Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Bibliothèque des trois horloges

bibliothèque des trois horloges

Fil des billets - Fil des commentaires

Josiane et Raymond MOLTO

Le : 28/05/2011 11:45

Bonne fête des Mamans

Pour vous chères Mamans en ce jour de fête ...

Que vous soyez gracié par cette journée.

Pour toutes les femmes qui ont donné la vie.

Que ce jour soit celui de la Paix et de l'Amour pour vous ...

Pour toutes les Mamans du monde...

Que la vie vienne les combler à leur tour.

Quelque soit votre âge vous êtes des personnes uniques.

Pour vous qui avez donné la Vie ...

Quand vous regardez vos tout petits...

Vous êtes si heureuse de ce bonheur si indescriptible...

Je le sais en tant que Maman ...

Que dans le fond de mon coeur...

Je suis fière de mes enfants ...

Je les aime tellement ...ils sont venus

Combler ce que je n'avais eu enfant...

Vous savez ...vous les Mamans que je ne connais pas.

Je vous souhaite tout le bonheur du monde...

La mienne est partie au ciel...

Si la vôtre a rejoint le paradis...

Levé les yeux au ciel elle vous sourira...

Une Maman reste dans le coeur d'un enfant éternellement.

N'oubliez pas que ce que le vie vous donne ...

Jamais elle vous le reprend vos enfants sont ...

Un lien d'amour avec vous-mêmes...

Soyez fières d'être des Femmes dont la force est inégalable.

Alors pour toutes celles qui ont donné la vie...

Où qui vont le faire bientôt ...

Je vous souhaite une merveilleuse fête...

Prenez soin de vous surtout...

N'oubliez pas vous les Mamans

Vous êtes des Anges sur terre...

Robert VOIRIN

Le : 22/04/2011 18:30

LE CABASSETTE ET LE COUFFIN ( fable )

Au fond d'un placard le cabassette et le couffin s'ennuyaient beaucoup,

depuis qu'ils avaient quitté leur Bab El Oued natal ils ne sortaient plus du tout,

alors il se racontaient des histoires pour tromper leur ennui,

surtout celles qui parlaient de leurs anciennes et nombreuses sorties

quand ils accompagnaient la famille au marché, en forêt ou au bord de mer.

Ainsi à Pâques on les remplissait de ce qu'il y avait de meilleur sur terre,

le cabassette disait qu'il transportait la soubressade, la calentita,

le boutifar, la pastera sucrée, les poivrons grillés, et la si fine fritenga,

les anchois, les dattes et les figues sèchent, les délicieuses cocas,

les mantécaos, sans oublier le bon selecto et le fameux Mascara.

Le couffin se vantait d'être plein de zlabias au miel, de douces oreillettes,

de makrouts, de la belle mouna, sans oublier les succulents roliettes.

Ils étaient tellement lourds qu'ils n'en pouvaient plus surtout

qu'il fallait tenir jusqu'à la fôret de Sidi Ferruch pleine de monde partout.

Là au milieu des cris de joie on commençait à les vider,

en premier les tramousses et les variantes étaient sortis

car avant le repas la traditionnelle anisette était servie,

puis dans une joyeuse ambiance on déballait tout et chacun se servait,

et tous les membres de la famille pouvaient commençer à se régaler.

Dans la soirée pour le retour à la maison le cabassette et le couffin

maintenant si légers pensaient déjà à faire les courses dès le lendemain matin,

à Bab El Oued ils continueraient ainsi à déambuler dans les allées du marché

où ils seraient encore remplis de ces bonnes choses qui faisaient leur fierté.

Bien longtemps après, alors que dans le placard ils se lamentaient sur leur sort,

une main amie qui les avaient bien connus leur apporta un jour un grand réconfort,

et pour ne pas qu'ils tombent complètement dans les oubliettes

ils furent alors emmenés de nouveau aux commissions ou à des fêtes,

réconfortés ils purent se dire qu'on ne les avait pas laisser tomber

pour enfin revivre en pensant à Sidi Ferruch et ses belles journées.

moralité : recevoir le passé comme un héritage c'est combattre l'oubli, le mépris et

l'indifférence.

