Né à Bab El Oued - 1948 - ALGER

 

Bibliothèque des trois horloges

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Christian TIMONER

NOËL 1961

Nous sommes jeudi, aujourd’hui pas de classe comme tous les jeudis, c’est notre jour de repos.

Nous sommes quatre enfants et pour notre mère la journée s’annonce un peu bruyante, pour être tranquille elle nous promet que si nous restons sages toute la journée, ce soir avec notre père à son retour du travail, ils nous amèneront voir les illuminations dans les rues et surtout voir les magasins de jouets. Jusqu'à l’arrivée de notre père nous restons donc sages comme une image (ou presque), pari gagné pour notre mère.

Pour la promenade ma mère nous a sorti les habits du dimanche. Tous beaux, parfumés à l’eau de Cologne, mon frère et moi les cheveux avec la brillantine (la gomina), les chaussures pointues à l’italienne (grande mode) elle nous a même mis le manteau car il fait un peu frais dehors (22°). Nous voilà partis tout excité dans les rues de Bab El Oued, la nuit commence à tomber et le quartier s’illumine ainsi que les magasins, beaucoup de personnes dans les rues, certains reviennent du travail d’autres font leur course, les grands font le va et vient en attendant de trouver l’âme sœur et les autres comme nous, promènent. Certains regardent dans certaines vitrines la télévision, une nouvelle venue dans le quartier. Il nous tarde d’arriver aux Galeries de France car je pense que c’est le plus beau magasin d’Alger, nous ne sommes pas trop loin car j’entends l’Armée du Salut qui comme chaque année à noël est là, à chanter des cantiques et fait teinté la cloche pour attirer les gens, certain leur donne une pièce pour leurs œuvres. Nous voilà devant le magasin, impossible d’approcher la vitrine, tous les enfants le nez contre la vitre, d’autres sont sur les épaules de leur père pour voir mieux, tous ont le sourire, les yeux pétillent, comment pouvoir atteindre la vitrine ? Juste devant moi un papa tire son fils qui ne voulait plus partir, et j’en profite pour avancer, avancer, jusqu’à un moment, un grand bruit je viens de me cogner sur la vitre (une belle bosse) que je n’avais même pas vue, mon front, mon nez écrasent la vitre, mes yeux eux ne savent plus où regarder la vitrine est pleine de jouets, du poupon avec la poussette, les poupées, les ménagères, patin à roulettes etc.., elles sont gâtées les filles. Pour les garçons, les voitures avec garage, voitures à pédales, trottinette, fusil avec tir aux pigeons, et le magnifique train avec sa locomotive accrochée avec ses wagons et il tourne en discontinu et passe même dans un tunnel, ce n’est plus des yeux que j’ai mais une girouette. Cela doit faire un bon quart d’heure que je regarde, tout est magnifique pas facile de faire un choix vu le nombre de jouets, et soudain je sens une main sur mon épaule, je me retourne et mon père me dit, il faut rentrer il se fait tard, je lui dis encore un peu, d’accord une minute, et l’on s’en va. Nous voilà repartis quand soudain face à moi le père Noël avec le photographe, et là bien sûr nous avons immortalisé le Noël 1961, je dis bien le Noël 1961.

Le père Noël avait pris nos commandes pour le 25 Décembre 1961 est avait fait ce jour là, la distribution pour le bonheur de tous les enfants, mais comme beaucoup pour ne pas dire la majorité nous étions loin de penser que ce serait notre dernier Noël à Bab El Oued et en Algérie.

Aujourd’hui nous sommes en 2011, cinquante ans plus tard, et le 25 décembre de cette année le père Noël sera au rendez-vous, même pour ceux qui se trouvent aux quatre coins du monde. Pour moi ce sera la première fois où mon père ne sera pas avec nous mais peut-être dans un monde meilleur.

JOYEUX NÖEL A TOUS, CHRISTIAN

Cherif HAMOU

Le : 15/11/2011 18:56

NOËL A BAB EL OUED

En ces temps là, on se prenait très tôt pour préparer Noël. C’est la conclusion qui s’impose si l’on remémore les nombreuses activités qu’on engageait pour la circonstance et les délais que cela supposait.

