent qu' il faut rentrer, la jolie nageuse a replongé

me laissant regagner seul le rivage, le temps a passé si vite, il est midi, déjà...

je l'appelle mais je la vois s'éloigner et me faire un signe d'adieu avec le bras,

en partant je la perds de vue, on remonte alors jusqu'à la maison rue Réaumur.

En rentrant je me persuade que ce n'est pas la fin de cette petite aventure...

je la raconte à mes soeurs qui se moquent de moi avec gentillesse,

mais je suis quand même heureux car cette rencontre a été pleine de promesses,

surtout celle de retrouver bien vite au Petit Bassin la belle ondine.

D'ailleurs dès demain j'y retournerai et déjà je nous imagine

nageant de nouveau ensemble au large de notre jolie petite plage,

je crois que bien plus tard elle y sera dans mon livre d'images...

Robert

Alfred LANGLOIS (Freddy)

Le : 13/07/2010 16:13

A Tous vous z'otres de la bas !

A propos de canicule ou simplement de "nos étés" :

- tu te souviens de la bouteille d'eau, bouteille à capsule, entourée d'un linge humide que l'on mettait à rafraichir sur le bord de la fenetre ;

- tu te souviens de la bouteille de SELECTO ou de limonade DEDE ou HAMOUD BOUALEM, oui ces délicieuses boissons que l'on achetait à l'épicerie de M. Louis ou de Mme SANTACREU, peut etre chez le moutchou du coin ;

- tu te souviens, lors d'un aprés midi à la plage, du soin qu'il fallait apporter "pour mettre au frais", au bord de l'eau : la pastéque, le melon (le vrai pas le cantaloup), la bouteille d'eau ou de rosé.

Attention pas "trop haut" car le sable était chaud, ni pas "trop bas" car le ressac découvrait "nos trésors";

- tu te souviens des cornets de frites délicieuses que nous dégustions, au retour du bain, en haut des escaliers des plages de l'EDEN et DES DUX CHAMEAUX.

- tu te souviens de notre curiosité lors du "tirage du BOULITCH" sur la plage DU BAIN DES CHEVAUX.

J'en ai plein comme ça dans ma caboche qui se bousculent et font un embouteillage pour sortir "en premier".............. et pourtant CELA FAIT SOIXANTE ANS !

TCHAO

Freddy

Daniel AZAM

Le : 10/07/2010 18:42

En ce qui concerne les températures je me souviens d'avoir connu 42° à l'ombre.Celà se passait en général au mois de Juillet pendant le tour de france cyliste que j'écoutais à la radio (Radio Luxembourg?).

Nos mères mettaient en place les rideaux extérieurs en toile qui protégaient les balcons des rayons brulants du soleil.

Les arroseuses passaient dans les rues pour refroidir le bitume.

On ne sortait pas avant 4 h de l'aprés midi car c'était vraiment torride.

Souvent ces vagues de chaleur s'accompagnaient d'un déferlement de nuages de criquets en provenance du Sud.Je passais le temps entre 14 h et 16 h à jouer au tour de france avec des cylistes en plastique ou en métal, sur leur vélo, que je faisais avancer avec des dés comme au jeu de l'oie.

C'était l'époque - je crois - où les garçons jouaient aux noyaux (d'abricot bien sur).

Robert VOIRIN

Le : 26/06/2010 17:15

LES TROIS PETITES COCAS

Entention qu'est ce qui m'arrive pas aujourd'hui

je me sens comme un bovo, mais qu'est ce qui m'a pris,

je suis drobzé ou quoi, je crois que je vais devenir badjok après ça,

rien que j'étais en train de manger de délicieuses petites cocas

quand je me suis senti presque de bouffa pris par une forte émotion.

J'ai la rabbia de pas saoir pourquoi j'ai cette drôle de sensation,

heureusement que dans ma tête y a pas que des blis blis,

et comme je suis pas un ouello c'est alors que j'ai compris.

L'impression que j'ai c'est que je me revois longtemps en errière

alors qu'un jour je me régalais de la même manière,

les fameuses petites madeleines de Proust c'est rien à côté !