Robert Voirin

et Bonnes Pâques à tous

Josiane GRAS - CATALA

Le : 21/04/2011 19:42

Bientôt PAQUES:

Que de souvenirs me viennent subitement en mémoire,je revois ma mère,mes voisines,partir,chacune avec une grande bassine sous le bras,remplie de pâte,chez le boulanger,faire qoi? DES MOUNAS.chacune faire des boules,les faire cuire au four avec l'aide et la gentillesse du boulanger,qui faisait des heures supplémentaires mais en bénévola,avec ses oreilles remplies de tchaclala des ménagères.Enfin la cuisson est fini,et voilà les cancans:les miennes sont plus grosses,les tiennes sont moins sucrées et j'en passeles voilà de retour à la maison,quelle odeur?aurons la patience d'attendre jusqu'à demain?je sens déjà le chocolat chaud et les trempettes de mounas dedans,mais je me reveille,je ne suis plus à notre d'ame d'afrique,il ne me reste que mon petit four,mais rien ne m'empêchera de faire des MOUNAS

JOYEUSES PAQUES A VOUS TOUS

MERZAK Tamene

Le : 12/02/2011 22:53

A l'intention de Nacéra, de toute la Clique des Messageries, et de tous les enfants de Bab El oued, disséminés à travers le monde.

Kaouène (Le boîteux)

Encore ce fameux troncon de l'Ave Malakoff.

Qui ne connait Kaouène? Un brave homme boîteux, qui faisait partie des résidents de la plage. Son logement était une barque renversèe, posée sur deux amas de pavés et recouverte de bâches.

Il ramait chez Baptiste le pêcheur aux Bains de Chevaux, et menait une vie humble, paisible et sereine. Il était toujours habillé d'une longue blouse grise et souvent on le voyait Bd Pitolet avec le père à Andrée, tenant de longues discussions (probablement sur la mer)

Il nous a vu grandir à tous, et tout le monde l'appréciait à sa juste valeur. Si par hasard,quelqu'un lui posait une question sur sa famille, il répondait invariablement, aprés un long silence: vous êtes tous ma famille. Il faut dire qu'il était recu dans toutes les familles du quartier (dont la mienne) toutes confessions confondues.

Il était sobre, conciliant et faisait penser aux JAÏNS en Inde qui préfèrent balayer le chemin devant eux, plutôt que d'écraser par mégarde quelque petit insecte invisible.

D'aucuns se moquent d'eux, moi, tout le premier, bien que je les respecte et les envie.

Aprés 1962, il a tenu un petit magasin rue Lavoisier, "Dépôt de pain et limonade". Juste pour survivre, comme il disait. Ce magasin lui tenait lieu d'habitation aussi, et ressemblait à une cellule de moine.

Il en avait les dimensions restreintes et le mobilier sommaire. Il semblait que le temps s'arrétait là, pour s'y reposer et méditer. Je ne manquais jamais de lui rendre visite à chaque passage à Alger.

Kaouène est décédé rue Lavoisier entouré de tous ses amis (sa famille) laissant un vide immense dans ce petit bout de quartier.

Peu de gens savent qu'il s'appelait Lahlou Rabah.

Le Manchot.

Toujours sur ce petit troncon, vivait un homme, Le Manchot, un ancien combattant ayant perdu un bras, et survivant tant bien que mal, avec les moyens du bord.

Il était toujours accompagné de "Yeux Rouges" qui nous impressionnait et bien qu'inoffensif,nous terrorisait. Pourquoi Yeux rouges? Et bien tout simplement pour la couleur de ses yeux, et tout le monde ignorait son nom.

Ces 2 joyeux lurons étaient toujours sur la plage, à rire et à plaisanter, sans avoir oublié auparavant de passer dire bonjour à Mr Pons, épicier, chez qui ils pouvaient s'approvisioner en vin, et pendant les fins de mois pénibles, en alcool à bruler.

Aucun jugement à porter, car, "Pour grands que soit les rois, ils sont ce que nous sommes."

Merci Corneille!

Sur la plage, il y avait Baptiste et ses pastéras. Il pratiquait la pêche au bouliche, que certains appelaient pompeusement la pêche à la seine. Baptiste était je crois ,content de son sobriquet."Jacky 3 doigts" car il n'en avait que 3.