A l’école, l’apprentissage des chansons dédiées à Noël demandaient certainement plusieurs semaines. Qu’il s’agisse des airs de Petit papa Noël ou de mon beau sapin, il fallait se livrer à de longues répétitions pour que nos petites têtes, non encore exercées, retiennent les paroles et les airs, sans soutien écrit. Les maitresses et les maîtres s’employaient à nous conditionner pour la fête, au moyen d’histoires et les contes admirablement racontés. A l’extérieur, les points d’attraction, pour les enfants que nous étions, furent principalement les magasins de la célèbre avenue de la bouzaréah. Les devantures des magasins étaient alors décorées avec soin. Les vitrines pourvues d’un train électrique nous enchantaient particulièrement. Visage collé contre la vitre, il était difficile de nous en arracher.

Autre point d’attraction, qui intéressait surtout les adultes: la place de l’Alma. C’est là que les marchands de sapins présentent leurs produits. Des sapins naturels, encore odorants, provenant probablement de la proche forêt de Bainem. Il y en avait de toutes les tailles. Sans doute pour ajuster l’offre à toutes les bourses et à la modeste taille de nos logements (souvent exigus). Les sapins en matière synthétique n’existaient probablement pas à cette époque. Les transactions se négociaient en francs (F) ou en nouveaux francs (NF). Nous étions en période de changement de l’unité de monnaie, et il n’était pas facile de s’en accommoder. Ma mémoire n’a conservé aucun repère sur le prix de cet arbuste magique. L’emplacement de ce type de commerce était idéal. En effet, la Place de l’Alma faisait la jonction entre trois hauts lieux de Bab El Oued : le marché, les trois horloges et le boulevard de Provence.

L’évocation de Noël à Bab El oued s’accompagne nécessairement de celle du Monoprix et de ses étals de jouets. C’est là que mon oncle m’a acheté mon premier Mécano, un cadeau de Noël. Ce magasin paraissait très lointain, à nous, les enfants de la Bassetta.

A Bab El Oued la fête de Noël était célébrée par tous les résidents. Certes, les musulmans n’y incluaient pas la charge religieuse de l’évènement. Les Juifs non plus, sans doute. Mais tout le monde prenait part à la fête. Le bon sens présidait à nos conduites. A-t-on besoin de convoquer la foi pour s’associer à un évènement festif, et faire partager le bonheur à tous les enfants du quartier?

Dans mon immeuble, au 3 bis rue François Serrano, le sapin était présent dans toutes demeures. La fête pour tous, et…à chacun ses croyances.

Cherif (Québec, Canada)

Michel SUCH

Le : 28/08/2011 14:29

Naitre dans une clinique! Nous sommes tous nés dans le même lit. Dans cette petite pièce obscure au rez de chaussée de cette immeuble de la rue François Serrano anciennement Rue de la Vigie... Tous! Mon frère, mes cousins, ma mère, ses soeurs, les jumeaux...

Il y a 67 ans de celà

Ma mère poussa un grand cri

Fit un grand pêt

Et je naquis

Je sortis d'elle tout ruissellant

Et m'échappait tel un savon

Des mains de la douce accoucheuse

Directe dans la lessiveuse!

Madame SMADJA! C'est le nom de la sage femme. Alors! Qui d'autre!

Robert VOIRIN

Le : 22/06/2011 15:29

C'ETAIT LA FIN DES HARICOTS

Qu'est ce qu'on en avait " gros sur la patate " en cette année soixante deux,

" pressés comme des citrons " on était dans un état désastreux,

et puis le jour est arrivé où on s'est dit " la carottes sont cuites ",

c'était pour nous " la fin des haricots ", nos espoirs avaient pris la fuite.

C'est que depuis longtemps on " s'était foutu de notre poire ",

les autres avaient " mis le ver dans la pomme " et là on s'était fait avoir

car ils avaient voulu nous faire " glisser sur une peau de banane " c'était sur.

En ces temps difficiles on nous en a fait voir des " vertes et des pas mures ",

" aïe aïe aïe ", après le " coup sur la calebasse " qu'on avait pris en traître

ils croyaient nous faire " tomber dans les pommes", c'était mal nous connaître,

c'est vrai qu'on était dans une situation " mi figue mi raisin ",

il ne fallait pas se " raconter des salades " , on a "plus un radis " se disaient certains.