Ma parole menteunant je comprends pourquoi je suis troublé,

purée je me sens transporté à Bab el Oued il y a cinquante ans...

C'était pendant les vacances scolaires, on se prenait du bon temps,

au bar des Arènes rue Montaigne on s'affronte à la manille sans tméniek

mais avec beaucoup de rires et peut être quelques tours de zembrek ...

Plus tard dans la soirée avec mes potes Jean Michel et Pierrot

qu'on forme un trio infernal et qu'on est loin d'être des bourricots

on va se faire un petit tour vers les Trois Horloges et la Princesse

ba ba ba que pour les gateaux c'est la meilleure des adresses.

On est Avenue des Consulats, oilà l'Olympic, le coiffeur Papallardo, l'opticien,

on passe devant Chez Raymond, la Poste, Baby Sports, le tailleur le Dauphin,

on arrive vers le magasin Barruch et plus haut à la librairie et la boulangerie,

rien qu' on traverse vers les deux cafés face à Maillot et le tabac Sabatini,

et puis c'est la belle façade bleue de la patisserie où on se lèche les babines

quand à Pâques ou à Noël l'église Saint Joseph est exposée en nougatine...

On redescend et vinga qu'on entre au bar Le Jumping à l'angle de la rue Jean Jaurès,

y a du monde mais on va tacher moyen de s'approcher du comptoir avec délicatesse

en jouant gentiment des coudes on arrive à se faire une petite place

au milieu des conversations très animées, pour ça on est des as...

On est des jeunes calamars mais on se prend une anisette et on attend la kemia,

aouah ! qu'est ce qu'on voit pas arriver : trois petites cocas,

zarma, on se jette dessus, elles sont dorées, tièdes et délicieuses,

purée qu'est ce qu'on se régale tellement elles sont savoureuses.

On y reviendra très bientôt, c'est ce qu'on se dit en quittant le café,

et anda qu' on se refait l'avenue alors que le tram grinçant des TA vient de démarrer,

plus bas on parle toujours des petites cocas, on se quitte alors près de la fontaine..

Images modestes, elles vont pourtant avec d'innombrables autres scènes

me permettre de garder aujourd'hui ma mémoire éveillée à tous les instants.

Akarbi qu'est ce que j'aimerai les revivre tous ces moments petits et grands,

je crois que je les retrouverai à chaque fois que je mangerai des petites cocas

et malgré le temps qui passe fissa j'espère qu'il ne sera jamais trop tard pour ça.

Robert Voirin

André TRIVES

Le : 23/05/2010 23:50

BAB EL OUEDIENS A LA VIE A LA MORT

Je ne me lasserai jamais de voir, après tant d'année, ce qu'est devenu le visage d'un copain d'école. L'observation se présente comme une enquête policière où vous devez trouver les indices qui dévoileront les traits de l'enfance. Méthodiquement votre recherche commence par éliminer les rides coupables de la transformation. Et les atteintes sont nombreuses. Mais c'est grâce au regard et à la pupille des yeux que vous démasquerez bien vite l'identité du suspect.

En ce jour de Pentecôte, j'ai mené de multiples enquêtes tout au long de la journée sous les platanes centenaires du Grand Saint-Jean à Aix en Provence et toutes ont été menées à bien avec l'organisation parfaite de l'ABEO qui pourrait, par son savoir-faire, entrer dans les Entreprises du 4/40.

L'ambiance était fidèle à son habitude, tous les enfants de Bab el Oued avait apporté avec eux leur verve habituelle; et l'on sait très bien qu'un Pied-Noir silencieux est un Pied-Noir occupé à manger.

Un soleil lumineux avait exaucé les prières à YHAVE, ALLAH et JESUS des organisateurs. En cas de pluie qu'aurait-on pu faire des victuailles qui achalandaient les stands? Des centaines de makrouds, de zalabias,de cornes de gazelle, tramous et poichiches au koumoun, soubressade, boutifar et cocas à la frita, le tout arrosé du breuvage des Seigneurs alcolos: l'anisette. Comme un nuage de sauterelles venu du Sahara, les Bab el Ouediens se sont rués sur les assiettes, tout a été avalé, les tables sont restées vides.