Kaouène, un ami au Papa d'Andrée, s'occupait des rames, et pour tirer le filet, Baptiste faisait appel aux résidents de la plage. Drimouche, Rouget, Choucha...la liste est longue...

J'aimerais rendre un hommage à ces hommes et cette femme qui vivaient de la mer, et ont accompagné notre enfance.

Pour des raisons évidentes, Le manchot ne participait pas, mais comme nous tous, il attendait sur le parapet du Front de Mer, car on savait qu'aprés "le tri" et la vente, le reste finirait sur un feu de bois, où, tous étaient conviés.

A chaque fois que je passe dans le quartier, je suis envahi par un sentiment de désarroi imprécis.

Ni accablement ni désespoir, non, seulement une sorte de mélancolie que je n'ai pas encore appris à combattre.

Latrèche (Le sourd)

Dans ce petit troncon de l'Ave Malakoff entre Santamaria et le magasin La Mer, vivaitun homme d'une force herculèenne, sourd, que nous avons toujours connu sous le nom de Latrèche. Nous, petites pestes de l'époque, on faisait tinter des pièces de monnaie pour vérifier, mais cela ne marchait pas toujours.

Les habitants du quartier employaient sa force pour des travaux de peine, transport,déménagements etc...

Il dormait dans un petit dépot avec son compère "Le Caporal", un autre calibre, dont nous parlerons ultérieurement.

L'âge est une lumière plus ou moins vive sur un visage. L'angoisse l'éteint. Il n'avait pas d'âge car il avait toujours le visage lumineux et le sourire aux lèvres..

Au fait quelle langue parlait-il? Il proférait toujours des paroles inintélligibles, et souvent il piquait des crises de colère dans un mélange d'arabe, d'italien, d'espagnol et de kabyle.

Tout le monde lui envoyait une " assiette " recouverte d'une serviette de table qu'il partageait généreusement avec Le Caporal qui, lui, préférait un litre de vin à la tirette de chez Mr Papallardo. Il faut dire que Latrèche ne buvait pas.

Je ne sais pas si ce genre de personne existe encore, aujourd'hui où l'éphémère, la facilité et le jetable sont de règle.

Je crois que sa vie a été plus riche que celle de ceux qui s'imaginent tout avoir en se dispersant.

J'ai envie de dire "merci". Merci pour l'exemple, pour l'humilité, la discrétion, la gentillesse et surtout la générosité de coeur et d'esprit.

C'était des personnes d'une autre époque. Pourquoi dit-on cela de ceux qui réunissent ces belles qualités? Notre époque n'en produirait-elle plus?

Je m'excuse de la longueur de ce texte, et bonne soirée à toutes et à tous où que vous soyez.

Merzak.

Robert VOIRIN

Le : 12/02/2011 21:09

JE CROIS ENTENDRE ENCORE

Aujourd'hui mon esprit est encore troublé,

je crois voir encore ce panorama plein de beauté

quand derrière le stade Marcel Cerdan je me promenais

alors que les vagues passaient par dessus les rochers,

Bab El Oued s'étalait devant moi, d'El Kettany à Saint Eugène.

Un peu sur les hauteurs je ne la voyais pas, mais la devinais sans peine

ma petite rue Réaumur derrière la Cité Picardie et l'Hôpital Maillot.

Je crois voir encore Notre Dame d'Afrique se détachant tout en haut

sous un ciel si bleu, comme dans une lumineuse vision,

en passant au delà de la Bassetta mon regard descendait vers la Consolation

puis survolait l'avenue Malakoff pour arriver au beau square Guillemin,

et j'imaginais alors les rues, avenues et places que je connaissais si bien.

Je crois entendre encore les motos cross à la Carrière Jaubert

quand le dimanche matin j'y allais avec mon père,

je crois entendre encore comme si c'était hier

du côté des Trois Horloges les sifflements des garçons qui sans manière

appelaient les filles, lesquelles répondaient par des sourires éclatants

et continuaient leur marche d'un air triomphant.

Je crois entendre encore les claquements des "tape cinq " ponctuant

nos éclats de rire comme si c'était un serment,

et dans l'avenue Durando je crois entendre encore

les grincements du tram qui descendait jusqu'à la Poire d'Or.