On était comme dans un mauvais film," un navet " à oublier au plus tôt

parce ce qu' on devait réagir vite et ne pas rester " plantés comme des poireaux ",

on allait se défonçer pour " mettre du beurre dans les épinards ",

et ce qu'on allait faire " ça comptait pas pour des prunes " car il n'était pas trop tard.

On n'était pas des " grosses légumes " , mais on " avait la pêche " pour être heureux

on n'avait pas de " pois chiches dans la tête " alors on allait tirer " les marrons du feu ",

et pour ne pas faire " faire choux blanc " il fallait " appuyer sur le champignon ",

là ils n'ont pas " ramener leur fraîse " car on leur a dit de " s'ocuper de leurs oignons.

Tous ces gens " à la noix de coco " ils n'avaient pensé qu'à briser nos rêves,

alors on les a carrement rejetés en les envoyant se " faire une soupe de fêves ",

on s'est dit que le jour où on mettra " la cerise sur la gateau " on en sera très fiers

même si " le parfum des oranges amères " restera toujours pour nous très ... amer.

Robert Voirin

André TRIVES

Le : 13/06/2011 18:30

A L'ABEO, LE DEFI DU TEMPS NE FAIT PAS PEUR.

" A l'année prochaine!" Cette phrase lachée en fin d'après-midi au moment de se quitter, ne nous a pas fait oublier les incertitudes qu'elle soulève; et chacun la mine réjouie et le coeur triste est reparti dans son coin. Venus des Etats Unis, de Suède, du Danemark, de toute la France, et pour rien au monde, ils auraient raté le rendez-vous de la fraternité organisé par l'ABEO sur le domaine du Grand Saint-Jean, à deux pas d'Aix en Provence.

La bienséance a coutume de marquer d'une pierre blanche un évènement hors du commun, mais pour nous, enfants de Bab el Oued, nous l'avons marqué hier 12 juin 2011, d'une anisette blanche avec une kémia gargantuesque assortie d'un succulent beignet arabe de chez Blanchette.

A vrai dire, on ne se réunit pas pour parler du présent( force est de constater qu'il est derrière nous), mais pour faire revivre une culture aujourd'hui en voie de disparition. Cette culture est née vers les années 1840 à cause d'une bande d'inconscients ( des malades ou des désespérés) émigrant de leur pays en terre d'Algérie pour assurer une vie meilleure à leur famille.

Arrivés sur le port d'Alger, un baluchon sur le dos, ils partirent à pieds sous un soleil de plomb, longeant le Cassour et la mer, et remontèrent l'Oued M'Kacel jusqu'au carrières Jaubert. A la pioche, il découpèrent les pierres sur les à-pics qui dominaient le paysage désertique; et les maçons de Valence et de Lombardie construisirent une à une les maisons qui donnèrent naissance à Bab el Oued. Comme les bénévoles de l'ABEO aujourd'hui,nos aïeux, pour relever le défi, devaient être " Badjoc ou caboute ".

La main d'oeuvre locale arrivait de la Casbah, les commerçants juifs de la rue de Lire où ils étaient installés depuis des lustres, les Espagnols, les Italiens, les Maltais et les ruinés ou pestiférés dont la France se débarrassait, passaient par le port d'Alger. Petit à petit, un peuple de condition modeste apprenait à vivre ensemble. La diversité créait une dynamique que personne n'avait soupçonnée. Tous si différents affirmaient leur identité ainsi : " Je suis de Bab el Oued ". Il suffisait d'entendre l'appel des élèves en classe chaque matin par le maître d'école, pour savoir que le quartier était unique en son genre. Jusqu'à créer une langue de chez nous : le pataouète. Les substantifs et les qualificatifs utilisés par Lyas, Momo ou le docteur Abisserour et quelques autres défenseurs de cette culture arabo-juive-chrétienne, nous l'ont rappelé jusqu'à leur mort.( Zarma, falso, zoubia, tchalef, morteguidamourte, falampo, gabatcho, soua soua...)

Il a fallu plusieurs générations pour que ce patrimoine existe et quelques minutes pour décider qu'il n'existerait plus.