Nous nous sommes dit aurevoir et à l'année prochaine en précisant bien:" Si Dieu le veut", et si les rides ne viennent pas à nouveau compliquer nos enquêtes de reconnaissance.

Nous nous sommes jurés A LA VIE A LA MORT de revenir l'an prochain pour garder cette belle chaîne de fraternité entre tous les enfants de Bab el Oued.

Mourad MALKI

Le : 30/04/2010 20:17

Chers Amis, Enfants de BAB EL OUED,

... Tout d'abord, je vous salue de l'autre rive de la mediterrannée, pour vous exprimer toute mon adoration, et l'expression d'un amour fraternel que seul que seul le coeur peut vous en temoigner l'attachement que je garde à un passé que je retrouve dans l'expression de certains locataires de votre Site... Parlez de Bab el Oued ou citer ses endroits on est forcement jeté dans un passé ou j'ai vecu les meilleures années de ma vie, une vie auréolée d'un cohabitation fraternelle sans discrimination, le juif, le chretien et le musulman vivaient cote à cote un partage humain sans precedent ; aujourd'huit malheureusement ces valeurs de philanthropie et d'amour envers son prochain demeurent malheureusement sans appels à l'endroit de la main tendue et du partage... ... ... ... ...

Il m'arrive bien souvent d'aller retrouver cette sensation fraternelle que j'ai vecu et ressenti fortement dans mon enfance à Bab el oued (Avenue de la BOUZAREAH juste non loin de la manifacture des cigarettes MELIA et JOB au n° 206) aupres du cimetiere de Saint Eugene je rend visite à ces morts qui pour moi sont toujours vivants je l'ai cotoyes bien souvent lorsque je ressens ce manque de fraternité qui manque à ce monde plein d'égoisme et d'absenteisme au devoir humain... ... ...

... C'est emouvant, et indiscriptible de vous exprimer les sentiments que je garde de mon enfance de bab el oued, au sein d'une communauté aux coeus vertueux, un partage sans calculs, un amour sincere et humain... ... C' est pour vous exprimer en bref que lorsqu'on parle de BAB EL OUED, de grace n'oublier pas de faire en premier un priere pour ceux qui demeurent toujours parmis nous, c'est à l'endroit de ces AMES que j'exprime ce petit mot. Merci pour votre attention.

Michel SUCH

Le : 21/04/2010 16:13

Madame Loubet ! Oui c’est ça. Madame Loubet !

Ma première maîtresse comme aimait à le dire mon grand-père Chenzo. Il m’a fallu bien du temps pour en comprendre les sous-entendus.

Ma première maîtresse de maternelle, de la rue ‘ Camidouce’ s’appelait Madame Loubet.

Je me souviens de cette grande cour de récréation. Des tabliers que nous portions filles et garçons. Et du petit sac en tissus avec mon nom cousu sur une étiquette.

Sous une pile de draps, dans l’armoire à linge de ma mère, sans trop chercher, je sais que je trouverai ce petit sac en toile avec des mèches de cheveux dans du papier de soie.

Aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi, dans toutes les classes, ça s’anime. Je ne suis plus en maternelle, je dois avoir 7 ans.

« Restez calmes les enfants, nous descendons dans la cour. »

Petit à petit, la cour de récréation se rempli. Toute l’école est dans la cour, en rang, par classe.

La directrice est en face de nous. Elle tient par la main « un petit », même pas l’âge de la maternelle. Il est tout crotté, les genoux écorchés. Y pleure même pas. Il a l’air content, moqueur… La directrice demande le silence, les maîtres et maîtresses l’aident à l’obtenir.

« Est-ce que quelqu’un connaît cet enfant ? »

Il y a du remue-ménage dans la cour.

Tu parles si je le connais cet enfant. C’est José, mon petit frère.