Je crois entendre encore les appels et les cris

des marchands de kalentita et des marchants d'habits,

des vendeurs de kilomètre et de zoublis

ainsi que la musique des babas salem qui sous nos balcons

jouaient leurs airs sur un rythme saccadé, créant une étonnante animation.

Je crois sentir encore l'odeur des kemias si parfumées

qui me faisait saliver en passant devant les cafés,

je crois sentir encore l'odeur des petits rougets grillés,

celle envoutante de l'appétissante mouna à la fleur d'oranger,

celle des beignets de chez Blanchette dont je me régalais,

je crois sentir encore au Petit Bassin le souffle de feu du sirocco

quand sous le soleil du mois d'août il me brulait le dos.

Tous ces moments qui étaient mon quotidien je les ressens bien souvent

car je les ai vécus intensément jusqu'à l'âge de dix huit ans.

Robert Voirin

Robert VOIRIN

Le : 01/01/2011 11:11

BONNE ANNEE 2011

Entention ça y est je vous le dis, l'année elle a changé de numéro,

comme vous autres vous êtes loin d'être des bourricots

même si à force que le temps il passe obligé qu'on devient vieux,

c'est pas ça qui va m'empêcher de vous envoyez tous mes voeux.

A vous les blocs et canus qui enchantaient l'avenue de la Bouzaréah,

à vous les larmas les pôvres qui voulaient toujours faire la mata,

aussi à vous les as de la savate, les plus forts au taouète,

les imbattables au pingfoot qui zétaient les champions de Bablouette,

à vous les boulaneus et les bouzéloufs, et par la purée de vos osses

les fumeurs de Job Brasilenas, Camélia Sports et autres Bastos,

à vous les centreurs rois des copieurs et les zbibeurs de la classe,

à vous les stokafiches, les sloughis et c'est kif kif les gigasses,

à vous les buveurs d'antésite, de gazouz et de sélecto,

à vous les fartasses frileux obligés de mettre le capéo,

ma parole je vous dis à tous que vous allez être les meilleurs.

En vous tapant l'anisette et la kémia vous serez les vainqueurs,

avec les merguez et les brochettes vous allez vous régaler,

et les tchalefs qu'est ce que vous allez pas vous les raconter !

Mamamille cette nouvelle année ça va pas être de la zoubia,

bessif que maintenon vous aurez toujours la baraka,

en espérant que les cagates jamais elles vont vous arriver

et que cette purée de schkoumoune elle va vous oublier.

Akarbi, c'est tout ça et tout le reste que je veux vous souhaiter,

et surtout que la bonne santé vous allez pouvoir vous la garder.

Robert Voirin

André TRIVES

Le : 01/01/2011 10:03

BONJOUR PHILIPINE !

SOUVENEZ-VOUS ENFANTS DE BAB EL OUED, AU MILIEU DE L'ETE AU PIED DES AMANDIERS, OU ENTRE NOEL ET JOUR DE L'AN LORSQU'AUTOUR DE LA TABLE ON OUVRAIT LA COQUE D'UNE AMANDE CONTENANT UN FRUIT DOUBLE.

ON ENGAGEAIT UN PARI DE VINGT SOUS AVEC CELUI QUI DEGUSTAIT L'AUTRE MOITIE, ET IL FALLAIT LE LENDEMAIN LE SURPRENDRE AU REVEIL EN LE REGARDANT DANS LES YEUX ET EN LUI DISANT: " Bonjour Philipine!"

Avec mes petits enfants aujourd'hui le pari oscille entre 1 et 5 euros; et ils en redemandent sans modération. La coutume persiste dans la famille et ravit la candeur des enfants de 5 à 15 ans, la même que nous partagions à BEO il y a 50 ans.

BONNE ANNEE A TOUS ET N'OUBLIONS JAMAIS CETTE CULTURE QUI FAISAIT DE NOUS UN PEUPLE RARE ET SINGULIER ( paroles de MOMO NEMMAS).