La vie nous commande à prendre les choses comme elles viennent; et faire la part de ces choses nous aide à relativiser l'important de ce qui est anecdotique. Tiens, puisqu'on est entre gens de bonne compagnie, hier, il y avait de l'anecdotique dans les remarques désobligeantes faites à nos bénévoles qui encaissaient les 4 euros du parking. A ceux-là j'ai envie de les appeler à plus de retenue, car leurs remarques déplacées peuvent contrarier la générosité et l'altruisme de ceux qui ont travailler durement plusieurs jours pour nous offrir une journée magnifique avec 6 toilettes entretenues heure par heure par de courtoises jeunes filles qui n'avaient pas vingt ans, un poste de secours, une équipe de pompiers, des stands de nourriture, une buvette, une piste de danse avec DJ, une décoration avec les noms de rues de BEO, des tables, des chaises, les trois horloges reconstituées plus vraies que nature. De plus, ceux qui avaient installé tout ça la veille, sont restés seuls jusqu'à 23 h pour tout débarrasser y compris les sacs poubelles et les ordures laissées par ceux qui ont critiqué le prix du parking. Alors je dis solennellement à ceux-là ne poussaient pas le bouchon trop loin; les bénévoles ne peuvent pas en plus des efforts surhumains consentis à leur âge de Papy,payer en plus cette organisation de leur poche pour satisfaire une bande de profiteurs.

Soutenons le Président René Sanchez et toute son équipe pour que l'ABEO puisse entretenir la flamme de fierté de nos aïeux qui ont bâti Bab el Oued.

A l'année prochaine! Et si l'on n'est pas plus, que le Dieu des Trois Livres, fasse que l'on ne soit pas moins.

André Trives ( J'adhère à l'ABEO depuis presque 30 ans afin que notre association de fraternité puisse survivre et transmettre la vérité sur nos aïeux pour qu'ils ne soient pas mort pour rien. Il devient insupportable que des personnalités colportent aujourd'hui encore à l'égard du petit peuple de Bab el Oued l'absurde qualificatif de colon )

Heriette DUCOS

Le : 13/06/2011 13:48

Tout au long de l'année ,nous l'avons dans un petit coin de la tête cette journée de Rognes les mois passent plus ou moins bons avec ses lots de bonheurs et de malheurs et puis ce jour tant attendu approche alors ont se met en effervescence la cuisine ressemble à celle de nos Mamans ,cocas ,sardines escabetches , salades de toutes sortes ,mounas ,gâteaux arabes , quel bel hommage que nous leur rendons ce jour là plus que d'autres elles là sont tout près de nous , nous guidant dans leurs manières de faire et toujours au ( pif ) de toutes ces préparations et la voilà cette journée du 12 juin ,chargement des voitures et départ de toutes parts une direction Rognes ,nous y sommes . L'accueil est chaleureux déjà les embrassades au parkings commencent ,l'emplacement à peu près toujours le même ,c'est parti pour une superbe journée ,retrouvailles ,émotion peine pour ceux qui ne sont plus ou ceux qui ne seront plus ,réconfort ,et puis et surtout joie rire encore et encore la piste de danse ne désemplit pas les chanteurs sont au top l'ambiance est bien celle de Bab el Oued ,mais déjà l'heure de se quitter approche le coeur un peu serré nous nous disons au revoir nous nous faisons bises sur bises ,la vie reprend ses droits chacun reprend le chemin de son domicile en se promettant d'y être l'année prochaine ou au 15 août à Carnoux ,ce fut vraiment un beau moment d'amour Familial ,Amical l'air de Rognes gardera notre parfum ,un parfum de la bas ,merci aux organisateurs à Christian et sa charmante épouse ,qui ont maintenant la charge de mettre en ligne toutes les photos qui vont affluer

Robert VOIRIN

Le : 08/06/2011 17:55

JE ME REVOIS ( version modifiée )

Tu m'es réapparu Alger en ces temps heureux

qui n'étaient pas encore le moment des adieux

ni celui des regrets, ni celui de la souffrance,

ni celui du désespoir, c'était celui de l'espérance.

Je me revois encore présent dans ces innoubiables scènes

et dans toutes ces belles images qui me reviennent,

je me dis alors que " le vrai paradis est celui qu'on a perdu ",

c'est vrai, il est en plus tout ce que l'on a simplement vécu.