Il a échappé à la surveillance de ma grand-mère.. Vous savez. ! Ma grand-mère! Angèle la Maltaise. Celle qui enlève l’infite et les coups de soleil. En ce moment, je suis certain que le sang doit lui tourner dans les veines, que toute la Basseta doit être en effervescence. Tout le monde recherche mon frère.

Mon père qui est boulanger et qui travaille chez Senabre a eu la permission de quitter le fournil.

Chez Bastos, ma mère est en larmes, assise sur une caisse. Madame Méraga et Madame Sintés, lui passent de l’eau fraîche sur le visage. Elle s’est évanouie. La sécurité n’a pas fonctionné. Il y a un gros bourrage sur la chaîne d’empaquetage.

La directrice reprend pour la deuxième fois « Est-ce que quelqu’un connaît cet enfant ? »

Les frères Muscat qui sont derrière moi me poussent hors du rang. Je marmonne quelque chose. C’est lui qui me sauve. Il a échappé à la directrice. Il vient vers moi. Il me prend la main. On va rester assis côte à côte sur le même banc jusqu’à la cloche pour aller déjeuner. Il a trois ans et demi. Il est content. C’est encore moi qui vais dérouiller en rentrant…

Cent fois dans ma famille on a raconté « cette fois où José… » , la gentillesse de Monsieur Senabre, le bourrage chez Bastos.

Ce qui me reste de cette journée, c’est cet instant précieux où José échappe à la directrice, où il me prend la main, où sans un mot il dit à tout le monde : C’est Michel. C’est mon frère.

Je ne me souviens plus si lui aussi a eu Madame Loubet comme maîtresse.

Christian TIMONER - Manuel ROBLES

Le : 21/04/2010 09:21

Bonjour à tous les habitué(e)s du site.

Suite à un échange de e-mail avec Manuel ROBLES, il a voulu me faire partager un de ces souvenir de maternelle. J'ai trouvé ça si beau que je lui est demandé s'il voulait bien en faire profiter tous les lecteurs du site, car tout le monde de notre génération et d'autres pouvaient se voir dans ces écrits car nous sommes tous passés par là. A ma connaissance personne n'en avez parler ou écrit. Voici son texte dont le titre est LES BÛCHETTES et sa réponse qui suit.

LES BUCHETTES

Je m'en rappelle le chemin...

Aucun moyen de locomotion pour m'y amener...

On y allait à pied...à la Maternelle...

Les premiers temps...nos mères...nous y accompagnaient...et puis après...on voyageait en groupe...

Les gosses du quartier...

On rentrait à la maison le midi pour manger...il n'y avait pas de cantine...

Donc...on effectuait le trajet quatre fois par jour...à la force du mollet...

En quittant l'appartement...il m'arrivait souvent...de descendre les escaliers en courant...et de laisser traîner mes mains sur la rampe...Aussi...à l'occasion...je remontais les deux étages...pour un petit nettoyage rapide...afin de présenter au regard de la maîtresse...des mains propres...

Et en route...la petite troupe de gosses en tablier.....

On pouvait passer par la place de la Baseta...pas loin du cinéma Rialto...et on grimpait la côte...

C'était en montée...la rue Camidous...ou bien...Camille Douce...je l'ai toujours prononcée et entendue de cette façon...

Chérif...de passage en France...m'a indiqué la bonne orthographe : la rue Camille Douls..

C'est en moi...cela restera...la Maternelle de la rue Camidous...

Aujourd'hui.. Mélanie...

Elle se sert d'une machine à calculer...pour des exercices faciles...dont je trouve parfois mentalement...les réponses...

Elle est encore hésitante...sur les tables de multiplications...

Aussi...aujourd'hui pour Mélanie...je remonte la côte de la rue Camidous...

J'ai cinq ans...

Je suis un garçon brun...semblable aux autres...

je suis.. tranquille.. pour ne pas dire..sage...

J'aime bien la petite école...je m'y sens bien ..

Je suis un enfant heureux..dans ma vie de tous les jours...

Heureux dans ma famille...Heureux avec mes copains...

J'aime m'amuser...J'aime le jeu...