André TRIVES

Robert VOIRIN

Le : 09/12/2010 18:38

Bonjour à tous,

une petite promenade au marché ...

robert voirin

J'AVAIS DIX ANS AU MARCHE ( de Bab El Oued )

Le marché est très animé ce matin, ma mère me tient d'une main,

elle porte son filet et moi le couffin, mais voilà qu'on s'arrête enfin,

tout en faisant la chaîne elle choisit avec soin ses légumes et fruits

sous l'oeil bienveillant d' Ali un de ses marchands favori.

On passe devant la boulangerie, ça sent bon la calentita...

j'en mangerai bien une part mais ma mère ne s'arrête pas,

je dois la suivre de près si je ne veux pas la perdre de vue

tant bien que mal au milieu de cette joyeuse cohue.

Je cours derrière elle, elle m'entraîne à l'intérieur du marché,

il y a du monde partout, on attend son tour chez Agullo le boucher,

pendant ce temps je regarde ce qui se passe autour de moi, je me régale,

on dirait que tout Bab El Oued est là ... c'est vraiment convivial.

Pour passer les gens se bousculent un peu mais bien gentiment,

les mauresques sous leur voile blanc discutent et prennent leur temps,

chez le charcutier on fait encore la queue, c'est la grande rigolade,

après un bon moment on en repart avec un paquet de soubressade.

Une fois dehors quelle ambiance, c'est pareil il y a un monde fou,

on se faufile dans la petite rue derrière jusqu'au moutchou,

on rentre, ici peu de clients, il y règne un silence apaisant,

il flotte dans l'air des senteurs de cumin et de safran,

le mozabite est un homme gentil qui parle d'une voix douce,

il nous sert l'huile, les pois chiches, les dattes, le couscous

et les figues séches, avant de sortir il me donne un carambar,

ma mère me pousse et me dit de filer car il commence à se fait tard.

On se retrouve de nouveau à se dépêcher dans les allées,

nous nous arrêtons devant chez Rouget le poissonnier,

au milieu de son étal un énorme tas de ce succulent poisson,

on en prend un bon kilo, on va bien se régaler ce midi à la maison...

Les courses sont presque finies, le couffin commence à être plein

mais vaut mieux pas que je rale même si j'ai mal à la main,

ma mère m'apelle et me tire par le bras rue Cardinal Verdier,

on passe devant chez Blanchette, je regarde avec envie ses beignets...

Le couffin commence maintenant à être lourd mais je me suis bien amusé,

on remonte alors jusqu'à la cité Picardie et le portail passé

nous voilà de retour un peu fatigués chez nous rue Réaumur j'ai trouvé cette matinée pleine d'entrain, pourvu que ça dure...

Robert Voirin

AUTEUR INCONNU

Le : 03/12/2010 14:06

NE A BAB EL OUED

Entre Saint-Eugène et Alger,

Est le quartier ou je suis né.

Entre Casbah et Carrières Jaubert,

C’est là aussi qu’est né mon père.

Sur la rive gauche d’un ancien oued,

Oui,…. Je suis né à Bab El Oued.

C’était ma foi un beau quartier

Un quartier plein de vie, un quartier animé.

Espagnol, italien, arabe, maltais,

Tous ensemble apprenions le français

C ‘était la tour de bab-el-oued

Quand on parlait dans notre bled.

Notre français était très pimenté

Il était même très pigmenté

Par les couleurs qu’on lui donnait.

Des couleurs aujourd’hui un peu oubliées.

« Etchaffé par une voiture, la honte à la figure

Putain d’sa mère il avait la vie dure.

En bas la mer un jeu tu tapais

Quand tu faisais tchouffa les autres y rigolaient. »

Dans mon quartier on n’utilisait pas de « reloje »

Ce n’était pas la peine il y avait les Trois Horloges

Contre les hauts et les bas

Il y avait la Bassetta

Il y avait « Blanchette » à l’entrée du marché,

Il était très connu il vendait des beignets,

Derrière l’arrêt des trams sur la petite place

Il y avait « l’italien » qui nous vendait ses glaces,

Il y avait Slimane et son épicerie

Il y avait Lassale et sa charcuterie.

Prés du passage souterrain

Il y avait Moati et son commerce cossu

Cela était normal il vendait du tissus.

Il y avait Torrés magasin de chaussures,

Rue Suffren, Devesa, ses boudins à l’oignon,

Le cinéma Bijou qui manquait d’attraction.