Et comme tout se bouscule dans ma mémoire,

ce sont mille petits détails et grandes histoires

qui ressurgissent comme ramenés par un vent

bienfaiteur qui efface les caprices de l'usure du temps.

Je me revois sillonner Alger de tous côtés,

allant même bien loin au delà de sa superbe baie

dans tous ces lieux aux noms pour moi si familiers

mais aussi tellement évocateurs de ce qui a été notre passé.

Je me revois taper le bain à la plage des Deux Moulins,

fêter Pâques à Sidi Ferruch, courir au stade des Tagarins,

admirer le panorama au boulevard Bru, rêvasser au jardin Marengo,

m'amuser aux Bains Sportifs, me prélasser aux Deux Chameaux,

je me revois dévaler le Frais Vallon, grimper à Bouzaréah,

descendre le Parc de Galland, méditer longuement à Tipaza,

me rafraîchir à la cascade de Bérard, musarder à la forêt de Baïnem,

m'allonger sur les sables d'or de Zéralda, me promener à Birkadem,

vadrouiller au square Laferrière, aller jusqu'au Gué de Constantine

marcher jusqu' à Air de France, déambuler dans le quartier de la Marine,

remonter le Ravin de la Femme Sauvage, me régaler à Fort de l'Eau,

je me revois nager à la Madrague, tourner dans les tournants Rovigo,

faire le tour du Cap Matifou, visiter le Tombeau de la Chrétienne,

arpenter le boulevard du Télémly, assister au match Gallia- Saint Eugène,

me faire dorer aux Bains Romains, traîner dans la rue Michelet,

voir l'aquarium à Castiglione, flâner dans les allées du Jardin d'Essai,

m'asseoir sur un banc au square Bresson, me perdre dans la Casbah,

je me revois me recueillir à Notre Dame d'Afrique, bronzer à Aïn Taya,

traverser la place du Gouvernement, longer le boulevard Pitolet,

filer à la Pointe Pescade, passer sous les voûtes de l'Amirauté,

piquer un plongeon au Petit Bassin, passer un dimanche à Koléa,

et pourquoi pas me rendre à Chéragas par la traverse , mais ça...

Bon, je souffle un peu, et voilà que je repars plein de gaieté,

je me revois alors marcher vers les Trois Horloges les yeux fermés,

ça y est je suis arrivé enfin dans Bab El Oued, mon beau quartier.

Je m'arrête ici car c'est chez moi, et c'est la fin de ma grande randonnée,

et si un jour l'envie de retrouver tous ces bons moments me reprenait

je ferai tout pour me les remémorer malgré le poids des années,

je laisserai alors ma pensée vagabonder avec un grand plaisir

parmi tous ces endroits aussi longtemps que je pourrai m'en souvenir.

Robert Voirin

Robert VOIRIN

Le : 07/06/2011 21:43

LE CŒUR SUR LA MAIN

Il y a près de cinquante ans la main du destin avait frappé, pourtant pour se tirer d’affaire on aurait donné sa main à couper, malheureusement la situation s’était tellement dégradée de longue main et de plus notre vérité avait été balayée d’un revers de la main par ceux qui en sous main ne s’étaient pas gênés pour solder notre pays

en agissant comme des hommes de main prêts à briser notre vie. Pas besoin de lire les lignes de la main pour connaître notre sort, c’est pas parce qu’on nous avait lié les mains que l’on avait tort, ils nous arrachaient des mains tout ce qui représentait notre Histoire et ils ne sont pas allés de main morte pour anéantir nos espoirs. Une fois partis on a cru compter sur une politique de la main tendue, mais ils n‘ont pas donné de coups de main quand on s’est sentis perdus, notre désarroi ils n’ont pas hésité à le balayer d’un revers de la main, tout en se lavant les mains des drames vécus pas certains. A ce moment on s’est retrouvés une main devant une main derrière, on aurait voulu qu’on nous donne la main pour sortir de cette galère, pourtant on avait essayé de ne pas se tordre les mains de tristesse même si on faisait des pieds et des mains pour oublier notre détresse. Alors on s’est dit qu’il fallait mettre la main à la pâte pour trouver notre chemin,

comme on n’avait pas un poils dans la main on devait travailler à tour de main, pour arriver à cela il fallait prendre son courage à deux mains en espérant qu’un jour peut être on allait pouvoir se frotter les mains. On devait empoigner à pleines mains les difficultés pour s’en sortir, et là on a eu le sentiment de devoir gagner haut la main notre pari sur l’avenir, c’était pas la peine de nous forcer la main pour arriver à notre but surtout que c’est avec le cœur sur la main qu’on a continué notre lutte. Ce pays qu‘on avait quitté et laissé clefs en mains comment l’oublier , même la main de Dieu n’a pas été assez forte pour nous empêcher d’y penser.