Je cours beaucoup...sans souci...sans crainte de me fatiguer...

Quand je rentre à la maison...je suis souvent en sueur...

Je connais bien la cour de la maternelle...elle est à un niveau surélevé...par rapport à la rue...Il y a du grillage...

Je me trouve en classe...Une maîtresse nous apprivoise à sa façon...

Pour nos premiers pas en calcul...elle distribue à chacun...des petits bâtonnets...aux belles couleurs...

"bleu..rouge...jaune...vert"...

Elle en fait un jeu...ces petits bâtonnets...elle en retire...elle en rajoute...

A nous de compter...

Le mot "bâtonnet" ne me convient pas...

Natacha...a le mot...juste :

"Bûchettes"...

Voilà...des bûchettes....

On apprenait à calculer...avec des "BUCHETTES"...bleues...rouges...jaunes...vertes...

Ces bûchettes...on en avait parfois...un grand nombre dans notre petite main...

La connaissance des chiffres...et la joie...d'annoncer fièrement :

"Je sais compter jusqu'à....."avec le temps...on avançait...

Tout se passe bien...chacun est à l'aise...avec les bûchettes...

La vie est pleine de couleurs....

En plus...bientôt...c'est Noël...

On en parle en classe...avec la maîtresse...entre nous...en famille...

Le "Père Noël"...doit venir...à la maternelle...

Nous aurons tous un cadeau...

On nous dit qu'il viendra du ciel...

L'après-midi..à courir dans la cour...

Un bruit..là-haut...bien au-dessus de nos têtes...nous levons les yeux...c'est un hélicoptère....

Une maîtresse dit :

"C'est le Père Noël...vite...tout le monde en classe"....

Je regagne ma place...

La maîtresse ferme la porte après nous...elle nous demande d'attendre...

Tout est calme...personne ne parle...

Tout à coup...on frappe à la porte...

La maîtresse...met le doigt devant sa bouche..."chut"....

Elle se lève...se dirige lentement...vers l'entrée...et ouvre la porte...

Aucun d'entre nous n'a bougé...

Elle revient en classe...avec une caisse en carton...

"Voilà ce que le Père Noël...vous a apporté"....

De grands yeux....

Elle distribue à chacun...un paquet de bonbons....

Des pralines et des fondants...j'aime beaucoup....

Je suis content....

J'y touche pas à mon paquet....

Tout heureux...quand sonne la cloche..de rapporter mon "cadeau" à la maison....

En ce moment là...les jours de pluie...les jours d'hiver...(hiver méditerranéen)....

Comme beaucoup...je portais un "capuchon"...je crois...sorte d'imperméable en caoutchouc...

Ce vêtement nous recouvrait tout entier...les bras à l'intérieur...

Il y avait sur les côtés...deux fentes...pour laisser passer nos mains...

Et la capuche...bien-sûr...pour protéger nos petites têtes...

En ce moment là...les jours de pluie...les jours d'hiver...

Rue Maxime Noiré...le Docteur LEVY...

C'est lui...en l'absence de "sage-femme"...qui assista "Thérèse"...pour ma venue au monde...

Une de plus...une petite tête brune...cheveux noirs...tout en sueur...déjà...

Je suis né à la maison...dans le lit de mes parents...comme mes aînés...

Le Docteur LEVY...le docteur du quartier...

Ma mère m'y a amené...

Le docteur...me trouve fatigué...et parle d'asthme...

Donc...beaucoup de repos...pas de maternelle...le moins d'efforts possibles...et surtout ne plus courir...

Ma mère avec toute sa tendresse...m'a gardé au chaud...à la maison...

Les copains partaient sans moi à l'école...

On m'avait acheté des jouets...des petits bonhommes … et notamment un cowboy...cadeau de mon père...je crois...Un cowboy...sur son cheval...et qui tenait au bout de son bras levé...son chapeau..."Adios amigo"...fut son nom...quelqu'un me le souffla...peut-être...mon père..

Je retrouvais...mes copains à leur retour d'école...

On retournait ensemble dans la rue...pour nos jeux d'enfants...sans (trop) courir...