La « maison Jaubert » la « cité des moulins »

Avenue de la Bouzareah, rue Sufren, rue Franklin.

Prés de l’usine Bastos, à coté du Plazza,

La boulangerie Amar, la boucherie Khaliffa,

Montiel le charbonnier, Lounés le marchand de légumes

Le bistro des Flechero juste là au coin

L’Armée du salut, et le moutchou du coin

C’est là que j’ai vu le jour,

Alors que mon père péchait au cassour.

Avenue de la Bouzareah, la boulangerie Seralta

La pharmacie Sastre, et puis celle de Kamoun,

Il y avait Henny, le boucher chevalin, Perez le coiffeur,

Otto le confiseur,Spadaro « le voleur »

Borras et Sampaul vous faisaient miroiter

Les glaces que Grosoli fabriquait

Vous parlerais-je des cafés, ou bien de leurs « kemia »

Tout ce qu’ils vous offraient remplaçait un repas.

Carottes au cumin, pommes de terre au persil,

Variantes et tramousses cacahuètes salées,

Escargolines, olives….tant qu’on en voulait.

C’était un vrai délire, j’en ai le souvenir.

Quand boire une anisette était un vrai plaisir.

Vous parlerais-je de Raisville, Padovani,

Les Voutes, la Pointe Pescade et les Bains des Familles ?

Le stade Marcel Cerdan ou jouait le S.C.A (la spardenia)

Ou bien des grandes rencontres A.S.SE / Galia

Cela n’est pas la peine vous vous en souvenez aussi

Et pourtant comme moi vous étiez un « petit »

Je me souviens aussi de ce qui c’est passé

Lorsque les Trois Horloges, notre centre d’intérêt

Le 23 mars 62 devint un centre de gravité

Et c’était vraiment grave, ce fut le début de la fin,

Cela je m’en souviens

Je m’en souviens très bien.

AUTEUR INCONNU

Robert VOIRIN

Le : 28/11/2010 09:14

ON VA AU CINEMA

Comme souvent le samedi après midi mon père m’emmène au cinéma, on prend l’avenue de la Bouzareah et la rue Franklin et on arrive au Plazza,

Il joue la Bête Humaine, c'est un très vieux film avec Jean Gabin,

c'est en noir et blanc et je crois que ça parle de train,

dès les premières images je vois tout de suite que ce n’est pas très rigolo,

mon père ça a l'air de lui plaire mais moi il me tarde de sortir au plus tôt.

Enfin la séance se termine, une fois dehors c’est déjà le soir,

on descend la rue Suffren, il y a plein de monde sur les trottoirs,

on arrive aux Trois Horloges, c’est un va et vient permanent,

devant le Café de Provence et vers chez Moati il y a une foule de gens,

les conversations sont animées , on peut dire qu'il y a de l'ambiance ...

Je marche pas loin de mon père qui prend le boulevard de Provence

en direction du bar l'Olympic, de la Princesse et de la Consolation,

mais je le vois tourner avant dans la rue du Roussillon,

je rentre derrière lui dans un café, je crois que c'est le Balto,

c'est plein de monde, , mon père prend une anisette et moi un diabolo,

au comptoir on est serrés, certains sont surement à plusieurs tournées ...

je me régale avec la kemia, c’est des fèves poivrées que je n'arrête pas d'avaler...

En sortant on prend la rue de Chateaudun on arrive face à Saint Joseph et Coco Riri,

je voudrais rester Place Lelièvre mais mon père me dit de filer rue de Normandie,

je le précède ensuite dans la rue du Dauphiné puis on remonte la rue Cardinal Verdier

jusqu'à la Cité Picardie, au bas du chemin Notre Dame d'Afrique on est arrivés.

En rentrant chez nous rue Réaumur ma mère me regarde d’un drôle d'air ironique,

elle se doute de notre arrêt au café, elle fait gentiment à mon père une petite critique

car il est un peu tard et c’est le moment de dîner, mais je n’ai plus très faim,

autour de la table mes soeurs qui se moquent de moi sourient en coin,

c'est vrai que devant mon assiette bien pleine je n’ai pas l’air malin,

je crois que tout ça c’est la faute aux fêves poivrées et à Jean Gabin…

Robert Voirin

- page 14 de 39 -