Robert Voirin

Séraphin PONS

Le : 04/06/2011 10:27

Nous voici donc à 8 jours de ce rassemblement tant attendu par tous les babelouediennes et babelouediens. Malheureusement des obligations familliales font que je ne pourrais être des votres, c'est pour cela que je vous écris ce petit texte.

Si je vous disais que le quartier auquel j'appartiens, est un quartier populaire, que ce quartier à lui seul forme une grande famille.

Si j'ajoutais que les femmes et les hommes qui le composent se reconnaissent de diverses origines, mais tous issus de ce même quartier ayant forgé un lien indissociable, vous continuez d'en douter, mais si je précisais que le creuset qui a créée ce quartier, cette famille, était l'amitié, la fraternité, la cohabitation, entre Alain, Sydney, Ali, chacun sa religion, sa fête, mais tous unis avec un idéal la convivialité, des convictions.

Vous comprendrez que je veux parler de ce magnifique quartier, et de cette grande famille de BAB EL OUED.

Alors enfants de Bab el oued le jour des retrouvailles est arrivé.

Entre nous, soeurs et fréres, l'étendard pieds noirs va s'élever

Entendez-vous dans cette campagne, mugir ces cris de joie, ces rires de bonheur, ces pleurs, devant ces retrouvailles tant attendues.

Aux armes, aux cabasettes, formons nos rues, posons nos tables avec soubressades, cocas, boutifars dans nos assiettes, sans oublier l'anisette dans nos verres.

Marchons, marchons tous ensemble, formons peuple de Bab el oued notre bataillon, et si quelqu'un venait à toucher à notre rassemblement, nous serions là pour mourrir à ses pieds.

Ce 12 juin, ayons une pensée pour nos soeurs et frères qui nous ont quitté et qui vont nous manquer, ils auront toujours une place dans nos coeurs et nos pensées, qu'ils reposent en paix, "salut mon frére JACKY".

Je vous souhaite à vous toutes et tous une trés belle et bonne journée avec une pensée particuliére à ceux de la cité des vieux moulins

Robert VOIRIN

Le : 29/05/2011 18:44

MOTS DE TETE

Aïe aïe aïe y a près de cinquante ans on venait de " prendre un coup sur la tête ",

c'est sur qu'à cette époque à de vrai on avait pas la " tête à faire la fête ",

y en avait des " grosses têtes " qui avaient décidé de nous abandonner,

ils voulaient les calamars nous faire " perdre la tête " et nous voir sombrer.

Depuis longtemps ces falsos ils avaient " quelque chose en tête " c'était sur,

profitant de la situation ils nous poussaient à " taper la tête contre les murs "

mais comme on était pas des bourricots on allait pas " baisser la tête "

et quand la bafane nous a emporté on a essayé de " garder toute notre tête ".

On se tenait " la tête haute " mais on a du partir fissa sans se retourner,

purée de baouel on a " sorti la tête de l'eau" bien qu'on ait été trompés,

grace à Dieu merci mon Dieu on avait encore " la tête sur les épaules ",

et pour pas perdre la fugure on devait la " relever la tête " ma parole .

C'était pas le moment de nous " chercher des poux dans la tête ",

même si la baraka elle nous avait quitté on était pas " tombés sur la tête ",

ils avaient " la tête qui enflait comme une pastèque " ceux qui nous rejetaient

et même si nos " têtes ne leur revenaient pas " on allait pas se faire drobzer.

Malgré le coup de tmeniek qu'on avait reçu " en pleine tête ",

et parce que nous autres on avait pas que des " blis blis dans la tête "

on a montré à ces falempos qu'on avait pas " la tête comme une passoire ",

bessif qu'on allait leur crier " à tue tête " ce qu'était notre longue et belle Histoire.

Robert Voirin

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