Jean-Luc SOUSSEM...habitait au dernier étage de l'immeuble...sous la terrasse...

C'est lui que je voyais le plus souvent...

Je suis resté assez longtemps...il me semble...absent de la maternelle...

Cela commençait à m'inquiéter...car les autres...apprenaient des choses nouvelles...que j'ignorais...

Jean-Luc...jouant de ma peur...en rajoutait...

Il disait...que j'allais être le moins fort de tous...et que la maîtresse ne voulait plus de moi..

Il parlait de voyelles et de consonnes...je ne comprenais rien...

Même...plus tard...les voyelles et consonnes...m'ont échappé...et cela...aujourd'hui n'a plus d'importance...je ne cours pas après...

Je ne devais pas être confiant...le jour..où..j'ai repris le chemin de la rue Camidous...

L'accueil de la maîtresse...n' a pas dû...être redoutable...Je n'en ai plus le souvenir...

J'ai certainement pris...ma place...parmi les autres...et recompté les bûchettes...

L'année suivante...

J'entrais à la grande école...

Une maîtresse... Les premiers jours....pour établir notre identité... écrire..."Nom".."Prénom"...

Et mon écriture...assez mauvaise...ne m'a pas aidé...

Pendant un certain temps...la maîtresse...m'a appelé ROBLES Marcel...

Mon passage à la maternelle...trop frais dans ma mémoire...m'a donné à réfléchir...

Dans mon coin...je n'ai rien dit...

Trop heureux de courir à nouveau...

Bonjour Christian ...

On a presque tous eu la même enfance ...

Et c'est toujours bon de la partager ...

J'ai écrit .. des petits textes.. pour en rester "imprégné"... et pour Mélanie (ma fille) ...

Lui raconter notre histoire ...

Elle a bien écouté .. l'histoire des bûchettes ... puisqu'aujourd'hui ... elle est institutrice ...

Christian .. cela me ferait plaisir.. de le voir paraître sur le site ...

Pierre-Emile BISBAL

Le : 03/02/2010 18:50

Pour Michel Such.

Michel, ce petit texte inspiré par ton message concernant le départ de Paquita.

Très amicalement.

Comme un arbre…

La vie nous a dérobé le plus beau des matins celui ou, sur une de nos branches nous aurions vu renaitre la première feuille du printemps. Nous sommes un arbre dont les feuilles ne repoussent plus. Comment pourrait-il en être autrement avec nos racines désormais inutiles car arrachées à cette terre d’Algérie. Nos racines, autrefois profondes, robustes, vaillantes, réduites maintenant à un entrelacs blanchâtre, stérile, noueux et sec, semblable à ces ossements extirpés à la hâte d’un caveau profané.

Nous vivons notre ultime et interminable hiver. Nos feuilles meurent doucement et partent docilement. Ces feuilles brulées par un destin féroce et amoral. Une feuille d’Alger, d’Oran, de Tlemcen, de Bône, d’un village du littoral ou du bord de l’Atlas. Une feuille avec ses souvenirs et l’amour des siens comme unique bagage pour le dernier passage. Une feuille qui se détache et plane, maladroitement soutenue par l’haleine de la mort dans un balancement disgracieux ignorant le chagrin des vivants.

Nous avons des mots usés et doux pour ceux qui restent. Une salutation murmurée avec son goût de larme. Un geste d’une tendresse retenue. Une main sur une épaule. Une dernière prévenance formulée dans un égal partage entre la mort et la vie. Un nom que l’on glisse lors d’une rencontre pour dire qu’il nous a quitté, pour dire qu’elle est partie.

Bientôt plus rien de vivant ne subsistera de nous. Ceux de notre sang qui n’auront pas connu la vie de « là-bas », ne sauront bientôt plus rien de nos joies et de nos chagrins qui périront de ne plus être contés, asphyxiés par l’oubli. Sur ces vieilles photos que les familles conservent, un jour, un enfant cherchera notre nom, le nom d’un lieu, une date. Il ne trouvera pas d’écho. Les feuilles meurent en silence.

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